St. Pete, comme ses habitués l’appellent affectueusement, est située sur une péninsule entre la baie de Tampa et le golfe du Mexique. Avec ses 360 jours d’ensoleillement par an, on la surnomme Sunshine City. Pour cette raison, Saint Peterburg est une destination privilégiée non seulement pour les touristes mais aussi pour les amoureux d’art. Explications.

Six heures du matin. Les premiers rayons de soleil éclairent la baie de Tampa, en Floride. À St. Pete, de nombreux joggeurs et cyclistes profitent de la douceur matinale pour courir dans le parc Vinoy et en bord de marina. Bientôt, le thermomètre atteindra les 40 °C et l’air se chargera de 80 % d’humidité. Une excellente raison pour venir dans cette élégante station balnéaire en hiver, afin de profiter d’un climat plus clément et d’une rafraîchissante brise de mer.

Les premières habitations de ce coin de Floride, sur le golfe du Mexique, datent de la grande spéculation immobilière du xixe siècle. En 1875, un fermier du Michigan, John Williams, achète plus de 1 000 hectares de terrain afin d’y construire  » sa  » ville. Plus tard, en 1888, Peter Demens, un noble russe émigré, y fait passer sa ligne de chemin de fer. La légende veut que les deux associés jouent à pile ou face le nom de l’agglomération. Demens gagne et choisit le nom de sa ville natale : Saint-Pétersbourg.

Ville d’art et de culture

Première halte pour renouer avec le faste d’antan, l’hôtel Vinoy. Fierté de St. Pete, il reflète bien l’esprit chic et snob de ses premiers pensionnaires. Construit en 1925, il est d’abord ouvert uniquement en hiver et héberge dans un décor cossu les familles les plus riches et les plus influentes d’Amérique. À son inauguration, la chambre se loue au prix exorbitant de 20 dollarsà La récession des années 30 puis la Seconde Guerre mondiale, quand il se voit transformer en hôpital, cassent le mythe et lui enlèvent rapidement de son lustre et de sa renommée. Menacé de destruction dans les années 70, il est finalement classé monument historique et un plan de restauration de près de 34 millions de dollars (255 millions d’euros) est voté par la Ville pour le sauver. Racheté par une chaîne d’hôtels en 1996, il reconquiert, en 2002, toute sa beauté, son charme et son faste.

2011, année DalÍ

Lieu paisible de villégiature durant des décennies, en rien destiné à jouir d’une renommée mondiale, Saint Petersburg va pourtant connaître un développement considérable grâce au peintre catalan Dalí et à ses deux mécènes, les époux Morse. En 1941, après avoir vu une de ses expositions en Espagne, le richissime Reynolds Morse et sa fiancée Eleanor, fascinés par l’art et le personnage de Dalí, achètent une première toile avant de rencontrer l’artiste et sa femme Gala. Une solide amitié lie rapidement les couples, et les Morse se constituent à Cleveland, dans l’Ohio, où ils résident, la plus importante collection privée des £uvres figuratives du maître de Figueras. Quand, en 1965, les Morse acceptent de prêter près de 200 pièces de leur collection à la Ville de New York, ils réalisent que les tableaux qu’ils possèdent représentent une véritable rétrospective, comptant les premières £uvres figuratives, les premières expériences surréalistes et les opus de maturité. Ils décident dans un premier temps de les exposer dans une usine leur appartenant. Leur collection devenant de plus en plus importante et encombrante, les Morse partent ensuite à la recherche d’un musée national qui pourrait l’abriter dans sa totalité. Leur quête, reprise même par le Wall Street Journal, attire l’attention d’un édile de Saint Petersburg, résolu à acquérir l’ensemble. Un projet sérieux, auquel participe l’État de Floride, est mis sur pied et un nouveau musée est construit. En 1982, l’ensemble de la précieuse collection y est transféré.

