Rien ne sert de courir, il faut maigrir à point. Quitte à recourir au bluff artistique pour s’offrir une silhouette virtuellement parfaite. Body shading, vous connaissez ?

Il y avait déjà les centres de fitness, les produits amincissants, les régimes diététiques et – recours ultime – la chirurgie esthétique et la liposuccion. Mais l’être humain est un perpétuel insatisfait et les armes existantes ne sont jamais trop nombreuses pour affronter au mieux le diktat de la minceur imposé par notre société. Alors, des petits malins ont trouvé la parade, la riposte, l’ultime baroud d’honneur contre les kilos superflus. Avec la bénédiction du cinéma et, surtout, de ses effets spéciaux. Body shading, vous connaissez ? Ou, en français dans le texte, les ombres (shading) sur le corps (body) ? Utilisée depuis des années dans les studios hollywoodiens et les shootings de mode, cette discipline esthétisante consiste à dompter les imperfections de la silhouette à coups d’aérographe bien sentis et s’apprête désormais à conquérir les instituts de beauté. En clair : il s’agit de remettre au goût du jour la fameuse technique du trompe-l’£il chère à nos peintres anciens afin de corriger certains traits du visage et autres courbes disgracieuses du corps. L’arme secrète ? Un aérographe qui diffuse des produits de maquillage sur la peau de manière quasi chirurgicale. Ici, on masque habilement les cernes et on efface un double menton. Là, on développe subtilement des abdos d’enfer, version tablettes de chocolat. Là encore, on offre joliment des fesses de Miss Crazy Horse à une dame emprisonnée dans sa taille 42. Bref, on amenuise le  » trop  » et on accentue le  » pas assez  » grâce à un spray miraculeux (voir, par exemple, le site canadien www.studioairbrush.com et ses cours de maquillage à l’aérographe). Si le body shading tient plus de l’art pictural que du vulgaire camouflage de bas étage, il est surtout révélateur d’un nouveau courant en matière comportementale : le triomphe de l’illusion d’optique. Désormais, on ne se fatigue plus  » inutilement  » à perdre du poids, on joue plutôt la carte de la triche épidermique quitte à décevoir le partenaire au moment de dévoiler la vérité toute nue. C’est le comble de l’artifice sculpté à même la peau. Jadis l’apanage des stars du cinéma et du show-biz, cette nouvelle technique qui masque les imperfections corporelles en jouant sur l’ombre et la lumière devient donc accessible, aujourd’hui, au commun des mortels. Certes, le body shading est encore quasi inexistant chez nous, mais son développement en terre nord-américaine laisse toutefois présager un succès à moyen terme sur le Vieux Continent. D’ailleurs, la technique de l’aérographe s’implante déjà en Belgique pour le bronzage artificiel de la peau. Baptisé  » tanning airbrush « , cette formule consiste à colorer l’épiderme grâce à un aérographe qui disperse un produit naturel de façon uniforme ( www.tanningairbrush.be). Plus besoin de soleil, ni de séances d’UV, ni même de crèmes autobronzantes : la peau hâlée est à portée de pulvérisateur pour une durée de 7 à 10 jours, renouvelable bien évidemment. Prévisible, cette familiarisation progressive avec l’aérographe en matière de beauté laisse donc supposer que l’on arrivera bientôt en Europe à ce fameux body shading qui a déjà conquis les Américains. Tout le monde bronzé, sculpté et, bientôt, virtuellement parfait : c’est aussi ça le futur de la mondialisation esthétique.

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin,

vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « ,

de Jean-Pierre Hautier,

sur La Première (RTBF radio).

Frédéric Brébant

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