Autour d’un des plus vénérables châteaux de France, érigé au XIVe siècle et complété à la Renaissance, la princesse de La Tour d’Auvergne a créé un vrai petit paradis. Plus de deux cents variétés de roses rares et une chartreuse qui retrace l’histoire de l’art des jardins au fil des âges agrémentent un grand parc romantique.

Carnet d’adresses en page 98.

Quand Marie-Solange de La Tour d’Auvergne parle de son jardin, c’est avec la fierté d’avoir rendu à la vieille maison de sa famille les gracieux ornements que le temps lui avait ravis. Le château d’Ainay-le-Vieil, dans le Cher, modèle de forteresse féodale, construit au XIVe siècle, et complété à la Renaissance par un beau corps de bâtiment, recèle, notamment, de beaux souvenirs de la famille Colbert. Depuis le XIXe siècle, il est entouré d’un parc à l’anglaise, romantique à souhait, planté d’arbres de haute futaie, aux frondaisons colorées : hêtres pourpres, cyprès chauves et conifères bleutés. Le parc, arrivé au mauvais âge des ornements de ce type (arbres trop hauts, maladies, dégâts irréparables…), est désormais complété par deux jardins de fleurs : une roseraie et une chartreuse.

Là où il n’y avait que prairies et canaux, avec l’aide de Pierre Joyaux, jardinier-paysagiste, Marie-Solange de La Tour d’Auvergne a créé une roseraie et présente une agréable collections de plantes, anciennes pour la plupart : des roses de toutes les couleurs, qui portent des noms célèbres (Queen Elisabeth, Pierre de Ronsard…), des noms charmants (aucun visiteur ne peut échapper à la mystérieuse  » Cuisse de Nymphe « …) ou des noms scientifiques. Les centaines de roses présentées à Ainay sont aussi admirables par leurs fleurs, leurs parfums que par leur port.

L’intérêt porté aux roses botaniques (qu’un profane pourrait confondre avec des églantines) et aux roses anciennes (nombreux sont les amateurs qui viennent s’extasier devant l’allure de plantes qu’on était habitué à ne voir que sur les gravures de Redouté…) n’a pas empêché Marie-Solange de La Tour d’Auvergne de créer une nouvelle variété : la rose Colbert. Elle porte le nom de l’illustre ministre, un de ses ascendants, et elle est devenue un des symboles du comité Colbert, ambassadeur à travers le monde de l’art de vivre en France. L’industrie rejoint ainsi, à Ainay, les meilleures traditions de l’art du luxe.

Le deuxième jardin créé par Marie-Solange de La Tour d’Auvergne est aménagé dans une ancienne chartreuse où se succèdent, comme à Versailles, dans le potager du Roi, plusieurs  » chambres « . Chacune présente des scènes de jardin de très belle qualité : un jardin blanc, un jardin de senteurs, un verger, aux arbres joliment taillés, des espèces toutes plus rares et prestigieuses les unes que les autres. Chacun est fidèle à l’esprit d’une époque de l’art des jardins : le verger sculpté rend ainsi hommage à La Quintinie (1624-1691), créateur du potager du Roi, à Versailles, le  » cloître des simples  » s’inspire des idées de la Renaissance, le jardin de prière s’inscrit dans la tradition du Moyen Age, les broderies de buis du jardin blanc sont fidèles aux préceptes de Le Nôtre…

La princesse a ajouté à la majesté imposante du château fort et au charme un peu convenu du parc la poésie de ses jardins. Inspirés de la meilleure tradition française, ils ajoutent à l’ensemble architectural la touche de fraîcheur et de gaieté qui lui manquait. Au milieu des mille obligations professionnelles qui l’amènent à fréquemment voyager de part et d’autre de l’Atlantique, au milieu des tâches qu’exige l’entretien des bâtiments, son jardin est, pour Marie-Solange de La Tour d’Auvergne, un délassement et un des plus sûrs moyens de maintenir les liens séculaires qui l’unissent à la terre d’Ainay.

Robert Colonna d’Istria

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