Pascale Clark: » Tout a été dit en matière d’amour. «
Vous vous êtes fait un nom à partir d’une revue de presse sur France Inter. C’est une formule pour le moins curieuse d’accéder à la notoriété.
La notoriété n’est pas mon obsession. Je fais de la radio depuis quinze ans. Précédemment, je me cantonnais dans des choses plus confidentielles. J’ai fonctionné une saison dans une radio parisienne qui a très peu d’auditeurs, mais ça ne me gênait pas: je ne travaille pas au poids. Je manifeste surtout de l’intérêt pour la nouveauté et je veux pratiquer mon métier dans la plus grande liberté.
Vous exprimez volontiers votre opposition à la pensée unique. Vous êtes donc contre la fidélité dans le couple ?
Je suis contre tout ce qui est dogmatique, ce qui repose sur un arsenal de règles, surtout si cela touche au domaine des sentiments, où il n’y a que des cas particuliers. Le couple ? En matière de rencontres, je fonctionne en dents de scie. Vu que je sors du couvent des oiseaux, je suis une aventurière.
Une de vos héroïnes estime que l’amour ne progresse pas beaucoup à travers les âges. Vous parlez même de régression.
C’est frappant. Tout a été dit, analysé, en matière d’amour. Cela fonctionne toujours sur les mêmes ressorts. La nature humaine n’évolue pas tellement; elle est soumise à des cycles avec, périodiquement, des retours de bâton. Voyez la vie amoureuse des Romains: ils ne s’ennuyaient pas. Avons-nous fait mieux ?
Mettez-vous en équation la peur d’aimer ? Internet en est-il la manifestation moderne ?
La référence à la peur d’aimer émane de l’éditeur. Je ne la reprends pas à mon compte. Les clubs, les petites annonces et le recours à Internet n’impliquent pas la peur d’aimer mais traduisent au contraire une grande envie de rencontrer l’autre. Mes héroïnes éprouvent cela avec trois sensibilités différentes, parfois même dans une manière d’incompréhension.
Pour être remarquée, il faut se faire remarquer ou être remarquable ?
Il faut surtout être soi-même; cela autorise des libertés. Je suis convaincue que l’authenticité est une carte à jouer, dans ce monde de faux-semblants. Ma revue de presse est un espace de liberté et comme telle, très protégée par la direction de France Inter.
A la fin du roman, vous citez les 3 M: Morcheeba, Murat, Massive Attack. C’est votre nirvana musical ?
Je les remercie » pour la bande-son « , parce que je les ai beaucoup écoutés en écrivant. Je les apprécie, c’est sûr, mais j’aime aussi les Rita Mitsouko, Miossec et un groupe belge: Hooverphonic
Pour créer les héroïnes, vous vous êtes inspirée de filles qui vous sont proches. N’est-ce pas un manque d’imagination ?
C’est plus compliqué. Il est vrai que j’ai pensé à certaines personnes, mais il arrive un moment où les personnages vivent leur vie, vous échappent, vous imposent leurs vues. Une force mystérieuse prend les commandes. C’est une expérience très étonnante. J’avais entendu des auteurs le dire, mais je ne comprenais pas.
Quelles sont vos premières fois les plus inoubliables ?
Là il faut que je réfléchisse … Le premier baiser à la maternelle … La première fois que j’ai dormi avec un garçon. Oui vous entendez bien: dormi et rien d’autre. Je n’ai pas fermé l’oeil; dormir avec quelqu’un est bien plus intime que faire l’amour. Le premier livre ? J’ai ressenti 10 minutes de bonheur quand je l’ai vu.
Propos recueillis par Marc Emile BARONHEID
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