Isolé dans sa bulle, mais ouvert sur le monde. Disponible pour ses proches, mais seulement à domicile. Tel est le concept du  » hiving « , nouvelle forme de cocooning en vogue.

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur La Première (RTBF radio).

E ncore un anglicisme. Encore un mot bizarre pour désigner une tendance comportementale révélatrice de l’air du temps. Normal : le courant vient, une fois de plus, des Etats-Unis et le néologisme n’a pas été pensé pour sourire aux francophiles. Le problème, c’est que cette nouvelle tendance gagne précisément la vieille Europe et qu’il serait donc judicieux, à terme, de lui trouver une traduction appropriée. Le défi est donc lancé ! A vous d’imaginer un équivalent français au mot hiving û la tendance en question û qui englobe des notions aussi subtiles que l’évocation d’une ruche et, surtout, l’envie de faire de sa maison le centre de ses activités sociales et, pourquoi pas, professionnelles. Alors, avez-vous une petite idée pour résumer tout cela en un seul mot ? Histoire de vous aider dans cette délicate mission linguistique, voici le décor brièvement planté. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, plusieurs enquêtes ont clairement démontré que les Occidentaux (et surtout les Américains) vivaient davantage à la maison, loin des menaces potentielles de nouveaux actes terroristes. Le retour en force de valeurs aussi fortes que la famille et la patrie ont ainsi généré une nouvelle forme de cocooning (désolé pour ce deuxième anglicisme, mais celui-là est passé dans le langage courant !), un cocooning baptisé hiving parce que davantage ouvert sur le cercle des proches, mais aussi sur le monde extérieur. En clair : on privilégie désormais la vie à la maison qui devient le lieu de rendez-vous sacré de la famille et des amis, voire l’axe central de l’épanouissement professionnel (vive le télétravail !) Dans cette logique, l’adepte du hiving repense carrément son habitation pour qu’elle soit la plus  » sociale  » possible et privilégie donc les espaces de convivialité au détriment de pièces plus intimes. Bref, des endroits comme le salon, la cuisine et la salle à manger sont agrandis et décloisonnés pour optimaliser les relations sociales (finies les portes !), tandis que les espaces plus intimes comme la chambre à coucher et la salle de bains se voient réduits à leur plus simple expression architecturale. Théâtre d’une nouvelle dynamique sociologique, la maison n’est donc plus un cocon isolé du monde extérieur, mais bien un espace d’échanges réservé aux proches et branché en permanence sur la société puisque le maître des lieux est évidemment un grand amateur d’Internet, fibre  » communautaire  » oblige. Certes, il joue la carte du retranchement délibéré et des relations triées sur le volet, mais il refuse toutefois d’être taxé d’ignorant consentant et choisit donc, à ce titre, de se  » surconnecter « . Cet intérêt manifeste pour la société (dans laquelle il vit pourtant en reclus) fait de lui une véritable petite abeille qui butine volontiers l’information et qui considère son habitation comme le c£ur de sa vie socioprofessionnelle. D’où cette notion de ruche revisitée. D’où le néologisme hiving. D’où le casse-tête linguistique. Alors, vous l’avez trouvée, cette traduction ?

Frédéric Brébant

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