SANS VANITÉ

Avec ses bijoux tête de mort à l’effigie de John Lennon, Mozart, YSL ou Terminator, le joaillier français se taille un joli succès. Quand humour et idées noires font alliance.

D’autres auraient ouvert leur boutique à Paris. Pas Franck Montialoux. C’est dans les gorges du Tarn, à Sainte-Enimie, classé parmi les Plus Beaux Villages de France, que le créateur a choisi d’élire domicile, il y a deux ans. Dans sa petite enseigne, on trouve ses bijoux, bien sûr, mais aussi des produits du terroir et autres articles de déco, dont une sélection d’objets signés du label belge Flamant. L’homme, authentique et sincère, n’est pas à un paradoxe près, tout est chez lui question de coup de coeur.

Après avoir subi pendant dix-sept ans le stress de la Ville lumière, le Français préfère désormais le calme des promenades en pleine nature, lorsqu’il fait prendre l’air à Édouard, son bouledogue. La famille n’est plus loin non plus, comme ses parents, anciens épiciers reconvertis dans la location de kayaks. Mais si le Lozérien est devenu une star locale – il a d’ailleurs tourné récemment un spot vantant les mérites de sa région natale -, ses créations se retrouvent aussi dans plusieurs points de vente sélects, comme le concept store Smets Premium, à Bruxelles, ou la boutique Tess, à Charleroi.

C’est dans une demeure du XIIIe siècle, qu’il a complètement rénovée avec son frère, que Franck Montialoux imagine ses bagues et bracelets. Sous une lucarne, il gratte la cire, sculpte le métal et joue avec les pierres, pour donner vie à ses vanités et pièces de joaillerie.

Enfant, Franck Montialoux dessine tout ce qu’il voit. Il n’a pas 8 ans quand il copie des tableaux de Picasso. Ado, il hésite entre étudier le commerce international en art ou devenir chef cuistot. Ses aptitudes artistiques prendront finalement le dessus, même si l’amateur de bonne chère garde toujours plaisir à mitonner des petits plats en sauce.

Un premier stage – auprès du commissaire-priseur Jacques Tajan – lui permet de participer à l’exposition itinérante The Magical Art of Cartier. Durant quelques mois de 1998, il voyage autour du monde, pour présenter ces objets d’exception. De quoi le familiariser avec l’univers de la joaillerie, développer son amour des belles choses… et trouver terriblement ennuyeux les tableaux qu’il croise, de retour de périple, en tant que préparateur de vente. Les trésors de Cartier l’obsèdent, et il décide de changer de voie, pour adapter son coup de crayon à sa nouvelle passion. Son projet ? Créer une maison axée sur des bijoux élégants et modernes. Des formes innovantes et pures à la fois, des modèles haut de gamme ou, au contraire, plus accessibles.

Où qu’il aille, Franck Montialoux garde un carnet d’esquisses à portée de main. Dès que l’inspiration lui vient, il y trace rapidement les traits d’une future pièce. Les idées ne manquent jamais, à tel point que le joaillier propose régulièrement ses services à d’autres marques, pour l’élaboration de leurs collections.  » J’aime voir mes croquis prendre forme, que ce soit pour ma ligne ou ailleurs « , confie-t-il, en effleurant des doigts l’une des étoiles qu’il s’est fait tatouer à l’arrière du cou.

Ces collaborations ne l’empêchent évidemment pas de développer son propre univers, à la fois dark et romantique, toujours ponctué d’une dose d’humour. En témoignent ses bijoux vanité, à l’effigie de dizaines de personnages et personnalités, comme Mickey, Coco Chanel, Dark Vador ou les Village People.  » Je n’ai pas attendu que les têtes de mort soient à la mode pour en concevoir. Elles font partie de mon répertoire, depuis bientôt treize ans. À l’origine, le crâne n’était pas associé à une image négative. Il véhiculait un message épicurien, la fin pouvant survenir à tout moment.  » Avec sa vision ludique, le créateur perpétue, plus que jamais, cette tradition hédoniste.

PAR CATHERINE PLEECK

 » UN MESSAGE ÉPICURIEN « 

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