Avant :

 » Dis, Baudouin, pour illustrer le papier sur l’épilation au masculin, serais-tu d’accord de tester la chose ?  » J’ai dit  » oui « . J’entends encore ce  » oui « , hâtif, irréfléchi, mu par cet esprit un peu bête du défi, très mec, en fait – au jeu du  » cap, pas cap « , l’homme est un incapable. D’autant quand la demande émane de votre rédactrice en chef. Impossible de faire machine arrière, question d’honneur. Evidemment, c’est le genre de sujet qui fait glousser la rédaction. Un collègue :  » Tu vas aussi faire le ticket de métro à la Brüno  » (HAHAHA). Sans parler des proches. Un ami, par sms :  » J’ai appris. Toute la gent masculine souffre avec toi, mon chéri « , une copine :  » Fais gaffe, y’en a qui font des réactions bizarres, genre pus sous les aisselles ( sic. ) « , ma femme :  » Tu vas enfin comprendre ce que tu m’infliges « . Tout de suite, on fait moins le malin.

Pendant :

Jour J, devant l’institut de beauté masculin Monsieur K. Un autre monde. Dans mon esprit, certainement étriqué, celui des femmes et des gays, des Vénus Beauté, des  » je vous fais le maillot ? « , des  » alors, cette petite crème à l’hibiscus de Tanzanie, satisfaite ?  » J’ai sonné. Fabio, peau de bronze, yeux bleus,  » fit  » comme Justin Timberlake m’a serré la main et filé des complexes.  » L’épilation se fait au sous-sol, suivez-moi.  » Des images de torture dans une cave, celles d’ Hostel d’Elie Roth m’ont traversé la tête. Mais Fabio, c’est son métier, sait rassurer les philistins de la cire. J’ai demandé le torse, bon compromis, j’ai pensé. Il m’a couché sur une table, m’a dit  » seuls 2 clients sur 700 crient, relax « , a appliqué du talc, de la cire au roll età la bandelette ( à lire avec gravité).  » Inspirez, juste avant que je ne tire, ça va aller.  » Effectivement, le son qui est sorti de ma bouche tenait plus du Ouïch en mode mineur que du Aaargh monstrueux. Je me suis dit que les femmes entretenaient une mythologie de la douleur autour de cette pratique pas si barbare. Décomplexé, pour le fun, j’ai demandé les aisselles et, allez pourquoi pas, j’ai dit  » cap  » au maillot. Ben oui.

Après :

Quand je me suis vu dans la glace, j’avais 10 ans. Je n’avais plus vu les traits de mon buste depuis mon brevet 1 500 mètres à la piscine communale. L’épilation est un puissant vecteur de nostalgie. Ensuite, il y a cette drôle de sensation, celle de la chemise collant au corps, comme une combi en Néoprène. Puis la réaction de votre femme, inattendue pour ma part.  » Ah ouaiiiiis, c’est pas mal ce torse. Oh, je ne connaissais pas ce point de beauté  » ( lire cette phrase entrecoupée de baisers sonores). L’épilation vecteur de désir, c’est dingue. Enfin, le premier jour. Parce qu’avec un peu de malchance, l’effet piqûres de moustiques se pointe. Bon là, ça fait près d’une semaine et ça se calme un peu. Pour le reste ? Il se fait qu’en ce qui concerne ce à quoi vous pensez là maintenant, ma femme ne veut précisément plus en entendre parler. Ça me démange de lui avouer que je suis d’accord avec elle. Mais je reste un mecà

Monsieur K., 115, rue Antoine Dansaert, à 1000 Bruxelles. Tél. : 02 503 55 25. www.monsieur-k.be

Baudouin Galler

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