Depuis Marseille, la fondatrice de la griffe Sessùn imagine des vêtements pour elle, qui plaisent énormément aux autres aussi. Ses sources d’inspiration viennent d’ici et d’ailleurs, Tokyo et New York en tête.

Elle se voyait bien archéologue ou reporter sans frontières. C’était sans compter sur un voyage en Amérique latine qui va tout chambouler, son coeur et sa destinée. Alors étudiante en économie monétaire et financière, Emma François s’émerveille au contact des artisans, ceux qui tissent, brodent, cousent et fabriquent, par héritage du geste ou du savoir-faire. Choc mystique et coup de grâce : la Française décide de bifurquer vers des études d’anthropologie, histoire d’approfondir sa connaissance de ces cultures populaires. Dans la foulée, elle ramène avec elle quelques pièces qu’elle customise, pour payer son prochain voyage au pays des Incas.

Dans ces premières petites collections résonnent des notes artisanales, rehaussées d’accords plus urbains et féminins. Du commerce équitable bien avant l’heure ; à l’époque cette notion éthique n’en est d’ailleurs qu’à ses premiers balbutiements… Le succès est immédiat. A tel point que naît, en 1998, la griffe Sessùn –  » un mot joli qui sonne bien, qui fait référence au soleil « .

Au fil des ans, le label grandit, en même temps que sa fondatrice. Au départ catalogué de streetwear, il évolue, pour désormais s’adresser à toutes les femmes, quel que soit leur âge. Tout est dans la manière de s’approprier le vêtement. Elégance décontractée, subtile intemporalité, quelques accents années 40…  » Quand je crée, j’imagine toujours ma garde-robe idéale, nous confiait dernièrement Emma François, lors de l’inauguration de sa première boutique belge, à deux pas de la Grand-Place de Bruxelles. Je ne m’habille d’ailleurs qu’en Sessùn. Les seules infidélités que je me permets, ce sont des pièces vintage, comme une robe Lanvin des années 80.  »

A l’inverse d’autres marques françaises comme Comptoir des Cotonniers, Maje ou A.P.C. qui sont basées à Paris, les collections Sessùn sont conçues depuis Marseille, dans des bureaux près de la mer, à deux pas des calanques.  » J’avais envie d’une ville méditerranéenne, d’un endroit qui bouillonne. Même si cette localisation ne se ressent pas au niveau du style, elle influence la qualité de vie et le travail. Et puis, cela m’a permis d’engager plusieurs de mes amis d’enfance, c’est une richesse absolue. La confiance est totale, l’ambiance et la bonne entente également.  »

Pas de vase clos pour autant. Emma François se nourrit d’expos, bouge, ressent, à Marseille comme ailleurs.  » Pour sortir de mon quotidien et ne pas rester le nez dans le guidon, rien de tel que les voyages comme source d’inspiration « , avoue celle qui hésite toujours entre inscrire CEO ou styliste sur les fiches d’hôtel, tant elle mène de front ces deux fonctions. Quatre fois par an, la jeune quadra quitte tout pour humer l’air de Tokyo ou de New York. Un voyage zapping, trois jours sur place, isolée, mais les yeux grands ouverts.  » Un carnet à la main, j’observe depuis un café comment s’habillent les femmes, comment elles mixent un vêtement. Cela nourrit autant qu’un cahier de tendances !  » De ces périples express, la Marseillaise rapporte tissus et objets traditionnels, qu’elle déniche dans divers marchés aux puces,  » une obsession « . Des petits trésors qu’elle entasse chez elle, avant qu’ils ne servent, qui sait, pour un imprimé ou la déco de l’une de ses boutiques.

 » Les vacances aussi, je les passe ailleurs, en famille. Repos et déconnexion au programme. Tous dans la même chambre.  » Pourquoi pas, aussi, retourner un jour au Guatemala et au Pérou. Mais uniquement à condition de ne pas emporter de nostalgie dans ses bagages…

PAR CATHERINE PLEECK

DES BUREAUX PRÈS DE LA MER, À DEUX PAS DES CALANQUES.

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