Pour les besoins du biopic Diana, qui sort ce 25 septembre sur grand écran, l’actrice australienne Naomi Watts s’est non seulement glissée dans la peau de la princesse, mais aussi dans la garde-robe de cette icône fashion des nineties. Rencontre avec l’équipe du film, sur le plateau de tournage.

UNE HISTOIRE

Le véritable grand amour de Diana Spencer, princesse de Galles, n’était ni le prince Charles, ni Dodi Al-Fayed, mais le chirurgien cardiaque Hasnat Khan. Seize ans après la mort de cette grande dame, le film Diana a choisi de dévoiler cette romance secrète qui a duré deux ans, avant l’accident mortel de 1997.  » Chacun possède une image très personnelle de Diana, assurait le scénariste Stephen Jeffreys, lors du tournage à Hertfordshire, non loin de Londres. Tout le monde la connaît en tant que princesse du peuple, une femme qui s’est battue corps et âme contre les mines antipersonnel et les paparazzi. En revanche, peu de gens étaient au courant de sa relation secrète avec le chirurgien cardiaque pakistanais Hasnat Khan.  » L’histoire veut que Diana ait rencontré le médecin à l’hôpital. Il venait d’opérer un ami auquel elle rendait visite.  » Elle est instantanément tombée sous le charme de sa bonté, de ses mains et de son visage, raconte Stephen Jeffreys. Le fait qu’il l’ait initialement ignorée le rendait encore plus attirant à ses yeux. La belle n’avait pas l’habitude d’être dédaignée.  » Le docteur et la princesse sont finalement tombés amoureux mais l’avenir de leur relation semblait compromis. Elle, rêvait de se marier avec lui et de partir vivre au Pakistan. Lui, refusait d’être traqué en permanence par les photographes de la presse people.  » La rupture était inévitable, analyse le scénariste. Leur relation n’a pas débuté au bon moment. J’ai tout de suite su que cette romance secrète, deux ans avant le décès de Diana, devait être le point de départ de mon récit…  »

Il aura fallu néanmoins du temps avant que le réalisateur allemand Oliver Hirschbiegel – connu notamment pour le film La Chute, qui relate les derniers mois d’Hitler – ne se décide à mettre en images cette période de la vie de Diana.  » Il m’a semblé que c’était enfin la période idéale pour revenir sur cet épisode. Charles et Camilla sont désormais mariés, William également. La famille royale britannique nous a autorisés à tourner dans les environs du palais de Kensington, endroit où Hasnat Khan est venu déposer des fleurs lorsqu’il a appris le décès de Diana. Cette ouverture de la part de la Cour m’a conforté dans ce choix.  »

UN STYLE

C’est l’acteur Naveen Andrews qui a été choisi pour incarner Hasnat Khan à l’écran tandis que Naomi Watts a obtenu le rôle principal. Pour camper une Lady Di crédible, l’actrice a dévoré les livres et documentaires à son sujet. Décorateurs, stylistes, coiffeurs et maquilleurs ont quant à eux dû se replonger dans le style de la fin des années 90.  » Diana aimait les lys, les bougies parfumées et les chinoiseries. Elle jouait du piano et lisait Nietzsche, raconte le scénographe Niamh Coulter. Nous connaissons ces détails grâce à des photos ou des livres. Mais il n’a pas été évident de trouver les objets adéquats. Cette époque n’est pas très lointaine et personne ne collectionne des lampes ou des téléviseurs des années 90. Certains éléments ont dû être produits de toutes pièces.  »

