… you never go back, ce qui pourrait se traduire trivialement par  » une fois qu’on a testé un Black, on ne veut plus d’autre chose « . Certes, l’expression est plutôt utilisée pour qualifier des prestations nettement moins élégantes que celles des créateurs ayant dessiné le vestiaire du printemps-été prochain, à découvrir au fil de ces pages. Et elle témoigne indéniablement d’une certaine forfanterie, qu’on nous pardonnera, tant le pari de lancer nos éditions Black était osé… et pourtant largement gagné. Il y a cinq ans, alors que la crise de la presse écrite était déjà une réalité, nous prenions en effet le contre-pied de l’information immédiate, calibrée pour concurrencer Internet, en vous proposant huit fois par an une version  » extra  » de votre Vif Weekend. Soit des magazines thématiques, à la pagination augmentée, imprimés sur papier mat plus épais, misant sur l’analyse en profondeur mais aussi sur le plaisir de lecture.

Quant à leur nom, c’est un peu à vous que nous le devons, chers lecteurs. Car en 2011, une enquête menée auprès de nos abonnés avait révélé que la couleur qu’ils associaient spontanément au luxe était le noir, plus que l’or, sans doute trop bling. A l’heure où nous fêtons cet anniversaire avec vous (1), vous restez fidèles à vos convictions non ostentatoires : non seulement vous réitérez dans un récent sondage votre prédilection pour cette teinte dont Coco Chanel a fait l’étendard du chic, mais vous y confirmez également que ce qui est réellement précieux, à vos yeux, c’est l’exclusivité… et le temps, denrée si rare quand tout doit sans cesse aller plus vite.

La mode et sa succession frénétique de collections – jusqu’à dix par an ! – sont, à ce titre, révélatrices de l’époque. Mais quand la loi du marché réclame à la fois toujours plus de nouveauté et une cohérence absolue en termes d’image, exigeant des directeurs artistiques de rouler à un train d’enfer, les sorties de route sont parfois inévitables. Avant d’arriver au sinistre total façon John Galliano, certains osent cependant se mettre en roue libre. S’il a été particulièrement médiatisé, le départ de Raf Simons de chez Dior, en octobre dernier, est loin d’être un exemple isolé. Plusieurs stylistes ont d’emblée fait le choix d’avancer à leur rythme. L’Américain Jesse Kamm limite ainsi volontairement sa production pour ne pas devoir bosser plus. Il faut compter trois semaines pour la réalisation d’une seule robe brodée signée Vita Kin, qui prévient sur son compte Instagram :  » Be patient.  » Le duo Marques’Almeida, lui, se dit  » très excité de revenir à quelque chose (…) où l’on sent la patte, la main, quelque chose de très tactile.  » Autant de belles preuves que l’on peut emprunter une autre voie que celle imposée par un secteur… et ne plus jamais vouloir revenir en arrière.

(1) Dîners à la table des chefs étoilés, week-ends de rêve, rencontres inattendues… tout au long de l’année, chacune des éditions Black du Vif Weekend vous fera partager une expérience unique. Pour lancer les festivités, plein de cadeaux à gagner… et le chiffre 5 pour fil rouge de ce numéro.

DELPHINE KINDERMANS

QUAND ON EXIGE DES CRÉATEURS DE ROULER À UN TRAIN D’ENFER, LES SORTIES DE ROUTE SONT INÉVITABLES.

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