Et si le mutisme était la meilleure arme de séduction massive ? Tel est le pari des  » quiet parties  » qui arrivent enfin chez nous. Chut devant !

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur la Première (RTBF radio).

Une feuille, un stylo, cinq euros. Et surtout pas de bruit. Pas le moindre bruit. Le concept est d’une simplicité désarmante et d’une efficacité redoutable. Après avoir séduit les villes de New York, Seattle, Londres et Paris, la  » quiet party  » débarque enfin en terre bruxelloise. Dans quelques jours, la toute première  » soirée silencieuse  » sera en effet organisée dans la capitale, pour le plus grand plaisir des amateurs de calme et le plus grand bonheur des allergiques aux cris (pour le lieu, la date et l’heure, surfez sur www.quiet-party.be). Concrètement, il s’agit de laisser la parole, les décibels et les téléphones portables au vestiaire, histoire de rencontrer l’âme s£ur sous le signe exclusif du silence roi. D’où la feuille et le stylo. Car le verbe n’est pas totalement exclu de ce temple insonorisé : il n’est admis que sous sa forme écrite dans une valse de billets griffonnés et de petits mots doux. Bienvenue donc aux poètes, aux timides et aux érudits : au c£ur des  » quiet parties « , la drague s’accomplit tout en douceur, au fil des mots improvisés et sans la moindre tchatche pompeuse. Originale, l’initiative était toutefois prévisible. Après des années d’assourdissement subi dans des boîtes bondées et enfumées, on pouvait s’attendre à ce que le citadin ait enfin envie de calme et de soirées feutrées. D’autant plus que la tendance était, ces derniers temps, à la performance oratoire avec les fameuses rencontres de  » speed dating  » toujours d’actualité en Belgique ( www.flashdate.be). Pour rappel, ce concept de rendez-vous éclair consiste à mettre, à tour de rôle, sept hommes face à sept femmes pour un dialogue de sept minutes en tête à tête. Avantage aux fins limiers de la rhétorique ! Aujourd’hui, les introvertis respirent avec soulagement car l’heure de la revanche a enfin sonné. Grâce aux  » quiet parties « , ils peuvent se faire entendre sans le moindre bruit. Dompter les mots sans les prononcer. Séduire sans parler. Utopique ? Pas vraiment. Flippant ? Sans doute. Car le silence met forcément mal à l’aise. Pourtant, il peut être  » la plus belle preuve de l’amour  » pour reprendre la pensée audacieuse d’Amélie Nothomb dans son roman  » Péplum « . Il suffit simplement d’y croire et de l’accepter. Que les angoissés du mutisme, toutefois, se rassurent : le concept de ces nouvelles  » quiet parties  » n’est pas à 100 % muet puisqu’il se décline, in fine, en deux parties bien distinctes. Première étape : gloire au silence, de 19 à 21 heures, avec billets doux et drague subtile au programme. Deuxième étape : retour à la dure réalité sonore, de 21 à 23 heures, pour une soirée dansante où les bavardages, les cris et les chuchotements sont à nouveau permis. Histoire d’entendre enfin la voix de son interlocuteur faussement taciturne. Comme quoi on ne supprime pas l’hégémonie du bruit d’un simple trait de stylo, fût-il silencieux…

Frédéric Brébant

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