Motoneige, chiens de traîneaux et conduite sportive au nord de la Suède : la triple rando de la  » Saab ice experience  » offre un dépayse-ment chic pour les accrocs de la chaîne du froid.

La mutation se fait en douce. A une heure trente de vol de Stockholm, les habitations disparaissent peu à peu dans un invisible fondu enchaîné. A l’horizon, il ne reste plus la moindre bourgade ni la moindre trace de vie, juste du blanc, encore du blanc, qui recouvre des plaines étendues à l’infini, des forêts de bouleaux, alignés à perte de vue. C’est à cela que ressemble à la verticale la vaste région de Kiruna, à l’extrême nord de la Suède, en lisière du cercle arctique. Cela pourrait être monotone, c’est tout simplement subjuguant. Dans ce désert au relief minimal, où le ciel se strie parfois la nuit d’aurores boréales, ces nappes de cumulus multicolores, le voyageur a instantanément le sentiment d’atteindre une frontière ultime. Ce no man’s land septentrional est le cadre spectaculaire de la  » Saab Ice Experience  » que la marque de voiture scandinave organise deux fois par an durant trois jours. Entre initiation à la conduite sur neige et tourisme au grand air…

La ville de Kiruna est bien connue des vacanciers suédois. A partir de son petit aérodrome de campagne, c’est l’un des points de ralliement préférés des sportifs qui rejoignent, à quelques heures de route, les hauteurs du Kebnekaise, l’une des rares montagnes du royaume. Austère mais intrigante, la cité a de drôles d’allures de  » ghost town  » avec sa gigantesque mine de fer – la plus grande au monde – que l’on peut visiter par 500 mètres sous terre. Une étrange agglomération couleur de pierre d’où émergent parfois de jolies maisonnettes en bois en toit à double pente couleur framboise ou miel, dans la plus pure tradition scandinave. La principale église luthérienne, construite en 1912, a été élue en 2001 le plus bel édifice du pays. L’hôtel Vinterpalatset, lui aussi du début du siècle, est l’une de ces autres perles gustaviennes, du nom du roi de Suède et du style décoratif en vogue à la fin du XIXe siècle. Véritable maison de poupée, toute en bois, elle propose une vingtaine de chambres  » country corner « .

Jus d’airelle bouillant

L’intérêt majeur du voyage est pourtant ailleurs, du côté de la nature, stupéfiante. Car Kiruna est d’abord une commune grande comme la moitié de la Suisse où sévit l’hiver, le vrai, sept mois par an, avec des nuits congelées à -35 °C. Les balades en chiens de traîneaux font partie des divertissements très en vogue. Une version antique, écolo et distrayante du bobsleigh dont on aurait tort de nier le plaisir. Tractés par 8 ou 10 huskies inépuisables, les convois sillonnent les collines de Kiruna. Personne à moins de 5 kilomètres, un bonheur. De fait, l’infrastructure touristique, peu développée en comparaison avec la France ou l’Italie, a l’avantage d’offrir des paysages remarquablement préservés. Nettement plus  » punchy « , les randonnées en skidoos (motoneiges), particulièrement adaptés au relief alangui de la région, raviront les amateurs de sensations. Les organisateurs de ces escapades motorisées prennent soin de vous emmailloter dans une combi en Goretex, et de vous enfiler des gants épais comme des oreillers, mais à 90 km/h la cagoule et les lunettes de soudeur ne sont pas un luxe pour résister au froid. Enivrant. Scooter des poudreuses ou non, éloge de la vitesse ou pas, on coupe le moteur toutes les dix minutes pour contempler les panoramiques. 360 degrés de sérénité par – 20 °C. Une manière de goûter en avant programme aux joies polaires du  » Ice hôtel « , le fameux établissement entièrement sculpté dans la glace, sorte d’igloo géant surréaliste où les participants de la  » Saab Ice Experience  » passent leur première nuit dans un sac de couchage isotherme.

