Architecture, mode, culture, gastronomie… la capitale bretonne bouge, assoiffée de modernité. Et rêve de devenir la première des villes où il fait bon vivre.

Rennes, 9 heures du matin. Les rames du métro glissent en silence sur une passerelle, le long du boulevard des Hautes-Ourmes, entre immeubles, espaces verts et jardins. Se découpant sur le ciel indigo, la station La Poterie déploie sa silhouette sculpturale. Ses ailes de papillon posées sur quatre tourelles ovoïdales sont la signature de l’architecte star Norman Foster, concepteur, entre autres, du viaduc de Millau, de l’aéroport de Hong-Kong et du pont du Millenium à Londres.

Non loin de là, la station du Blosne arbore une architecture différente. Conçue par Isabelle Gueslin, ses pétales de granit et de verre s’ouvrent vers le ciel.  » Ce qui est le plus étonnant, en dehors du fait que les quinze stations ont été réalisées par quinze architectes différents, c’est la rapidité avec laquelle les gens les ont adoptées « , s’amuse Philippe Bohuon, historien de l’art de Rennes Métropole. C’est le cas de Clémence, étudiante, une moyenne de cinq voyages par jour au compteur :  » Avant, ma vie se limitait à mon studio, mes cours et le trajet en bus entre les deux. Désormais, je visite enfin la ville !  » Sur la place Sainte-Anne, qui sort reliftée après cinq ans de travaux, le patron du café de la Place se réjouit que les bistrots et restaurants puissent à nouveau sortir leur terrasse.

Ceux qui travaillent en bout de ligne n’hésitent plus à venir en centre-ville à midi pour rompre le train-train, manger sur le pouce et flâner sur les quais de la Vilaine. Le soir venu, c’est plutôt vers Saint-Michel, haut lieu de la vie nocturne rennaise, que des grappes d’étudiants se dirigent. Ce quartier médiéval, aux maisons à colombages, regorge de bars et de cafés, où les discussions peuvent s’attarder au comptoir ou sur le coin d’une table jusqu’à minuit et demi, heure de la dernière rame.

Une architecture en mouvement

Le métro traverse un paysage urbain en pleine mutation. Tous les quartiers sont concernés et méritent que l’on s’y attarde. On se repère vite dans cette splendide ville, dont le plan se déploie autour de la place de la République et ses beaux exemples d’architecture du xviiie siècle. Pour succomber à ses charmes, rien de tel qu’une balade dans le quartier de La Poterie, avec ses drôles de maisons sur pilotis et sur les bords de la Vilaine, où les maisons et les Belles de Vilaine exhibent leur modernité. Car créer, innover et surtout bâtir demeure une volonté forte de cette agglomération, deuxième au palmarès du  » bien-vivre  » en France. A quelques pas, Les Champs Libres : trois objets architecturaux distincts rassemblés dans un seul bâtiment de 24 000 m2. Imaginés par l’architecte Christian de Portzamparc, ils abritent le musée de Bretagne, l’Espace des Sciences et la bibliothèque.

Mais Rennes n’est pas seulement un laboratoire à ciel ouvert de l’architecture du futur. D’importantes commandes artistiques jalonnent aussi la ville d’£uvres d’art.  » L’Alignement du xxie siècle « , d’Aurélie Nemours, une sculpture urbaine composée de septante-deux colonnes de granit bleuté, hautes de 4,50 m est venu compléter la trentaine d’£uvres déjà installées en ville. Formée par le peintre Fernand Léger, l’artiste a choisi la voie de l’abstraction géométrique et des formes les plus épurées. Bien connue des Rennais et du milieu artistique en général – le centre Pompidou lui a consacré une exposition de 1 000 m2 en 2004 -, cette Parisienne pure souche a souhaité pour la zone d’aménagement concerté de Beauregard  » une £uvre de la terre vers le ciel « .

Autre phare de la création contemporaine, le Théâtre national de Bretagne connaît un succès étourdissant. Son festival international,  » Mettre en scène « , rassemblant metteurs en scène et chorégraphes de tout poil, est devenu un événement majeur, avec plus de 30 000 spectateurs.

Art, mode et petits plats

Les stylistes et galeristes rennaises aussi font leur mutation. Nathalie Lebas a ouvert l’enseigne Ekyog, qui propose des vêtements biologiques en bambou, algues marines et lenpur (issu du bois). De même, dans la boutique MM, les créatrices de vêtements, Gaëlle et Mathilde présentent une collection pour femmes enceintes. Chez Yu, les bijoux de créatrices les plus en vogue, La Molla (en acier et résine) et Anne 2n (en nacre naturelle sur lacets de cuir), sont simplement irrésistibles.

Rue d’Antrin, changement de décor, la galerie Oniris, dirigée par Yvonne Paumelle, est le lieu incontournable de l’art contemporain en Bretagne. Son choix exigeant d’artistes de renommée internationale, tels que Pierre Soulages, Norman Dilworth, François Morellet, Vera Molnar ou André Léocat, fait d’elle un pilier de la Fiac et de la Foire international de Cologne.

En gastronomie, une génération de jeunes chefs émerge. Des mets raffinés et inventifs sont au rendez-vous. Ce phénomène, né dans les années 1990 avec des restaurants comme Léon le Cochon, Le Piano Blanc ou encore le Tire-Bouchon (qui proposent toujours une cuisine très moderne, sans rompre avec un savoir-faire traditionnel), s’est amplifié avec une nouvelle pousse de talents, qui, à première vue, pourrait sembler iconoclaste. Autodidactes pour certains ou venus à la cuisine de manière détournée pour d’autres, leur force est leur profond respect des produits et de leur clientèle. Comme à la Cantine Délices, La Table d’Eugénie, L’Atelier des Gourmets ou encore L’Eau à la Bouche, qui ne désemplissent pas. Tous travaillent à l’inspiration, à partir de produits frais du marché et servent une cuisine créative à prix doux. Loin de l’image du chef figé dans le contentement de soi, ces jeunes cuisiniers ne demandent qu’à s’exprimer, comme ces sauces que l’on pousse à l’extrême pour leur faire livrer leurs saveurs. Le résultat : des merveilles qui réjouissent les papilles pour longtemps.

Guide pratique en page 58.

Francesca Torre

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