Sur la plage de Pantai Seseh, non loin des sites en vogue de Seminyak, la Mahatma House associe les éléments d’architecture et de décor ethniques balinais à une démarche esthétique contemporaine. Un havre de sérénité ultrachic, mis en scène par le Belge Etienne Russo.

Avec Villa Eugénie, sa société d’organisation d’événements basée à Bruxelles, Etienne Russo s’est imposé comme un des grands talents de la planète fashion : il scénographie, avec une créativité époustouflante, les défilés des plus grandes griffes de mode. Pour mettre en scène, avec la complicité de la décoratrice Virginia Sanz, cette superbe résidence d’été baptisée Mahatma House, il a mis à profit cette expérience acquise dans le monde de l’éphémère pour créer une atmosphère au parfum d’éternité.

 » Lorsque nous avons vu pour la première fois cette plage merveilleuse située au sud-ouest de l’île de Bali, nous étions déjà séduits. Lorsqu’on s’y dirige en venant de l’aéroport, le trafic s’estompe, le paysage devient de plus en plus agraire. Durant quelques kilomètres, la route semble couper en deux des rizières qui ondulent à perte de vue. Une allée de palmiers resserre la vue qui s’ouvre enfin sur la plage de Pantai Seseh et les barques bariolées de ses pêcheurs. Avant de former un angle, le chemin en terre battue permet d’entrevoir un temple. « 

Virginia Sanz et Etienne Russo ont découvert le site où allait se construire la Mahatma House en même temps que l’architecte chargé du projet et aussi sa propriétaire, Raquel Meroño. Amie de Virginia, l’actrice espagnole souhaitait participer activement à l’aménagement de sa future maison de vacances balinaise.

Le look de la propriété se caractérise par le choix inspiré des matériaux. A épingler : les revêtements de toiture en shingles de Kayu Besi, et l’emploi du bois de fer, originellement utilisé dans l’architecture traditionnelle de Bornéo et disséminé ensuite dans toute l’Indonésie par les Néerlandais. Rouge lorsqu’elle est mise en £uvre, cette essence prend rapidement une élégante patine gris foncé, qui se fond avec les couleurs de la plage.

Pour les jardins, notre compatriote s’est assuré la collaboration du paysagiste indonésien Harwinsa Togatorop, mais c’est bien lui qui a imaginé le jardin vertical – qui sert de point focal à la longue piscine – en gros moellons de pierres Paras Silakarong, extraites dans la région d’Ubud, à l’intérieur des terres.

Climat oblige, la Mahatma House est largement ouverte vers l’extérieur. Le rez-de-chaussée est conçu comme un jardin d’eau que bordent différents salons. La finition des murs est partiellement réalisée en béton poli. Un effet lustré que l’on retrouve dans le mobilier, dont la table de la salle à manger fabriquée en bois massif.

Quelques accents occidentaux mis à part, comme les coussins qui agrémentent les canapés et autres fauteuils, le tempo est donné par les éléments de décor typiquement balinais mâtinés d’autres influences asiatiques. Le doré de la table de salon, par exemple, fait penser à la Chine. Les chaises basses, elles, rappellent les sièges des restaurants japonais.

La religion locale est évoquée avec un bouddha assis et souriant. Certains objets sont aussi détournés pour prendre une valeur décorative ajoutée. Il en est ainsi de cette sculpture composée d’un empilement de gongs dorés ou de ces huit couples balinais en bois peint qui entourent une vitre fumée, masquant avec élégance un écran de télévision.

La cuisine et la salle à manger occupent l’aile opposée du rez-de-chaussée. Les contrastes y sont admirablement interprétés, entre la table laquée en bois massif, les chaises d’inspiration japonaise, le béton poli et les bidons verts en métal qui tapissent le haut des murs de la cuisine. Et, à nouveau, on est charmé par le jeu de la répétition, à l’image de cette multitude de fleurs de frangipanier disposées en guise de milieu de table.

À l’étage, l’aile principale compte deux grandes chambres en suite, dont les salles de bains donnent sur le jardin. Les profondes baignoires ont été réalisées sur place dans une finition qui évoque le tadelakt, l’enduit traditionnel marocain. Les chambres jouissent d’une vue imprenable sur les flots. Si on y décèle quelques éléments de décor indigènes, l’ambiance se veut d’un chic contemporain dans la sélection ultrapointue des matières, des couleurs – le noir et le blanc – et aussi dans l’utilisation de miroirs fumés.

Aucun détail n’a été négligé pour offrir aux occupants de la Mahatma House une sensation inouïe de confort et de raffinement. Comme un rêve éveillé, à deux pas de la plage sauvage, au bout du monde.

Carnet d’adresses en page 104.

Par Jean-Pierre Gabriel

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