Malgré l’ajout d’une aile au musée, les 1 300 sculptures, photos, hologrammes, objets d’art, plus 100 aquarelles et dessins et les 96 huiles originales restent toujours à l’étroit. Elles doivent tourner et parfois rester de longues années dans les réserves avant d’être montrées au public. Ce trésor unique, estimé aujourd’hui à plus de 340 millions d’euros, va connaître un nouvel essor avec l’inauguration, le 11 janvier prochain, d’un tout nouveau musée de plus de 6 000 m2 ayant coûté la bagatelle de 28 millions d’euros. L’entièreté des £uvres y seront exposées et le bâtiment deviendra aussi lieu de rencontre mondial, d’éducation et de recherche sur l’art.

St. Pete possède également le Museum of Fine Arts, renommé pour ses collections d’art européen, américain, précolombien et asiatique. Parmi les £uvres les plus importantes, on y trouve un Cézanne ( Au coin des bois), un Monet ( Parlement, effet de brouillard, Londres) ou des statues de Rodin. Envie de connaître l’histoire de St. Pete ? Un autre musée relate pour sa part la vie de la cité des temps préhistoriques à nos jours, avec de nombreuses animations. On y voit notamment le Benoit, l’hydravion emprunté par le premier passager payant survolant Tampa Bay en 1914à

Histoire et plages

Considérer Saint Petersburg comme une ville uniquement muséale serait réducteur. Outre ses trésors culturels, la cité balnéaire et ses environs regorgent de trésors naturels, historiques et gastronomiques. Située à l’estuaire de Tampa Bay, à quelques kilomètres au sud, l’île d’Egmont Key, d’une surface de 178 hectares, compte l’un des derniers phares des États-Unis encore en activité. Construit en 1858, il est toujours utilisé pour guider les bateaux qui entrent dans la baie. Egmont Key recèle aussi une réserve naturelle pour la faune si particulière de la Floride. Accessible uniquement par bateau et sévèrement réglementée, l’île abrite une grande population de tortues terrestres de Gopher et sa plage est la zone de nidification des tortues marines caouannes, en voie de disparition.

Pour découvrir l’histoire de la région, il faut visiter Heritage Village. Situé dans le Pinewood Cultural Park, le village comprend 28 maisons permettant de goûter aux charmes floridiens du xixe siècle. Dans un jardin de pins et de palmiers se nichent une petite école, une église, un entrepôt, un dépôt de magasin des chemins de fer, de même que diverses résidences particulières.

Encore plus surprenant : Tarpon Springs, la plus ancienne ville de la région, baptisée ainsi en l’honneur de plongeurs grecs qui y firent commerce d’éponges naturelles dès 1905. Une communauté toujours bien vivante qui continue à fréquenter la cathédrale orthodoxe St. Nicholas, conçue selon les plans des grandes cathédrales byzantines. À ne pas manquer : la fête de l’Épiphanie, le 6 janvier, avec messe, plongée de la croix dans le Spring Bayou ou encore, musique, danses et plats grecs typiques.

Les amateurs de cuisines étrangères apprécieront de tester la cuisine russe composée par des lointains descendants de Peter Demens. À moins de préférer les produits de la mer dont le délicieux Stone Crab, qui sont pêchés de la mi-octobre à la mi-mai et servis froids avec une sauce à la moutarde ou au beurre. Vous pouvez aussi savourer des mets typiquement cubains, une colonie importante de Cubains émigrés s’étant établie à St. Pete. Le tout généralement dans une ambiance musicale bon enfant. Par tradition, les principales rues de la ville se ferment également à la circulation chaque premier vendredi du mois pour laisser place à des groupes musicaux locaux.

Si vous décidez d’opter pour une ambiance plus calme, quelques dizaines de restaurants ouvrent, eux, généreusement leur terrasse sur le golfe du Mexique. Réputée pour la blancheur, la finesse de son sable et la largeur de ses plages qui cumulent 56 kilomètres de longueur, St. Pete truste les récompenses. Sa plage de Fort De Soto Park s’est vu attribuer, en 2008, le titre envié de plus belle plage des États-Unis par TripAdvisor, le site communautaire dédié aux voyages. En 2009, c’est au tour de Honeymoon Beach (lune de miel) sur Island State Park d’être plébiscité par le siteà De quoi rêver aux £uvres de Dalí sous les étoilesà

Par Chantal Piret

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