Votre petit ange a muté en adoleschiant ? Et l’année scolaire qui se profile vous stresse ? Voici les 10 conseils du Dr Olivier Revol, auteur d’un pertinent J’ai un ado… Mais je me soigne, pour vous aider à retrouver la sérénité familiale. et à réussir la rentrée.

Pédopsychiatre, le Dr Olivier Revol dirige le service de neuropsychiatrie de l’enfant à l’Hôpital neurologique au CHU de Lyon. Après Même pas grave ! L’échec scolaire, ça se soigne (1), il signe J’ai un ado… Mais je me soigne(2). Pour Le Vif Weekend, couplant son expérience professionnelle à son vécu de père de famille nombreuse, il livre les 10 clés pour une rentrée en toute sérénité.

1. Prenez conscience de ses rythmes biologiques

 » Des études cliniques ont prouvé que le rythme biologique des adolescents était différent de celui des adultes. La sécrétion de mélatonine, qui invite au sommeil, se fait plus tardivement. Ils ne peuvent donc pas s’endormir avant 23 heures, voire plus. On sait également qu’ils ont besoin de neuf heures de sommeil pour récupérer. Forcément, en se levant à 7 heures du matin en semaine, ils ont un sérieux déficit. Même si cela vous énerve de voir votre ado roupiller jusqu’à midi le week-end, ne le réveillez pas à 9 heures : laissez-le se reposer un peu plus longtempsà Cela fait une matinée en paix de gagnée ! « 

2. Gérez les jalousies entre frère et s£ur

 » Chaque enfant est différent. Certains sont plus anxieux, d’autres plus vulnérables alors que d’autres encore sont capables de supporter certaines contrariétés. Adaptez vos exigences parentales, personnalisez votre éducation, tout en conservant ses grands axes et en restant fidèles à vos valeurs ( » on respecte l’autre, on ne se met pas en dangerà « ). C’est un fonctionnement démocratique : on adapte les règles en fonction de la personnalité et de l’âge de l’enfant, tout en expliquant les prises de décision. La petite dernière se plaint de ne pas avoir de gsm ? Répondez-lui qu’elle en recevra un, mais pas avant les secondaires, comme son frère aîné. Idem avec l’argent de poche. On peut décider de donner 1 euro par mois et par année d’âge (soit 12 euros à 12 ans, 16 euros à 16 ansà). Cela permet de tenir compte des différences. « 

3. Respectez son domaine, sa chambre

 » C’est essentiel. Les ados ont peur du rapprochement physique. Une maman qui entre et qui met de l’ordre dans la chambre pose un acte vécu comme une véritable intrusion ! Respectez la pagaille, mais ne la cautionnez pas. Expliquez à votre enfant que vous n’êtes pas d’accord, que vous ne comprenez pas comment il arrive à travailler dans ce souk, mais surtout n’explosez pas, vous y perdrez votre crédibilité. De nombreux ados sont déstabilisés par la fureur dans laquelle leurs parents peuvent se mettre pour un détail comme celui-là qui leur paraît insignifiant.  » S’ils réagissent comme ça pour une broutille, cela signifie que si quelque chose de vraiment grave arrive, je ne pourrai pas compter sur euxà  » Finalement leur chambre est assez représentative de leur fonctionnement psychologique : elle est en jachère. La meilleure façon d’aborder le problème serait plutôt de leur demander s’ils veulent de l’aide pour la rangerà « 

4. Évitez les tête-à-tête solennels

 » Parce que le face-à-face sonne comme une réprobation ! Pratiquez plutôt ce que je nomme le « parler à côté » qui invite à l’égalité. Lorsque vous êtes en voiture, devant la télé, en jardinantà Vous pouvez aborder le sujet qui vous tient à c£ur, mais pas de front et sans que ce soit blessant. Commencez à parler de la journée, de ce qui passionne votre enfant. Puis abordez ce qui vous cause du souci :  » J’ai trouvé du shit dans ta poche, tu veux bien m’expliquer ?  » Il faut que la conversation soit périphérique et non frontale, sinon il va se braquer, et la confrontation sera explosive. « 

5. Gérez votre propre crise de la quarantaine

 » Entre 40 et 50 ans, on passe tous par les mêmes questions existentielles. Ce cap pas facile peut s’avérer encore plus complexe si on a un ado qui souffle sur les braises. Les parents doivent se soigner, s’occuper d’eux : tout ne tourne pas autour de leur enfant ! Que les parents sortent, qu’ils s’amusent. Il est important que les ados sentent que les deux personnes qui sont les plus importantes au monde pour lui vont bien. Des parents déprimés sont déprimants, des parents rassurés sont rassurants. « 

