Mauvaise nouvelle : le  » trop  » est à la mode, porté désormais par une nouvelle tribu citadine connue sous le nom de XS.

Les tribus se suivent et ne se ressemblent pas. Du moins pour les bureaux de style qui prennent un malin plaisir à étaler de nouveaux clans sous les feux d’une mode capricieuse. Il y a un peu plus de trois ans, je vous plantais ici même le décor des bobos, c’est-à-dire les bourgeois-bohèmes, une tribu gentiment paradoxale qui raffole des gadgets technologiques dernier cri tout en vouant un culte démesuré au bio et à la zen attitude. Pourquoi pas ? En 2003, je vous dressais ensuite le portrait des nonos, un autre groupe branché malgré lui et constitué précisément de réfractaires à l’idéologie bobo. En clair : les nonos disent deux fois non aux marques toutes-puissantes et à la société de consommation, portés par le livre  » No Logo  » de la Canadienne Naomi Klein. Re-pourquoi pas ? En cette fin d’année 2004, il était donc prévisible qu’un nouveau clan émerge du cerveau bouillonnant des trendsetters (comprenez les faiseurs de tendances). Jouez, hautbois, résonnez, musettes : voici venu le temps béni des XS, une nouvelle meute consumériste qui risque bien de contaminer les foules influençables ! XS, mais encore ? Irions-nous vraiment vers le triomphe de l’extra-small ? Rien à voir ! Si l’on prononce ces deux lettres à l’anglaise, on obtient phonétiquement le mot excès dans la langue de Shakespeare. Autrement dit, les XS jouent la carte du  » m’as-tu-vu  » à tout prix, à coups de logos démesurés, de vêtements sexy et/ou flashy, d’accessoires clinquants et de provoc facile. Bref, le contrepoids des fameux nonos et l’excès dans toute sa splendeur (comme quoi une tendance génère toujours son contraire). Les maîtres à penser XS ? Ils sont multiples, mais ont toutefois un point commun : ils ne se la pètent pas, ils se l’atomisent ! Il y a d’abord les rappeurs américains à la sauce MTV, bardés de grosses chaînes en or et flanqués de filles  » stringuées  » à souhait sur la carrosserie de leurs voitures rutilantes. Il y a ensuite les fausses stars qui n’ont rien d’autre à vendre que leur image en toc, comme Paris Hilton, Cathy Guetta, Victoria Beckham, Marjolaine et les autres potiches préfabriquées de la télé-réalité. Et puis, il y a enfin, dans une moindre mesure, les adeptes de la  » bitch attitude  » : celles qui se la jouent légèrement salopes en public pour se faire remarquer, genre Janet Jackson qui exhibe un sein en plein Super Bowl ou encore Madonna et Britney Spears qui se roulent une jolie pelle devant les caméras pour réveiller l’audience des MTV Awards. Gavée à la surenchère cathodique, la tribu XS surfe donc, avec jubilation, sur la vague du  » too much  » ou plutôt du  » jamais assez de trop « . Dans cette logique tape-à-l’£il, ses membres s’ornent de sigles géants (vive Puma, Nike et Von Dutch !), s’enrobent de manteaux en léopard (l’une des grandes tendances de l’hiver), squattent les centres commerciaux pour assouvir au mieux leur fièvre acheteuse et se ressourcent sans complexe devant les outrances télévisuelles de Jackass pour qui l’excès est la règle numéro un. Une menace pour la toute jeune génération ? Peut-être. En tout cas, les Barbie n’ont qu’à bien se tenir. Car, côté jouets, les enfants craquent désormais pour les Uggly Dolls, des poupées excessivement laides, et les fameuses Bratz, sortes de bimbos fringuées  » super fashion  » ( sic) et outrageusement maquillées. Mais pas de panique ! Le vent tourne et le balancier des modes est déjà en train de repartir dans l’autre sens…

Frédéric Brébant

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