Le sens pratique n’étant pas la moindre des qualités des Suédois, ces balades polaires sont ponctuées d’étapes dans des  » guest houses  » originaux ; des tipis chauffés au feu de bois où l’on goûtera les spécialités du cru. Au menu, jus d’airelle bouillant, ragoût d’élan, portion de  » pytt i panna  » (un hachis de viande découpée en dés, d’oignons et de pommes de terre) et de kardemummakaka (gâteau à la cardamome). Des plats paysans, virils, typiques de la Suède du nord.

Ces tentes plantées à l’orée des bois, sont aussi un lointain rappel de la tradition lapone, prise quelque peu dans les glaces de l’Histoire. La communauté sami comme on l’appelle également, représente aujourd’hui à peine 3 % de la population. L’élevage de rennes dont les Lapons furent les premiers éleveurs, se conjugue en revanche au présent et constitue une source importante de l’activité économique. Normal à en juger le nombre de peaux de bêtes qui trônent dans la moindre maisonnée et la quantité de viande fumée servie à l’heure du repas…

Drapeau À damiers

Mais si la  » Saab Ice Experience  » est le dernier must chez les amateurs de dépaysement cinq étoiles, il l’est davantage pour son stage de conduite sur neige, encadré par des pilotes professionnels. Une initiative qui surprend. On imaginait mal en effet jusqu’ici le fleuron de l’industrie automobile scandinave, célèbre pour son design atypique et ses fameuses qualités sécuritaires, parier sur une activité du genre. Avec la  » Ice Experience « , mais aussi les événements entrepris en partenariat avec les skis Salomon, ou la récente commercialisation de son premier 4 x 4, la 9-7 X, la marque nordique prend de toute évidence un nouveau virage, plus sportif, et témoigne au passage d’un sens original de la communication.

Drapeau en damier calé dans la moufle gauche, chapka enfoncée à ras des sourcils, Per Eklund vous guide silencieusement jusqu’à votre  » pole position  » sur la piste verglacée. Ce champion de rallye automobile, gloire nationale en Scandinavie, prodigue ses derniers conseils pour se faufiler habilement entre les cônes fluorescents disposés à 150 mètres de la ligne de départ. Un jeu d’enfant trompeur. Malgré les recommandations et le correcteur de trajectoire activé, le slalom aux commandes de la 9.3 se solde, ce jour-là, par un double tête-à-queue avec arrêt buffet dans les congères. Les instructeurs sont magnanimes mais caustiques : à la fin du séjour, ils vous offriront un morceau de tôle froissée, façon compression de César ! Voilà le genre d’incident qui pimente régulièrement les sessions.

Sur un circuit privé, tracé dans une nature intacte, les apprentis venus des quatre coins de l’Europe mesurent la difficulté de maîtriser un véhicule sur sol glissant. Trois points précis sont à l’ordre du jour : le freinage d’urgence, l’évitement d’obstacles et la négociation des virages. La première règle d’or en cas de dérapage est le self-control.  » Paniqué, le conducteur se fixe sur l’obstacle à éviter au lieu de se concentrer sur la direction où il veut aller ; c’est une erreur flagrante. Portez toujours votre regard au-delà de l’obstacle et braquez votre volant en direction du point où vous voulez aller « , recommande Per Eglund. Coup de pédale violent ou coup de volant démesuré sont généralement fatals en cas de perte d’adhérence. Pendant quelques heures, dans un contexte hypersécurisé, freinage en série, tours de circuit chronométrés, slaloms divers permettent d’appréhender les mauvais réflexes et les pièges les plus flagrants. On en oublierait presque le cadre et la beauté de la nature environnante. Sauf pour les constructeurs de Saab. Parmi les véhicules de démonstration présents figurait la nouvelle Saab 9-5 BioPower, fonctionnant à l’éthanol, une source d’énergie à la fois renouvelable et respectueuse de l’environnement. Un modèle commercialisé uniquement en Suède pour le moment. Normal, dans un pays où 52 % du territoire est constitué de forêts, l’écologie y est affaire de communication autant que de morale.

n Renseignements.

n Saab Ice Experience.

n Formalités.

n Langues.

n Monnaie.

n Téléphoner.

n Y aller.

n Se loger.

n Se restaurer.

n A voir, à faire.

Antoine Moreno

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