La Bretagne et la Belgique sont à plus de 500 kilomètres de distance. Il n’empêche, la marque hype Le Mont St Michel et notre plat pays entretiennent des relations évidentes. Revue de détails.

Ce n’est pas parce qu’une griffe se nomme Le Mont St Michel qu’elle doit irrémédiablement se limiter à dessiner et vendre des marinières, cabans bretons et bérets couleur marine. Ce n’est pas non plus parce que son appellation jouit d’une grande connotation géographique, que sa sphère d’influence doit se cantonner au Finistère. Il suffit de se rendre dans le fief de cette jeune maison tendance, de déguster douze huîtres plates de Belon et une tarte aux pommes normande à tomber par terre, le tout avec le fameux mont pour toile de fondà Et puis de discuter le coup avec Marie et Alexandre Milan, le couple qui se cache derrière cette marque qui n’a rien à envier aux Filippa K, Acné, See by Chloé ou autres griffes du moment au caractère bien trempé, pour repérer immédiatement les nombreuses connexions entre Le Mont St Michel et la Belgique.

Des ancêtres au Nord

La société Mont St Michel n’a pas toujours eu ses quartiers en Bretagne. C’est à Saint-Omer, dans le Pas- de-Calais, que l’arrière-grand-mère d’Alexandre Milan fonde les Tricotages de l’Aa, une entreprise familiale spécialisée dans la confection de pulls, gilets et robes en lainage.  » La Belgique a toujours été pour nous une région voisine, plus qu’un pays, confie l’arrière-petit-fils, à l’aise dans son cardigan bleu roi (Le Mont St Michel, faut-il le préciser ?) et ses baskets Hogan. Ma famille s’y rendait très souvent. Il lui arrivait régulièrement de passer la frontière, pour aller manger un morceau. Mon père allait par exemple acheter du café en Belgique pendant la Seconde Guerre mondiale, parce qu’on n’en trouvait pas en France.  » A 25 ans, ce père motive toute sa famille à déménager. Direction : une magnifique propriété, située à quelques galets du Mont-Saint-Michel.

très rock, très belge

Né au milieu des bobines de tricot, Alexandre Milan rejoint naturellement l’atelier familial. Ses mailles séduisent Agnès b., Vanessa Bruno, Joseph, Isabel Marant, Chloé, Paul & Joeà Autant de collaborations qui influencent le jeune homme. Le voilà qui se passionne pour des articles plus pointus, et saisit sa chance en 2001, en rachetant et relançant une marque endormie fondée en 1913, Le Mont St Michel. Il conçoit un style féminin tradi-branché, un brin irrévérencieux, qui s’appuie sur le patrimoine et l’expérience irréprochable des Tricotages de l’Aa.  » Notre maison véhicule des valeurs frenchy très traditionnelles, expliquent Marie et Alexandre Milan. Il était donc important de la bouleverser, de la rajeunir avec une créativité et des influences très actuelles.  » Le couple repère le travail photographique du belge Alex Salinas, et lui confie la réalisation des visuels de ses dernières collections.  » Alex possède un £il très rock’n’roll, une vision moderne et instantanée de l’habillement.  » De la rencontre entre ces deux univers naît un décalage, forcément riche.

En route vers le plat pays

Après avoir exporté leur griffe au Japon – un pays toujours très friand dès qu’il s’agit de modèles bénéficiant d’une identité forte -, les deux têtes pensantes du Mont St Michel s’attaquent au marché européen. La Belgique est la première à témoigner son intérêt. Deux boutiques, à Knokke et Gand, acceptent de vendre leurs collections. Depuis lors, on trouve également la marque à Bruxelles (chez Balthazar) et à Anvers (chez Baby Beluga et Step By Step).  » Mes parents avaient eux aussi des clients en Belgique, confie Alexandre Milan. Ils m’emmenaient avec eux, lors de leurs visites. J’y suis allé bien plus souvent que dans les régions situées au sud de la France ! La Belgique a toujours été un pays où l’on consomme beaucoup de tricot et de maille. Il était donc pour nous assez naturel d’y prospecter des clients intéressés par Le Mont St Michel. « 

Das Pop ambassadeur

Mordu de musique pop rock, c’est tout naturellement dans cet univers qu’Alexandre Milan puise son inspiration.  » J’ai grandi avec les Smiths et les Cure, notamment, détaille celui qui a accroché un autographe de la jeune chanteuse Izia au mur de son bureau. On travaille en écoutant les dernières nouveautés, des Arctic Monkeys aux Yeah Yeah Yeahs. « 

Sa rencontre avec Bent Van Looy, le chanteur du groupe Das Pop, via des amis communs, ne pouvait dès lors pas rester lettre morte. Les deux hommes s’apprécient, se revoient. Affectionnent l’esthétisme pictural des bandes dessinées Tintin. Goûtent, jusqu’à des heures indues, à tous les calvados de La Mère Poulard, le restaurant gastronomique du Mont-Saint-Michel. Progressivement s’immisce dans leurs esprits l’envie de collaborer autour d’un projet commun associant leurs talents. L’idée d’une collection Homme est justement dans les cartons. Le groupe belge sera de la partie. Et deviendra même l’égérie de ce projet.

 » Nous avons fourni un support technique, des idées, informe Alexandre Milan. Les Das Pop, eux sont venus avec leurs envies, leur perception de la mode.  » Les artistes ont fouillé les archives de la marque, à la recherche de vieux motifs vintage. Un résultat très dans l’air du temps, dont le deuxième exercice est à découvrir dans la collection Homme automne hiver 10-11.  » Ce n’est pas une rencontre marketing, insiste le fondateur de Mont St Michel. Nous nous intéressons vraiment au travail de l’autre. Nous tenons Bent au courant de nos récentes créations en maille ; lui a envie de nous parler de ses dernières chansonsà « 

Par Catherine Pleeck

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