Après le succès planétaire de L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux, l’auteur américain met ses pas dans ceux de Tom, un enfant esseulé qui se heurte à la vérité des siens et aux leurres hollywoodiens.

Quel genre d’enfant étiez-vous ?

Alors que ma mère et ma grand-mère étaient très expressives, mon père était plutôt muré dans le silence. Ce mélange m’a rendu très émotif.

Que vouliez-vous devenir ?

Acteur de cinéma. J’étais un passionné de westerns. Les Indiens, le danger et la lutte entre bons et méchants me fascinaient. J’ai beaucoup voyagé, mais je continue à aimer ces paysages en particulier.

Qui étaient vos héros ?

Charlton Heston, Peter O’Toole ou Alec Guinness. Les films Ben-Hur ou Lawrence d’Arabie me donnaient des frissons. Autre héros, mon professeur d’anglais. Il était dur et sadique, mais c’est lui qui m’a transmis la passion littéraire.

Vos héros d’aujourd’hui ?

Des auteurs comme Cormac McCarthy ou des hommes politiques comme Nelson Mandela ou Vaclav Havel. Des personnages qui ont fait preuve de courage.

Qu’est-ce que le courage ?

On dit aux petits garçons de ne pas pleurer, or si tout est intériorisé, ça donne des Blessures invisibles. J’admire les gens malades ou handicapés qui parviennent à rire et à être généreux malgré la douleur. Loin de s’apitoyer, il faut être plein de lumière…

Pourquoi les « blessures invisibles «  vous fascinent-elles ?

Le bonheur n’est pas intéressant en littérature. En quête de vérité, mes personnages se battent pour leur vie. Qu’est-ce que les blessures nous poussent à faire ? Les cacher peut nous dévorer, mais si on a le cran de se confier, on peut être surpris par la compréhension des autres.

Comment définissez-vous l’amour ?

Il a plusieurs visages… Celui qu’on porte à ses enfants peut nous mener au bout du monde. L’amour romantique est merveilleux, mais il est traître car la passion s’éteint. C’est alors qu’on découvre si on aime quelqu’un ou pas.

Et la culpabilité.

Certaines émotions sont destructrices. La culpabilité ou la jalousie ne mènent à rien, si ce n’est à la douleur, sauf si on les affronte en se remettant en question. C’est énorme de pouvoir pardonner.

Quand vous êtes-vous senti prisonnier ?

Quand ma vie a basculé lorsque j’ai mangé des champignons vénéneux. Tous les deux jours, j’étais astreint à une dialyse de cinq heures, sans pouvoir bouger, comme si je n’étais plus relié à mon corps.

Et libre ?

Suite à cet empoisonnement, j’ai dû recevoir un rein. Mais je le serai véritablement quand ma femme et mon beau-frère (NDLR : qui ont mangé les mêmes champignons) bénéficieront d’une greffe. Ce n’est que lorsque nous serons tous guéris, que ce cauchemar prendra fin.

Quel est le plus beau don ?

Celui de la vie, que ma fille m’a rendue en me donnant un rein. Ce cadeau est inestimable, incroyable, extraordinaire. Depuis lors, je me sens obligé d’aider les autres. Ainsi, j’ai créé une fondation (1) pour encourager les gens à donner un rein, et cela de façon altruiste.

Les Blessures invisibles, par Nicholas Evans, Albin Michel, 390 pages. (1) www.giveakidney.org

KERENN ELKAÏM

LOIN DE S’APITOYER, IL FAUT ÊTRE PLEIN DE LUMIÈRE.

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