Le théâtre du Parc à Bruxelles revisite deux textes de Jules Renard ou bonheur et malheur se succèdent. Entretien avec Patricia Houyoux qui signe la mise en scène de ce spectacle en deux temps.

Ce spectacle comprend deux pièces. Quels en sont les thèmes ?

Il s’agit de deux pièces courtes de Jules Renard.  » Pain de ménage  » raconte l’histoire de Marthe et Pierre, très attirés l’un par l’autre mais par ailleurs mariés ! Lors d’un voyage, ils se retrouvent seuls. Naît alors un grand trouble et une conversation à propos de l’amour. Va-t-il se passer quelque chose ou non ? Et il ne se passe rien car tous deux se rendent compte qu’ils sont suffisamment heureux – ou suffisamment  » pas malheureux  » – dans leurs ménages respectifs pour ne pas prendre le risque de tout casser. Quant à  » Poil de Carotte « , il s’agit non pas du roman mais bien de la pièce en un acte qu’en a tiré Jules Renard lui-même. L’histoire d’un jeune adolescent malheureux de ne pas être aimé par sa mère. Lorsque Annette, une domestique, est engagée à la maison, elle découvre cela et suscite une conversation très importante entre Poil de Carotte et son père, plutôt absent.

Vous parlez de bonheur d’abord, de malheur ensuite…

Les deux histoires se basent sur le sentiment de frustration, à l’image de Jules Renard lui-même, heureux avec son épouse mais éternel nostalgique d’une passion qu’il n’aura jamais connue. Frustré aussi de la mauvaise relation qu’il a eue avec son père. Mais alors que du (relatif) bonheur de Marthe et Pierre peuvent naître des sentiments de joie, de la situation malheureuse de Poil de Carotte ne naît que du malheur. Le fait que les mêmes comédiens – Yves Claessens et Stéphane Excoffier – interprètent tour à tour le couple  » d’amants  » et les parents de Poil de Carotte montre cette opposition énorme.

Les histoires se passent en 1900, en Bourgogne. A-t-il été facile de les transposer en 2006 ?

J’ai voulu conserver l’époque de Jules Renard pour que les spectateurs eux-mêmes la rapprochent de la nôtre et se dise :  » Si cela m’arrivait aujourd’hui, je fais quoi ?  » On a l’impression qu’il est plus facile aujourd’hui de quitter son conjoint. Socialement, peut-être. Mais intimement, je pense que ce n’ai pas plus aisé qu’auparavant. Quant aux enfants non aimés, le parallélisme existe bien évidemment avec notre époque.

Du 2 au 31 mars prochain,

Théâtre du Parc, à 1000 Bruxelles. Tél. : 02 505 30 30.

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