Confidentielle à l’aube du xxie siècle, la tendance néopunk s’installe désormais dans le grand public, les arts et la musique.

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45,

dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur La Première (RTBF radio).

Il y a trois ans û le 19 janvier 2001 très exactement û, j’inaugurais cette rubrique avec un  » Punk Attack !  » consacré aux matadors du luxe. En point de mire : le retour d’un  » No Future  » vestimentaire sur les podiums des quelques créateurs émérites tels que John Galliano et Jean Paul Gaultier. A l’époque, le phénomène ne concernait qu’une poignée de privilégiés et l’on aurait pu croire, à juste titre, que cette tendance gentiment punkette s’essoufflerait rapidement. Mais voilà, certains stylistes sont visionnaires et leur impact sur la société peut parfois prendre des tournures inattendues. En trois années seulement, le mouvement néopunk s’est amplifié et a fini par (re)gagner la rue, théâtre involontaire de ses origines. Premier exemple significatif : la mode grand public. Pour ceux qui ne l’auraient pas encore remarqué, la minijupe plissée style écossaise punky est l’élément clé du vestiaire féminin de cet hiver finissant. Opportunistes, les grandes chaînes de fringues en ont fait leur best-seller (surtout en version rouge et vert), sans que cette jupette n’apparaisse toutefois trop vulgaire. La preuve : on en trouve même sur les Gonzaguettes des Jeux d’Hiver ( NDLR : la boîte BCBG de la capitale). Mieux, l’imagerie punk et sa  » philosophie  » sont à nouveau prisés par les adolescents du xxIe siècle. A Milan, capitale italienne du vêtement, des gamins qui n’ont jamais vu un vinyle des Sex Pistols se baladent aujourd’hui en perfecto truffé d’épingles à nourrices, la crinière verte au vent, comme d’autres ados européens, japonais ou américains tout aussi rebelles. Leurs idoles s’appellent Blink 182 ou The Offspring, des groupes allumés qui revisitent la musique punk à la sauce contemporaine et qui sont en train d’être rattrapés par d’autres hurleurs déjantés tels que Sum 41 ou encore The Distillers. Et côté francophone ? Le même courant musical renaît insidieusement. Ainsi, des formations que l’on croyait définitivement enterrées comme les mythiques Bérurier Noir et les moins connus Métal Urbain reviennent aujourd’hui sur le devant de la scène rock, par le biais de concerts inattendus et autres sorties de DVD. Et ce n’est pas tout. Car les tout premiers punks gagnent aussi en respectabilité, entretenant un peu plus chaque jour le buzz ambiant et l’intérêt des anarchistes en herbe. Il y a quelques jours û le 19 janvier 2004 très exactement û, l’ex-marchand d’art Cyrille Putman sortait  » Premières pressions à froid « , un livre d’emblée étiqueté  » Pur produit punk «  par l’éditeur Robert Laffont. Le fils de la célèbre designer Andrée Putman y relate ses rencontres avec Sid Vicious, bassiste des Sex Pistols, et ses premiers pas de punk français à la fin des années 1970. Dans quelques semaines, c’est une autre figure emblématique du mouvement punk qui créera à son tour l’événement. A 63 ans, la mamy de la mode excentrique Vivienne Westwood sera en effet l’objet d’une rétrospective respectable au prestigieux Victoria and Albert Museum de Londres ( www.vma.ac.uk). Trente ans plus tôt, elle hurlait pourtant  » No Future «  avec son compagnon de l’époque, l’ineffable Malcom McLaren, ex-manager des Sex Pistols et fondateur du mouvement punk. Comme quoi, un slogan nihiliste peut finalement avoir de l’avenir…

Frédéric Brébant

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