En Belgique, Natan est une institution. Si elle réalise la plus grande partie de ses ventes avec son prêt-à-porter, la marque a aussi développé une ligne Couture, plus pointue. Une manière de se positionner sur le marché et d’affirmer son identité. Bienvenue dans les coulisses d’un shooting forcément exclusif.

Fin juin 2015. Le jour pointe à peine. Nous sommes dans un parking couvert du centre de Bruxelles, au onzième étage. Aujourd’hui, les lieux accueillent un shooting pour la collection Couture de la marque belge Natan. Le patron de cette maison, Edouard Vermeulen, n’est pas encore là. Il arrivera 1 h 30 plus tard, lorsque son équipe aura transformé l’espace désert en studio improvisé, sous la direction de son bras droit, Gloria Barudy Vasquez. Près de trente looks sont déballés et suspendus sur tringles. Des accessoires sont étalés, parmi lesquels des chaussures d’autres labels.  » Il n’a pas été facile d’en trouver, les nôtres sont trop commerciales pour cette ligne « , avouera le créateur.

Pendant que la photographe Merel ‘t Hart installe, avec son assistante, des fonds bleu et rose, devant un mur en brique, Egle Jezepcikaite, une top lituanienne blonde de 20 ans, passe entre les mains de la visagiste Vera Dierckx. Derrière elle, des clichés du make-up désiré sont rassemblés sur un moodboard : peau naturelle, brillante… et queue-de-cheval en bataille. Cette coiffure suscite le débat : les uns la trouvent trop brouillon, les autres pas assez. Certains verraient bien quelques mèches en liberté sur le front, d’autres préféreraient un style plus lisse. Après deux heures de discussion, un compromis  » à la belge  » est trouvé : les cheveux sont remanipulés pour une version plus lâche, plus accessible, qui tranche bien avec la coupe stricte de la tenue. C’est aussi le thème de la séance.  » Nous allons réaliser deux types d’images, explique Gloria Barudy Vasquez. Elles seront ensuite combinées pour former une seule campagne. D’un côté, des photos sur fond coloré et de l’autre des prises de vue avec le parking en arrière-plan. Monsieur Vermeulen voulait jouer avec le contraste entre le raffinement de la collection et le côté brut de l’environnement.  »

EN VITRINE

Vers 10 h 15, la tête pensante de la griffe arrive sur les lieux. Comme tout est prêt, il peut aussitôt passer en revue, avec la styliste, les ensembles qu’elle a composés et photographiés à l’avance. Le couturier modifie quelques silhouettes, adapte l’un ou l’autre accessoire et supprime le plus de noir possible.  » Natan est synonyme de couleur. Moins il y a de noir, mieux c’est. J’aime le nude, que nous combinons avec des tons plus vifs. Ainsi, dans cette collection, nous avons travaillé avec le corail, l’orange, beaucoup de bleu pétrole et de bleu foncé.  » Caroline Van Thillo, conseillère en style, donne également son avis.  » Il est toujours bon de bénéficier d’un regard extérieur et frais, souligne Edouard Vermeulen. Parfois, on a tellement le nez sur son travail qu’on en perd la vision globale.  » Elle saisit aussitôt une veste rose vif accrochée au portant.  » La teinte et la coupe sont formidables, s’enthousiasme-t-elle. Je n’hésiterais pas à la porter.  »  » Avec cette gamme Couture, nous pouvons expérimenter davantage parce qu’il ne s’agit pas d’une collection commerciale, explique le couturier. Notre prêt-à-porter est plus classique, car il génère près de 70 % de notre chiffre d’affaires. Mais le volet Couture est très important pour notre image. C’est notre ADN. Nous mettons souvent ces pièces dans nos vitrines, car elles attirent directement l’attention. Tout le monde ne se voit pas porter un de ces « eyecatchers », mais cela donne envie de découvrir les autres trésors que recèle le magasin. Et cela suffit.  »

A midi enfin, la première photo est prise, avec plus d’une heure de retard. D’abord devant un fond rose et ensuite – dans la même tenue couleur crème – au fil des allées du parking.  » Il faudrait accélérer un peu le rythme « , soupire le patron de Natan. Il reste au moins vingt silhouettes à mettre en boîte. La journée s’annonce longue…

PAR ELLEN DE WOLF / PHOTOS : GUY KOKKEN

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