Le chef gantois René Jacobs est l’un des meilleurs au monde dans son interprétation du répertoire baroque. Il nous le prouve une fois encore, avec ce nouvel enregistrement de l’oratorio  » Saül  » de Haendel.

 » Saül « , avec Gidon Saks, Lawrence Zazzo, Rosemary Joshua… RIAS-Kammerchor, Concerto Köln, René Jacobs (direction) : un coffret harmonia mundi

On dit souvent que la création de  » Saül  » à Londres en 1739 a marqué le début d’une seconde carrière pour Haendel. Après avoir brillé à l’opéra, il allait désormais se consacrer à l’oratorio, genre qui lui vaudrait de nouveaux succès auprès d’un public qui avait boudé ses derniers ouvrages lyriques.

Qu’est-ce qui différencie l’oratorio de l’opéra chez Haendel ?

Dans ses opéras, Haendel avait tenté, de diverses façons, de rompre la rigueur assez monotone du genre  » seria  » (alternance de récitatifs accompagnés au clavecin et d’airs avec orchestre). L’oratorio lui a donné plus de liberté encore et on peut affirmer qu’il s’y est livré à une authentique réforme de l’art lyrique. L’utilisation des ch£urs, notamment, a pris alors une dimension que ne lui permettait pas l’opera seria. Les grands sujets bibliques, qui mettent toujours à l’avant-plan le peuple juif, étaient évidemment un terrain de choix pour exploiter cette nouvelle richesse.

Saül, roi d’Israël, meurt avant la fin du récit. Le véritable héros n’est-il pas David, qui a vaincu Goliath ?

David a un côté presque surhumain dans sa perfection. Saül est plus humain, plus proche de nous. Il est en fin de compte détruit par sa propre jalousie, un peu comme l’Othello de Shakespeare. Haendel introduit aussi les personnages de Michal et Mérab, les deux filles de Saül, et avec elles l’élément de conflit amoureux. Mais l’un des grands thèmes de l’£uvre est d’ordre contemplatif : c’est le pouvoir de la musique terrestre, reflet de la musique divine.

Comment Haendel a-t-il caractérisé les deux personnages masculins principaux ?

Saül, le personnage terrestre, est chanté par une voix de basse. David, le héros surhumain, est chanté par la voix masculine la plus aiguë dont Haendel pouvait disposer à l’époque, celle du contre-ténor. Il ne s’agit donc pas d’un rôle de castrat et Haendel laisse au contre-ténor tout le loisir de s’épanouir dans une tessiture et un style d’écriture qui lui conviennent à merveille.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content