La Femme
» J’ai été élevé, comme beaucoup d’enfants, par des femmes. Mais c’est particulièrement vrai dans mon cas : outre ma grand-mère, qui a énormément compté pour moi et que j’adorais, j’avais beaucoup de tantes, de cousinesà Et je me suis vite rendu compte qu’elles étaient toutes plus intelligentes et plus fines que nous, les garçons. J’ai aussi rapidement trouvé injuste le rapport de force qui existait dans la société. Symboliquement, j’ai voulu changer cela en inversant le sens de boutonnage des vêtements des hommes, pour le calquer sur celui des femmes – traditionnellement, les hommes devaient avoir immédiatement accès à leur portefeuille, parce qu’il était évident que c’était eux et uniquement eux qui payaient. Mais j’ai dû faire marche arrière pour des raisons de marché. Les bastions de conservateurs ne se trouvent pas toujours là où on les attendà «
La célébrité
» J’ai besoin, pour réfléchir, d’être seul par moments, de faire des choses » bêtes « . Enfin, plutôt des choses simples et ordinaires. Essayer de rester une journée à ne rien faire, m’alimenter de télé, de films, des passants que l’on observe installé à une terrasse de caféà C’est plus difficile aujourd’hui, parce que je ne suis plus anonyme. Quand on me reconnaît et qu’on vient me parler, je le vis plutôt bien, mais je n’ai jamais rêvé de célébrité. Là aussi, les choses ont changé par rapport à mes débuts. A l’époque, on ne faisait pas ce métier pour le côté show off. Aujourd’hui, j’ai l’impression que beaucoup de jeunes choisissent la mode pour devenir célèbres. Ils hésitent sans doute entre chanteur, mannequin ou créateur. La célébrité devient un but en soi. «
Le croquis
» Un jour, j’ai vu un spectacle des Folies Bergère à la télé – ma grand-mère me laissait décidément beaucoup de libertés ! Le lendemain, à l’école, j’ai dessiné une femme avec des plumes, des paillettes et des bas résille. La maîtresse, après m’avoir donné un fameux coup de règle sur les doigts, a épinglé le dessin dans mon dos et m’a fait faire le tour des classes, pour me faire honte. C’est exactement l’effet inverse qui s’est produit. Pour la première fois, j’étais celui qui faisait rire les autres, l’impertinent, le gai luron. Ce fut un déclic. J’ai compris que mes dessins m’ouvraient des portes, et j’ai voulu en vivre. J’ai arrêté de mentir. «
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