6. Adoptez la fermeté bienveillante

 » C’est l’arme absolue. La seule façon d’aborder correctement les ados. Si on est trop bienveillant, on risque de se faire avoir puisqu’ils sont très manipulateurs. Si on est trop ferme par contre, on les écrase. Or, plus il y a un excès de résistance, plus ils vont insister. Si on adopte la fermeté bienveillante, on va désamorcer le conflit. Exemple avec le shit, vous pouvez lui dire que vous trouvez cela inadmissible, mais demandez-lui aussi de vous expliquer pourquoi il en a besoinà Rappelez les règles de la maison tout en faisant preuve d’empathie, puisque en posant des questions sur sa façon de fonctionner, vous lui prouvez que vous vous intéressez à lui. « 

7. Privilégiez le fond à la forme

 » Ce que disent les ados est souvent juste, mais c’est la façon dont ils l’expriment qui est tellement amplifiée, excessive, revendicatrice et exigeante qu’on a tendance à couper court à la discussion, et à ne pas prendre le temps de les écouter. L’idéal serait de revenir sur le sujet qui  » fâche  » lors d’un moment plus propice. Reprendre la discussion avec votre enfant en lui indiquant que sa façon de s’exprimer est intolérable, mais que vous avez repensé à ce qu’il vous avait dit. Cela montre que sa parole a été entendue. Rappelez-lui qu’il n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour qu’on l’écoute, et mettez en £uvre le principe d’Archimède : arrêtez d’insister, ils ne résistent plus. Hiérarchisez aussi vos exigences sur les questions chambre, look, attitude grognon. Par contre, restez ferme concernant tout ce qui peut le mettre en danger (alcool, drogue, sexualitéà). « 

8. Passez un contrat

 » En début d’année, il faut que les choses soient clairement fixées avec votre enfant. L’ordinateur, par exemple : il ne peut l’utiliser que trois heures par jour pendant le week-end, mais pas en semaine. Il trouve cela ridicule ? Si ses notes sont bonnes, on peut revoir le contrat à Noël. Une fois le contrat passé, il faut s’y tenir ! Si vous l’autorisez à surfer deux heures un mercredi après-midi pour préparer un exposé, mais que vous oubliez de récupérer le clavier, c’est fichu. Cela signifiera à ses yeux que vous ne tenez pas vos engagements, qu’il ne peut pas avoir confiance en vousà « 

9. Ne craignez pas le conflit

 » De nombreux papas achètent la paix. Ils ont tendance à vouloir que tout se passe bien lorsqu’ils sont à la maison.  » Laisse-le jouer avec sa PlayStationà  » Mais comme en géopolitique, ce n’est pas bon d’acheter la paix ! Même si cela part souvent d’un bon sentiment. Un père trop complice n’est pas rassurant pendant l’adolescence. Au contraire, il contribue à la déstabilisation et peut aggraver le sentiment d’insécurité. Cela dit, ne soyez pas parfaits. Veillez à rester un modèle atteignable. « 

10. N’axez pas tout sur l’école

 » Mélanger l’affectif et le pédagogique, c’est une catastropheà Surtout si vous êtes enseignant ! S’il y a un souci, passez la main à un spécialiste. Ou adoptez la technique du grand frère : un étudiant en 3e année d’univ’ dans les études dont votre ado rêve (médecine, informatiqueà) vient deux fois par semaine pendant une heure. Il va lui donner une méthode d’études, et le faire réviser. Une démarche efficace parce que cet étudiant représente un modèle qui a réussi dans ce qu’il veut faire. Jouez avec votre enfant, faites des courses ensemble, surfez sur le Webà Mais ne le faites pas travailler, à moins que ce ne soit lui qui le demande. Intéressez-vous à ce qui l’intéresse, ne lui donnez pas l’impression que tout ce qu’il fait est nul. Restez simple, humble, humain et ferme et arrêtez de culpabiliser :  » vous êtes responsable de son bien-être, mais pas coupable de ses défauts.  » Une dernière réflexion pour relativiser : ce sont souvent les jeunes qui ont fait les pires crises d’adolescence qui seront les adultes les plus aptes à affronter les problèmes de la vie. « 

(1) Même pas grave ! L’échec scolaire, ça se soigne, aux éd. JC Lattès, 2006. (2) J’ai un ado… Mais je me soigne, aux éd. JC Lattès, en librairie dès le 15 septembre.

Par Valentine Van Gestel

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