Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur la Première (RTBF radio).

L e bon vieil homme-sandwich n’est pas encore mort. Arguant de la flexibilité de ce média séculaire, certaines entreprises croient toujours en son avenir publicitaire (comme, par exemple, www.beside-media.com). Mieux, quelques promoteurs originaux ont même développé des variations inédites autour de ce concept, à l’instar de cette société américaine qui propose désormais des tee-shirts trop longs avec slogan à placer à hauteur des fesses, partant du principe que cette partie du corps est la plus regardée chez la gent féminine ( www.rumpersnickers.com). XXIe siècle oblige, de nouvelles versions de l’homme-sandwich apparaissent toutefois, beaucoup plus technologiques et donc davantage adaptées à l’étonnement des foules. Ainsi, au Japon, la firme Suntory emploie désormais des espèces de cyborgs redoutables, avec casque surmonté d’un écran à cristaux liquides pour diffuser ses messages commerciaux in situ ( www.suntory.co.jp/news/2003/8494.html). Comme par le passé, le leitmotiv consiste à surprendre un consommateur de plus en plus blasé par la publicité, histoire de le faire sourire et donc de le séduire. Pour atteindre cet objectif légitime, force est de constater que la tendance émergente est à la transformation de l’être humain en support idéal. Comprenez : l’homme ne porte plus de pancartes ; il devient le messager privilégié d’une marque par l’intermédiaire de son épiderme ou, mieux, de sa fidélité excessive au produit. Toujours à l’affût des nouveaux courants émergents, les fins stratèges de la communication parlent déjà, à ce sujet, de marketing identitaire, histoire de souligner cette fusion totale entre l’homme et le slogan qu’il défend. Exemple concret : en Grande-Bretagne, une agence de pub s’est récemment fait remarquer en louant le front d’étudiants pour y apposer des logos-tatouages temporaires. Pour 125 euros, ces volontaires étaient  » simplement  » obligés de s’exposer en public, pendant une semaine, afin de vanter le nom d’un magazine ou celui d’une chaîne de télé. Si certains capitalistes extrémistes rêvent déjà de la version  » tatouage permanent « , d’autres initiatives démontrent que l’on glisse doucement vers ce genre de dérive  » indélébile « . Aux Etats-Unis, des bureaux d’étude planchent en effet sur un projet de contrat de fidélité à vie entre une marque et ses clients. En clair, un consommateur s’engagerait à acheter le même soda ou les mêmes céréales jusqu’à sa mort et recevrait, en échange, une rémunération pour ce dévouement commercial. Mais pourquoi tant d’efforts ? Car au pays de l’Oncle Sam, les enfants qui portent le nom de marques sont de plus en plus nombreux et, ceci, sans aucun échange d’argent entre les parents et les sociétés concernées. La législation en matière de prénom y est nettement moins stricte qu’en Europe et un chercheur de l’American Name Society a ainsi dénombré près de 300 petites Armani nées en l’an 2000 aux Etats-Unis. Et on ne vous parle pas des Lexus, Courvoisier, Nivea, Chanel et autres Timberland recensés depuis ! Visiblement, la tendance va en s’amplifiant au c£ur des familles américaines, sans doute éblouies par le prestige supposé de ces noms qui les font rêver. A la grande joie, évidemment, des marques intéressées qui ne déboursent pas un rond pour ces nouveaux humains-sandwichs…

Frédéric Brébant

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