d’avant-garde, tolérante et ouverte à toutes les cultures : brighton est la cité balnéaire la plus hype du moment. signe de ce renouveau : paul mccartney, baby spice et fatboy slim viennent de s’y installer. pour frimer auprès de ses beautiful people, direction la belle de mer

Un samedi ensoleillé, 14 heures. Sur la plage de galets de Brighton des petits groupes de jeunes se forment. La bonne humeur est au rendez-vous de cette journée exceptionnellement chaude du mois d’avril. Sous un ciel bleu intense, la mer prend des reflets méditerranéens. La baignade n’est pas encore de mise mais une bande de jeunes ados farauds trouvent amusant de jeter l’un d’entre eux à la mer. Tout le monde encourage l’exploit. Expédié dans l’eau glaciale, la pauvre victime en sort bien vite, pour terminer avec une jolie révérence. Une partie de la plage explose alors en applaudissements. Le calme revenu, la musique guillerette de l’antique manège de chevaux de bois ou encore les rythmes syncopés s’évadant des cafés, discothèques et galeries d’art nichés dans les arcades de la digue reprennent aussitôt leur droit.

Brighton, la belle du bord de mer, à une heure de Londres, est une ville jeune par excellence. Sur ses 250 000 habitants, elle compte près de 30 000 étudiants et la deuxième plus importante communauté gay du Royaume-Uni. Tout ce joli monde sort, s’amuse, se restaure et chahute joyeusement une fois le soir venu dans les quelque 450 restaurants et pubs de la cité balnéaire. Démocratie oblige, nul code vestimentaire n’est de mise. Kilt, robe longue, jeans troué et minimaliste, mini bariolée ou falbalas se côtoient dans un joyeux et chaleureux tohu-bohu.

D’hier à aujourd’hui

Le succès de Brighton débute au xviiie siècle avec le très excentrique George, prince de Galles. Séduit par l’atmosphère décontractée de la ville et surfant sur la vogue des bains de mer, il entraîne dans son sillage la noblesse et la gentry londoniennes. Devenu prince régent en 1811, il demande en 1815 à l’architecte John Nash de transformer son modeste pavillon maritime en une véritable folie d’inspiration indienne. Joueur, buveur, séducteur et jouisseur, le prince devenu le roi George IV (1820 à 1830), consacre toute son énergie à faire de son  » Pavillon royal  » et de Brighton le centre du monde. Vingt ans après son décès, sa nièce, la reine Victoria, jugeant la cité balnéaire bien  » trop surpeuplée  » vend ce palais extravagant à la ville. Sans manquer pourtant de le dépouiller de l’ensemble de ses décorations et de ses meubles. Restauré début des années 1990 pour un coût de 10 millions de livres (plus de 14 millions d’euros), le pavillon a depuis retrouvé les décorations d’origine et beaucoup de ses meubles généreusement prêtés par la reine Elizabeth II.

Le lieu témoigne d’une époque révolue dominée par le faste, le luxe et l’extravagance. Si l’extérieur se veut d’inspiration indienne, l’intérieur est plutôt chinois. Les merveilles qui s’y accumulent permettent d’imaginer le train de vie somptueux d’un souverain sans véritable frein financier. Ainsi, comment ne pas s’extasier devant la magnifique salle des banquets comprenant un chandelier central de neuf mètres de hauteur, et pesant une tonne, décoré d’un énorme dragon ; ou encore la vaste cuisine où parfois plus de soixante plats étaient préparés pour un seul repas. Lampes en porcelaine bleue, pièces en vermeil ou superbes meubles Régence s’offrent ici à l’admiration du public dans une enfilade de pièces toutes plus époustouflantes les unes que les autres. La visite se termine par les appartements du roi et du premier étage où lits à baldaquin, bibliothèque et charmant petit bonheur-du-jour voisinent avec de somptueuses draperies en soie ou en chintz imprimé reproduisant à chaque fois des motifs orientaux.

On reprend doucement pied dans la réalité en se promenant dans le parc entourant le Pavillon. Par beau temps, il n’est pas rare d’assister ici et là sur les pelouses soigneusement entretenues à quelques concerts de musique. Des pique-niques colorés envahissent alors les lieux dans une atmosphère bon enfant.

