PLUSIEURS VIES EN UNE

Hier sculpture et mini-carrière à la Commission européenne, aujourd’hui création de bijoux et gestion d’entreprise. La Bruxelloise enchaîne les jobs avec une facilité déconcertante et croque la vie avec un enthousiasme intact.

Comment se fait-il qu’avec un ciel si gris, le QG de Joëlle Van de Voorde, coincé dans une cour parmi les hôtels de maître de ce quartier bruxellois, baigne, lui, dans une belle lumière ? Qu’il soit si blanc, si pur et si coloré en même temps ? Lignes contemporaines simples et nettes, des centaines de boîtes remplies de perles multicolores, méticuleusement rangées sur les étagères ou étalées sur les tables derrière lesquelles deux assistantes composent et construisent des parures fraîches et fantaisistes, uniques à chaque fois…

Voilà pour le décor. Quand Joëlle surgit, son dynamisme illumine davantage encore cet atelier artisanal du XXIe siècle. Un grand sourire éclaire son visage. Elle revient du salon Bijorhca, à Paris, avec un nouveau contrat juteux : toute sa collection a été vendue au Japon. Il y a donc du travail en perspective et cela tombe bien car elle est  » depuis toujours dans le faire « . Petite fille, elle adorait s’exprimer en travaillant avec ses mains, en bricolant, en accumulant, en concevant ses premières installations. Après les humanités artistiques à l’Académie royale des beaux-arts, à Bruxelles, elle y enchaîne, pendant cinq ans, les études de sculpture monumentale. Suit l’apprentissage, à fond, de l’anglais. Indispensable quand on aime voyager et ouvrir ses horizons.

Grâce à son réseau, Joëlle décroche son premier job comme assistante de production chez le producteur belge Alain Keytsmans. L’occasion de se familiariser avec les arcanes de la gestion financière qui lui sera, plus tard, bien utile. Cet emploi lui ouvre aussi les portes de l’audiovisuel et quand on lui propose d’entrer à la DG 10 (Culture) de la Commission européenne, elle n’hésite pas une seconde. À la médiathèque,  » mémoire audiovisuelle de la Commission « , elle fournit des images de l’Europe aux professionnels des médias.  » J’y suis restée quinze ans, tout en sachant que ce travail était un passage et non ma finalité. Cela dit, je garde un excellent souvenir de l’ambiance internationale et des belles rencontres. J’y ai appris la rigueur, le travail d’équipe et la capacité de trouver des solutions dans l’urgence. « 

Active et infatigable, Joëlle continue, en parallèle, à s’investir dans la sculpture. Des expos à Bruxelles et en Wallonie récoltent plusieurs prix. Curieuse, elle fait presque le tour du monde, en bourlinguant sur tous les continents (excepté l’Amérique du Sud) pour voir  » comment ça se passe ailleurs « . Un jour, ses sculptures se miniaturisent et deviennent bijoux. Mais leur concept reste identique. La créatrice mixe matières, formes et couleurs et imagine de mini-installations, destinées cette fois-ci à parer les femmes. Elle les présente au salon Maison & Objet, à Paris. Succès immédiat.

Cumuler les deux jobs devient difficile, il faut faire un choix. À 40 ans, Joëlle décide de quitter la Commission, de changer de vie, de lancer sa marque Et le bijou créa la Femme…  » La quarantaine venue, on a de la maturité et beaucoup d’énergie. On n’a pas peur de se plonger dans une nouvelle aventure. Dans la vie on peut faire plusieurs parcours. J’ai quitté la sécurité pour la liberté, mais je n’ai jamais douté de moi-même, je sais que mon choix est juste car je vis de ma passion. « 

Joëlle a ouvert le samedi son atelier-showroom au public. Histoire de se rapprocher des femmes et de travailler dans la personnalisation.  » J’ai trouvé ce qu’il me fallait. La petite équipe que je dirige, le fait de gérer ma production de A à Z conviennent très bien à mon caractère indépendant. Ma marque est 100 % artisanale et 100 % belge. Je revendique et continuerai à revendiquer pleinement cette singularité. « 

BARBARA WITKOWSKA

Je sais que mon choix est juste car je vis de ma passion.

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