Pour le costumier Julian Day,  » son style était simple mais très élégant. Au début, elle portait souvent des couleurs vives et des imprimés. Puis, son look s’est adouci après son divorce. Sans doute souhaitait-elle être prise davantage au sérieux ?  » Pour les besoins du tournage, deux tenues originales de la garde-robe de Diana ont été confiées à l’équipe du film : une robe de cocktail bleu clair jusqu’aux genoux en crêpe de soie et une longue robe noire de soirée. Toutes deux sont signées de la main du créateur Jacques Azagury. Pour rester fidèle au dressing de la princesse, certaines pièces d’époque ont été copiées. Des marques comme Tod’s et Dior ont ainsi reproduit pour l’occasion certains sacs, vêtements et accessoires des années 90. Le joaillier suisse Chopard a même prêté des montres et des bijoux que Diana aurait pu porter. Sur le plateau, deux gardes du corps avaient pour mission de veiller sur ces joyaux valant 6 millions d’euros !  » Diana possédait des goûts très éclectiques, constate celui qui habille Naomi Watts à l’écran. Elle pouvait porter une robe en satin Versace un jour et un manteau Pucci le lendemain. Quand elle s’habillait plus casual, ses marques de prédilection étaient Jaeger, Calvin Klein et Ralph Lauren. Elle s’était liée d’amitié avec le couturier britannique Jacques Azagury qui a créé la robe noire qu’elle portait pour ses 36 ans. Cette tenue, la préférée de Naomi Watts dans le film, reflète parfaitement Diana : classique et élégante à la fois, sans être « too much ». Puma était son label sportif favori, ses maillots de bain étaient griffés Melissa Odabash et elle appréciait les chaussures et accessoires de Salvatore Ferragamo, Jimmy Choo, Tod’s et Dior.  »

Dans le film, Julian Day a essayé de ne pas utiliser deux fois les mêmes vêtements et disposait pour cela d’une centaine de robes et de quatre perruques.  » Diana était à n’en pas douter une icône de style mais sans doute pas du même calibre que Jackie Kennedy, affirme-t-il cependant. Elle aimait bien entendu la mode et celle-ci faisait partie de sa vie – c’était l’une des rares choses lui permettant d’être elle-même en toute liberté – mais je n’ai pas l’impression qu’elle vivait pour la mode. Etant jeune, elle a commis pas mal de fautes de goût. Mais c’est typique des années 80. Certains looks étaient fantastiques, d’autres catastrophiques. Durant les premières années de son mariage avec le prince Charles, Diana n’avait pas conscience de son image. Elle était jeune et innocente. Mais elle a rapidement découvert le pouvoir de la mode. Je ne pense pas que la famille royale raffolait des robes décolletées qu’elle s’est autorisées plus tard. Le style qu’elle arborait à la fin des années 90 prouve qu’elle se sentait plus libre et traçait son propre chemin. Ses robes ont raccourci mais sont restées subtilement sexy…  »

UNE ACTRICE

Naomi Watts a longtemps hésité et s’est longuement documentée avant d’endosser ce rôle mythique.  » J’avais emmagasiné tellement d’informations que c’était le flou complet dans mon esprit, se souvient l’actrice. J’ai dû me forcer à m’en tenir au script.  » Séduite par cette histoire d’amour secrète, elle a aussi pris le temps de rencontrer des personnes de l’entourage de Diana qui étaient au courant de sa relation avec Hasnat Khan.  » La façon dont on m’a parlé de ce couple a confirmé la reconstruction du récit, souligne la belle Australienne. Seuls les dialogues du film sont fictifs. On ne peut en effet qu’imaginer ce qu’ils se sont réellement dit.  » Afin d’être parfaite devant la caméra, la comédienne a ensuite travaillé pendant six semaines, avec un coach, sur les intonations de voix et le langage corporel de Diana.  » Son accent a été la première chose sur laquelle nous nous sommes penchés, raconte-telle. J’ai également dû porter un faux nez et appris à sourire en coin, un trait caractéristique de Diana. La célèbre interview télévisée de 1995, dans laquelle le journaliste Martin Bashir l’interroge sur son mariage raté avec le prince Charles, a été ma plus grande source d’inspiration. Je l’ai regardée chaque soir avant d’aller me coucher. J’ai tellement appris sur la princesse, sur la relation avec ses fils, son humour, sa vulnérabilité et son travail humanitaire que j’ai fini par rêver d’elle. Quand je me suis regardée pour la première fois dans le miroir sous les traits de Diana, c’était étrange. Mais l’image renvoyée était plus conforme que ce à quoi je m’attendais. Une fois tout en place – la tenue, le maquillage et la perruque -, il me fallait peu de temps pour entrer dans la peau de Diana.  »

Voir la critique du film dans Focus Vif de cette semaine.

PAR ELKE LAHOUSSE

1 faux nez, 4 perruques, 6 semaines de diction, 100 robes

 » J’ai tellement appris sur la princesse, sur la relation avec ses fils, son humour, sa vulnérabilité et son travail humanitaire que j’ai fini par rêver d’elle.  »

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