Bangalore, surnommée aujourd’hui la Silicon Valley de l’Asie, accueille généreusement en son sein jeunes yuppies et expatriés de tout bord. Une folle énergie créatrice souffle sur cette ville du sud de l’Inde où l’on ne compte plus les immeubles reliftés, les nouveaux bars et les restos à la mode.

Il y a cinquante ans, Nehru, l’un des artisans de l’indépendance de l’Inde et Premier ministre (1947-1964), la surnommait déjà  » la cité du futur « à Et il n’avait pas tort ! Si les mégalopoles de Bombay et Delhi accueillent depuis plusieurs années la jet-set indienne et quelques happy few, filles et fils de l’essort économique, Bangalore se taille de plus en plus une véritable place au soleil. Celle que l’on appelle désormais la Silicon Valley de l’Asie à cause des nombreuses multinationales qui s’y sont établies ces cinq dernières années, voit une nouvelle classe sociale arpenter les boutiques, bars à la mode, restaurants italiens ou japonais, qui ont récemment ouvert leurs portes en ville.

Une nouvelle  » relax attitude  » s’installe ici, dans une Inde où la tradition demeure très dominante, dans de nombreux domaines de la vie quotidienne. Animée par son ouverture d’esprit particulière, d’aucuns affirment que Bangalore aspirerait même à devenir la San Francisco indienne. Egalement ville de la bière indienne Kingfisher, on prétend d’ailleurs qu’elle compte le plus grand nombre de pubs par tête d’habitant. Une marque qui par ailleurs se décline également dans le domaine de l’aviation, du prêt-à-porter, sans oublier son calendrier qui s’arrache comme un collectorà

Avec une centaine d’entreprises, le secteur des biotechnologies est ici également très présent. On y compte notamment Biocon, propriété de la femme la plus riche du pays, Kiran Mazumdar Shaw. Une sculpture fut même édifiée en l’honneur de cette belle croissance sur la Saint-Marks Road.

Et pour se mettre au diapason des exigences croissantes de ses sept millions d’habitants, de nouveaux quartiers privés, sur lesquels veillent jour et nuit des gardiens, poussent çà et là. Un nouvel aéroport devrait voir le jour d’ici peu et des travaux d’élargissement des routes sont en cours afin de faire face au tout à l’automobile qui envahit la cinquième plus grande ville du pays.

La cité des haricots bouillis

Tout avait pourtant commencé simplementà D’après la légende, Bangalore serait née des péripéties d’un roi perdu dans la forêt qui, fatigué et affamé, reçu d’une vieille femme une portion d’haricots bouillis. Le roi baptisa cet endroit Benda Kaluru (littéralement, cité des haricots bouillis), ce qui donnera plus tard Bengalurus, Bangalore dans sa version anglicisée. Dès le xvie siècle, la cité devint le siège des grandes dynasties Kadambas, Hoysalas et Vijayanagar. Plus récemment, en 1906, elle fut la première ville indienne à être équipée de l’électricité, ce qui lui valu le surnom de Neon City.

Située dans l’Etat du Karnataka, lovée entre le très lettré Etat du Kerala (plus de 90 % de taux d’alphabétisation) et le plus traditionnel Tamil Nadu, la ville n’était à ce jour que très peu visitée par les touristes. On y trouve pourtant Mysore, l’un des plus beaux palais fortifiés d’Inde aux accents indo-sarrasins. Il recèle d’insoupçonnables richesses, kaléidoscope de verre et miroirs colorés, portes en bois précieux sculpté, sols en mosaïque. Soit tout le faste dont jouissaient les maharadjahs au cours des derniers siècles.

Située à 1 000 m d’altitude, Bangalore jouit d’un climat agréable et relativement tempéré. Raison pour laquelle, malgré son profil industriel, on la qualifie aussi de cité-jardin. Plusieurs espaces verts où fleurissent jacarandas, flamboyants et acacias dorés, ponctuent en effet la ville tandis que d’imposants arbres bordent la plupart des grandes avenues. Parmi ces jardins, le Lalbagh où trône une magnifique serre (élevée en 1889), copie du Crystal Palace londonien ( NDLR : détruit par un incendie en 1936). Mais aussi le Cubbon Park, point de repère géographique, dont la position centrale permet de s’orienter dans la ville.

Les plaines fertiles du sud de l’Inde produisant mangues, goyaves, raisins et autres fruits, ces derniers viennent enrichir le pittoresque City Market, où se mélangent épices et fleurs aux couleurs flamboyantes, destinées aux diverses cérémonies qui ponctuent quasi quotidiennement la vie des Indiens. Situé dans le vieux Bangalore aux ruelles envahies par la foule et composé de minuscules échoppes, le marché contraste avec les larges avenues héritées de l’époque du Raj ( NDLR : domination britannique), qui jouxtent le Cubbon Park. En termes d’architecture, l’imposant Vidhana Soudha de style néodravidien (NDLR : relatif au style traditionnel des populations noires du sud de l’Inde), constitue certainement l’édifice (où sont logés parlement et gouvernement) le plus étonnant de la ville. Bâti en 1954, cet ensemble monumental que n’aurait pas renié un architecte soviétique, fait face à l’orientalisante Cour suprême, de rouge vêtue.

Temples et centres commerciaux

Comme un peu partout en Inde, des temples fleurissent çà et là dans chaque quartier. Le plus important, le Bull Temple, édifié par le prince Kempegowda au xvie siècle, abrite un imposant et monolithique taureau en granit que l’on vient honorer lors d’un mariage ou pour bénir une voiture neuve ! Deux autres édifices complètent le patrimoine architectural de cette cité high-tech : le palais de Tipu sultan, construit en briques crues au xvie siècle et le palais de Bangalore, copie du château de Windsor, édifié en 1880 et acheté par les rajas Wodeyar de Mysore. Un ensemble de monuments qui témoigne de l’histoire de l’Inde : celle des maharadjahs, mais aussi celle de la colonisation britannique et de la course vers la modernité. Un contraste sans fausses pudeurs, dont l’imposante MG Road, bordée de fast-foods, de bars branchés et de centres commerciaux dont raffolent les Indiens, se moque éperdument. Celle qui est actuellement considérée comme l’avenue hype et l’incontournable point de rendez-vous de la nuit, devrait bientôt rivaliser avec le nouveau complexe commercial qui ouvrira prochainement ses portes au c£ur de la capitale de l’informatique indienne. UB City (pour United Breweries) et ses tours de verre et d’acier devrait s’implanter au coin des rues Vittal Mallya et Kasturba, non loin des hôtels internationaux. Louis Vuitton, Gucci, Dior et Dunhill y auraient déjà réservé un espace, de même que Kimaya, une enseigne qui réunira les plus belles marques de designers indiens comme Manish Malhotra, Tarun Tahiliani, Falguni & Shane Peacock. A l’instar de celui de Bombay, un Shiro Lounge y ouvrira également un bar-loft, suivi d’un pub aux couleurs de la Kingfisher locale. Mais d’ici là, c’est au Nasa bar que la jeunesse branchée vient déguster un cocktail servi par des stewards et hôtesses de l’air aux allures de top-modèle, dans un décor de vaisseau spatial avant-gardiste. Mais ici comme souvent en Inde, ne vous fiez pas aux apparences : le jean à paillettes d’un soir peut cacher le sari brodé d’or du lendemain !

En pratique page 70.

Reportage : Sandra Evrard

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