Des parcs naturels aux grandes plantations de thé dans l’ouest du Kenya, prenez le temps de découvrir ce pays aux multiples facettes. Avec en prime, l’extra-ordinaire sourire de ses habitants…

En langue swahili,  » safari  » signifie  » voyage  » et le Kenya, l’un des plus beaux joyaux de l’Afrique de l’Est, symbolise à lui seul cette traduction. Un  » voyage  » cependant paisible, débutant tout naturellement par la capitale Nairobi, l’une des plus grandes villes d’Afrique avec ses 3 millions d’habitants. Située non loin de l’équateur et à 1 600 m d’altitude, Nairobi se veut une ville agréable et aérée, encore épargnée par les constructions modernes. D’ici, en solo ou en groupe, mais à condition de disposer d’un 4×4, d’un bon chauffeur et de renseignements détaillés, il vous est loisible de partir à la découverte d’un pays riche de pas moins de 26 parcs nationaux et de 29 réserves naturelles. Les passionnés de safaris-photos s’emballeront sans aucun doute pour le mont Kenya (5 199 m et deuxième sommet d’Afrique) mais aussi pour le Parc national de Meru à 370 km de Nairobi ou encore, au nord, pour la région du lac Turkana. Les amateurs d’exotisme et de sable fin privilégieront quant à eux, Mombasa, principal port du pays et porte océanique de l’Afrique de l’Est… Tant de beautés naturelles qui nécessiteraient sans doute plus d’une vie pour les découvrir et les apprécier…

Plein ouest vers le lac Nakuru

Notre safari-photo débute dès que nous quittons Nairobi. A l’infini : une terre ocre sang. Cap au nord-ouest, sur la route qui nous mènera à Kisumu au bord du grand lac Victoria, source du Nil et véritable mère nourricière pour ses 30 millions de riverains. Entre la capitale et la vallée du Rift, notre 4×4 traverse la terre des Kikuyu, peuple d’agriculteurs qui exploite le sol volcanique et cultive maïs, pommes de terre, choux, carottes, ainsi que de nombreux autres légumes. Sur le bord de la route – en éternel voie de réfection -, des paysans proposent leurs produits tandis que les femmes transportent sur la tête ou le dos, leur enfant, des bidons d’eau ou encore du bois de chauffe… Petits villages, hameaux ou maisons isolées ponctuent ici et là les abords du chaotique ruban d’asphalte. En briques et ciment ou en banco (terre et paille), les constructions ressemblent à des cubes, mais les façades toutes orientées vers la route, se colorent de façon artisanale et joyeuse de publicités aux couleurs vives et chatoyantes. Soudain, après un tournant, se déploie la vallée du Grand Rift. A perte d’horizon, on y découvre une végétation, ponctuée de cactus géants, d’acacias et de flamboyants. A 157 km de Nairobi (2 h 30 de route), le parc et réserve naturelle du lac Nakuru, qui s’étend sur 117 km2, offre l’occasion d’observer un grand nombre d’animaux. Son lac alcalin de 62 km2, enserré dans le parc, accueille le plus grand sanctuaire de flamants roses au monde. Notre guide nous explique que cette véritable mer de grands oiseaux colorés n’est composée que de mâles et de jeunes ramenés la nuit par leurs mères depuis leurs lieux de naissance, les lacs Magadi ou Natron, à la frontière tanzanienne. Les femelles repartent en effet aussitôt pour donner naissance à d’autres petits… Outre les flamants roses, on croise ici une multitude de zèbres, buffles d’eau, phacochères, babouins, grues royales, impalas et autres élégantes gazelles. Mais aussi des girafes, de splendides singes Colobus et des rhinocéros blancs et noirs à l’apparence paisible des plus trompeuses…

Le vert tendre de Kericho

Nous quittons le parc naturel du lac Nakuru, pour aborder la rive occidentale de la vallée du Rift. Les cultures troquent alors l’or des champs de blé pour le vert éclatant des plantations de thé. À 40 km de l’équateur, à 2 200 m d’altitude, sur plus de 8 000 hectares, les parcelles ondulent sous nos yeux, denses et entrecoupées de sentiers de terre rouge. Capitale kényane du thé, la ville de Kericho porte le nom du premier cultivateur de thé, l’Anglais John Kerich. Hérités de l’ancienne colonie britannique, les grands domaines sont plantés de théiers importés d’Inde en 1925 par la compagnie Brooke Bond qui ont vu leur nombre plus que doubler depuis l’indépendance du pays en 1963. Les Kipsigis (ethnie du peuple Kalenjins) et les Kisii vivent et travaillent parmi les théiers  » camellia sinesis « . Ces plantations profitant de l’excellente situation géographique (latitude et altitude) et des conditions climatiques favorables (pluies fréquentes) poussent rapidement, nécessitant une cueillette tous les 15 jours et cela tout au long de l’année. Les petites maisons rondes, comme les anciennes cases ou carrées, des travailleurs ponctuent, blanches et bien alignées, un paysage que l’on s’attendrait davantage à voir en Asie. Pour visiter les exploitations, il faut montrer patte blanche. Nous sommes ici en effet sur les terres d’Unilever, l’un des plus grands groupes agroalimentaires de la planète et dont les thés Lipton sont – depuis 1972 – le produit-phare. Sur les 11 000 hectares répartis au Kenya et en Tanzanie, la multinationale produit annuellement 46 000 des 170 000 tonnes de thé (essentiellement noir et présenté sous son label Yellow) inondant le marché international de ses 85 milliards de sachets ! La population locale, pourtant grande consommatrice, n’y touche pourtant pas car le prix du thé produit par Unilever est inabordable pour elle. Toutefois, les 11 000 ouvriers (auxquels s’ajoutent 5 000 saisonniers) travaillant sur les plantations de Kericho bénéficient d’une qualité de vie plutôt rare en Afrique. Ceux-ci s’inscrivent en effet dans un projet  » pilote  » de développement durable et éthique. Outre une gestion raisonnée des forêts d’eucalyptus fournissant le bois de chauffe nécessaire au processus de fermentation du thé, Unilever Tea East Africa (UETA) a réussi à maintenir et même développer une gestion à visage humain. Elle inclut l’utilisation minimale de pesticides, le recours à des énergies renouvelables (vent et eau), la protection des forêts naturelles (100 000 arbres indigènes replantés), la création d’une réserve pour les singes et, surtout, la gestion minutieuse de l’eau tant pour les cultures que pour les hommes. La société finance (ou cofinance) en outre pour tous les ouvriers, des hôpitaux (traitant notamment le sida et la malaria), des écoles primaires, des équipements sociaux et même, des postes de police. Unilever est enfin membre de l’ETP, un organisme international garantissant une gestion éthique des plantations de thé à travers le monde (tant au niveau de l’âge que des salaires minimums des ouvriers). Un fameux défi puisque toute une région dépend directement ou indirectement de l’exploitation du thé. Le souci d’accroître la rentabilité dans ce secteur comme ailleurs a déjà menacé beaucoup d’emplois. Pas encore touché par les restructurations, Kericho fait un peu figure de  » dernier carré d’irréductibles « . Mais le doute plane quant à la durée de cette façon d’exploiter un des produits nobles de notre planète…

Reportage : Sophie Dauwe et Jean-Jacques Serol /Pepite Photography

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