Les deux quartiers historiques de la ville û les Lanes et North Laine û jouxtent le parc et son animation joyeuse. Les  » Lanes  » sont véritablement le c£ur historique de Brighton, du temps où celle-ci n’était encore qu’un bien modeste village de pêcheurs. Ce lacis de petites ruelles parfois très étroites et bien protégées du vent est aujourd’hui envahi par de minuscules boutiques de mode, des bijoutiers, des petits restaurants branchés, des bars et des pubs ou encore des antiquaires drainant une foule de curieux. Les  » North Laine « , le quartier bohème et musicien de Brighton, est beaucoup plus animé. Flâner ici le samedi permet d’appréhender la vitalité extraordinaire de la ville. Design, vêtements branchés ou d’un autre siècle, bijoux fantaisie ou d’époque, chaussures  » végétariennes « , boas en plume, tee-shirts aux slogans insolents, bric-à-brac indien, petits restaurants végétariens ou coffee shop se succèdent ici dans de sympathiques petites ruelles exiguës et rectilignes. A chaque coin de rue, un cercle de curieux entoure soit un orchestre amateur, soit un mime, tandis que des affiches multicolores vantant les multiples spectacles de la soirée tapissent le sol des carrefours. Sans oublier le marché aux puces qui déroule ses échoppes hétéroclites dans quelques-unes des rues avoisinantes.

Le charme du front de mer

Retour sur le front de mer. A 17 heures, on peut se laisser tenter par un five o’clock tea au Grand. A l’abri dans la véranda victorienne de cet hôtel cinq étoiles donnant directement sur la promenade, on peut y déguster une montagne de sandwiches au concombre et au saumon, ainsi que des scones avec un robuste thé bien fort tout en admirant les joueurs de Beach Volley (il a fallu 430 tonnes de sable pour créer le terrain). L’animation du bord de mer est centralisée entre les deux piers, figures emblématiques de la cité balnéaire. Construits fin du xixe siècle, ces deux puissantes avancées dans la mer connurent des destins différents. Alors que le  » Brighton Pier  » continue son activité tout en abritant un vaste luna-park aux couleurs et à l’ambiance criardes, le  » West Pier « , jadis imposant avec son extraordinaire dôme et ses encorbellements en fer forgé, n’est plus aujourd’hui qu’un amas de cendres. Ravagé l’année passée par la tempête, il fut la victime d’un incendie criminel voici peu. Il devrait un jour, promettent les édiles, retrouver sa splendeur. On projette d’y installer en effet des boutiques et restaurants de luxe.

Le soir venu, il faut tenter une nuit au très chic Hôtel du Vin avec ses 37 chambres et suites contemporaines, chacune évoquant le nom d’un grand cru. Il figure parmi les 50 Hot Hotels du moment par le magazine anglo-saxon  » Condé Nast Traveller « . A ne pas manquer : la suite Louis Roederer avec son immense lit revêtu de draps de coton égyptien, ses deux baignoires placées tête-bêche, ainsi qu’un télescope pour regarder la mer… ou jouer à l’agent 007. Le Grand Hotel, qui en 1984 avait subi un attentat de l’IRA visant Margaret Thatcher, lui, offre pas moins de 200 chambres toutes d’ambiance victorienne. Les plus belles, avec balcon, font face à la mer.

Vie de château

Dans les douves du château, transformées en terrain de cricket, un paon blanc fait la roue devant ses deux femelles craintives. Bienvenue à Amberley Castle, l’une des plus belles réalisations hôtelières de Grande-Bretagne, situé dans l’arrière-pays à une trentaine de kilomètres de Brighton. Cette année, les murs vénérables de cet ancien château fort fêtent leur 900e anniversaire. Dans la cour, transformée en un superbe jardin d’agrément, il fait bon se reposer à l’ombre des rosiers grimpants en fleurs ou se promener le long des murs d’enceinte où dans chaque interstice poussent de minuscules fleurs sauvages. Quatorze chambres et six suites assurent le logement. Dans l’une de celles-ci, une petite porte dissimulée conduit à l’une des tours d’entrée du château. Après avoir gravi un escalier en colimaçon, on atteint un chemin de ronde qui permet de plonger son regard très loin sur l’horizon et les douces collines arrondies de la splendide région verte des South Downs. Dans cette retraite dorée, classée parmi les six étoiles les plus appréciés du Sunday Times, il n’est pas rare de croiser sir Cliff Richard, Chris Evans, Mike Rutherford, la duchesse de Kent ou la très médiatique Victoria Beckham, venus ici en hélicoptère privé ou encore avec la Porsche ou la Mercedes gracieusement mises à leur disposition. Une façon originale de voyager que n’aurait pas dédaigné le très excentrique prince de Galles George qui bien avant tout le monde avait perçu l’immense potentiel de cette région à coup sûr bénie des rois…

Guide pratique en page 54.

Chantal Piret n

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