Architecte d’une partie de la Grande Arche

de la Défense à Paris et, plus récemment,

de l’opéra de Pékin, le Français Paul Andreu se lance aujourd’hui dans le design et imagine un packaging exclusif pour le cognac Martell XO.

Entre ce coffret de bouteille et les bâtiments que vous concevez, vous passez de XXS à XXL ? Quelle est votre préférence ?

Tout ça relève d’un même désir de création. Jeune, je n’ai jamais pensé que j’allais réaliser de grandes choses et gérer des projets d’une telle envergure. Et puis, la vie m’a amené à le faire et j’y ai pris plaisir. Mais, pour moi, la solitude d’écrire seul au milieu de la nuit est également précieuse. Et imaginer un écrin pour une bouteille est tout aussi important.

Vous êtes davantage Paris ou Pékin ?

Je suis né à Bordeaux et je reste Français, sans hésitation.

Gaudi ou Le Corbusier ?

Gaudi, un homme extraordinaire.

L’ordinateur ou le crayon ?

J’ai appris à me servir du premier mais il ne me convient pas car il empêche de faire des erreurs. Avec le crayon, la main va parfois plus vite que la tête. Et de là peut naître des choses merveilleuses.

Le matériau qui vous séduit ?

Il y a quelques années, j’aurais répondu le béton. C’est le matériau de notre culture. Mais j’ai aussi beaucoup utilisé le verre et le métal, qui sont également des matériaux essentiels. En revanche, je ne comprends pas que l’on doive mettre de la pierredans un projet, simplement parce qu’un vieux bâtiment est à proximité. On ne fait qu’imiter l’ancien. C’est de la dissimulation. Et je n’aime pas cela.

Le lieu qui vous inspire ?

Les rives de la Garonne. Entre autresà

Et le bâtiment ?

J’aime les bâtiments forts et primitifs, comme la cathédrale d’Albi. Je me méfie de ce qui n’est qu’élégant.

Vous avez réalisé de nombreux aéroports. Dans lequel pourriez-vous dormir une nuit ?

Disons celui conçu par un confrère, Norman Foster, à Hong Kong.

Votre rêve d’enfantà

Fabriquer des moteurs et les faire tourner.

Votre rêve d’adulteà

Je n’ai jamais vraiment désiré qu’il m’arrive telle ou telle chose. Tout ce que j’ai vécu dans ma vie, c’est grâce à mon travail, mais aussi à la chance. Je trouve qu’il ne faut pas avoir un rêve de carrière trop figé. De cette manière, si nos désirs sont comblés, c’est formidable ; mais s’ils ne le sont pas, on n’a pas raté sa vie pour autant.

Le compliment qui vous touche ?

Lorsque l’on me dit que ce que je fais est vraià

Votre plus grande déception ?

Ne pas être un grand mathématicienà en même temps !

Votre plus grande fierté ?

Avoir réalisé l’opéra de Pékin. Ce fut une aventure longue, difficile, dans un pays particulier où les gens sont d’une grande exigence. Cela a duré dix ans et j’ai réellement pu mettre la main à la pâte, en gravant par exemple des plaques de cire pour mouler du bronze.

Le talent que vous aimeriez avoir ?

Ceux que j’ai, mais en mieux.

Vous ne pourriez pas vivre sansà

Créer et apprendre !

Une définition de l’architectureà

C’est la poésie de la construction.

PAR FANNY BOUVRY

Je me méfie de ce qui n’est qu’élégant.

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