Barbara Witkowska Journaliste

Silhouettes total look black, mobilier sombre, parures empreintes de symbolique mystérieuse, séduction qui hausse le ton… Mode, déco et beauté explorent avec talent les ambiances ténébreuses du gothique chic.

E N DIRECT DES PODIUMS. En 2008, le mouvement gothique s’affiche en version chic, élégante et intello. Le noir défile, contrasté, parfois, de blanc, de rouge, de violet. Des chaînes à profusion et des collants rythmés de tracés géométriques dopent, chez Chanel (4.), des harmonies de noir mat, vernis et satiné. Chez Dior (2.), la silhouette noir de noir se prête avec beaucoup d’esprit au jeu troublant du masculin-féminin. Quant aux créations de Wolford (1.), elles intensifient le sex-appeal en mettant en point de mire des jambes élancées, des tailles de guêpe, des coupes près du corps, des jeux de l’opacité et de transparence, des applications en cuir, les fronces et les boutons.

LE RETOUR DU BODY. Pièce phare des années 1980, le body revient en force pour sublimer une féminité forte, expressive et glamour. Le modèle de Valentino pour Wolford(7.) surprend par un empiècement transparent dans le dos agrémenté d’un laçage sophistiqué et d’un gros n£ud dans le creux des reins. Les bodies de Giorgio Armani pour Wolford (8.), pour leur part, s’animent de graphismes raffinés dessinés par une très fine résille. En guest star de la nouvelle collection de Simone Pérèle (3.), le très sexy bustier noir  » Palace « , souligné de liserés blancs, affiche, lui, une profusion d’ornements : un motif floral en guipure et un tulle brodé de figures géométriques.

TALONS AIGUILLES SUPERSTARS. Côté accessoires, le métal réveille escarpins et bottines. Déjà classiques, les modèles  » Elisa  » et  » Theodora  » (photo) de Larare (5.) se hissent sur des semelles rigides en chrome noir sur plateau et sur des talons de 14 cm. Des chaînes, des boucles et des clous ajoutent une touche gothique dans les modèles  » Vera  » et  » Polly  » de la collection hiver 08-09. Epinglé chez Hermès (9.) : une sandale arborant un beau jeu d’empiècements et dont les deux boucles tiennent impeccablement le pied sur le talon de 10,5 cm. Hugo Boss Black (6.), quant à lui, revisite l’esprit gladiateur avec une sandale hivernale au ton ébène.

ACCESSOIRES ULTRANOIRS. Le créateur britannique Rowan Mersh (10.) imagineun nouveau vocabu-laire pour les tissus et les textiles. Des jerseys fins, des dentelles élastiques et des étoffes subtilement lamés enveloppent des sphères comme une seconde peau. Juxtaposées, agglutinées, agrémentées de plumes et de rubans, elles deviennent colliers ou broches. Un travail à la frontière de la mode, de la sculpture et du bijou, à faire succomber les fashonistas en quête du  » jamais vu « . Natalia Brilli (11.), elle, s’empare des objets les plus insolites et les plus incongrus. Une fois recouverts de cuir ultrafin et hypersouple, les clous ou les ossements divers se transforment en colliers ou en bracelets du plus bel effet. Les sacs, agrémentés de  » chapelets « , de cordes ou de pampilles, acquièrent un aspect obscur… Idéalement pour abriter tous les petits secrets de leur propriétaire. La tête de mort fait fureur dans… les minaudières. Celle de Natalia Brilli est noire (photo). Les designers de la marque Appartement à louer(13.) la recouvrent entièrement des cristaux de verre. L’un des hits de la saison, la montre  » My Watch  » de Zadig & Voltaire (12.) version tête de mort décline de nouvelles couleurs de cadran : blanc, noir ou rouge.

PARURES ROCK’N’ROLL. Les créateurs de bijoux et les joailliers empruntent à l’univers du rock’n’roll ses thèmes fétiches. La tête de mort s’invite aussi chez le joaillier parisien Lorenz Bäumer (5.) sur les boutons de manchettes et sur la bague en or blanc sertie de diamants noirs et blancs (photo). Elle est en vedette sur le bijou de GSM et sur les boutons de manchettes de Christofle (13.) et voisine avec le c£ur et l’épée ensanglantée dans le pendentif en argent de Thomas Sabo (9.). Le collier  » Occitane  » de Baccarat(14.) multiplie des perles en cristal façon chapelet, rythmées de croix en cristal noir. Pomellato(1.) introduit dans ses collections le jais, une matière organique d’un noir intense et d’une brillance soyeuse. Le pendentif  » Victoria Croce  » s’accroche à un collier de mailles souples et généreuses. Lalique (8.), enfin, conjugue ronces et épines en argent vieilli et cristal noir dans le collier  » Tempting Crystal  » (photo).

BLACK SEDUCTION. La magie du noir, c’est l’intensité. Avec lui, le regard gagne en mystère et en profondeur. Cela tombe bien, car l’£il charbonneux ou le smokey eye sera le hit absolu, ce tout prochain hiver.  » Noir-Lamé  » deChanel(2.) marie un fard solide et un fard scintillant. Le pinceau, légèrement mouillé, trace un trait net et précis au ras des cils. L’applicateur estompe, utilisé à sec, crée un effet flouté très moderne. On applaudit le professionnalisme de cet outil et sa facilité d’application. Le résultat est superbe. Bien, aussi, Ombre Stretch Intense Black de Bourjois (11.), avec sa texture élastique qui s’étire à merveille. On termine avec deux couches de Mascara Diorshow Black Out Waterproof de Dior(6.) dont les pigments d’un noir ultrasaturés donnent au regard une intensité extravagante. Etonnant, ce masque Black for Light de Givenchy (7.), d’un noir absolu, constellé de pépites lumineuses, contient des molécules high-tech qui amplifient la lumière réfléchie par la peau. Et qui dit plus de lumière, dit plus d’éclat.

DESIGN SOMBRE. La palme de l’originalité revient à Gilles Nouailhac(4.) et à son canapé  » Blouson Noir « ,  » piercé  » d’anneaux argentés. Pile-poil dans la tendance gothique. L’art décoratif liturgique a probablement inspiré Charles Rennie Mackintosh (15.) lorsqu’il a dessiné son célébrissime fauteuil  » Willow 1  » à haut dossier ajouré en frêne teinté noir. Il date de 1904 et est plus d’actualité que jamais. Le styliste américain Rick Owens (10.), lui, est un adepte de la transversalité. Il vient de concevoir, pour la galerie parisienne Jousse Entreprise, une ligne de mobilier sombre et massif, dont le fauteuil  » Stag Bench  » en Batipin est la pièce emblématique. Sa sobriété monacale est  » cassée  » par un spectaculaire bois d’élan. D’autres designers s’adonnent eux aussi à l’exercice de l’ultrasobriété imposante, avec des créations de couleur noire d’encre. Pour la collection  » Les Contemporains  » de Roche Bobois (3.), René Bouchara a imaginé la bibliothèque  » Flap « , un meuble XXL à la fois ergonomique, fonctionnel, monumental et un brin gothique. Le canapé  » Privé  » de Philippe Starck pour Cassina (12.) déploie de grandes surfaces matelassées, accompagnées de multiples coussins et accoudoirs. Toutes les positions y sont permises, de jour comme de nuit. Un endroit de rêve pour pratiquer la méditation en contemplant cette croix en bois brûlé sculpté par Jérôme Guime (16.).

Carnet d’adresses en page 40.

Barbara Witkowska

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