Dans sa quête de nomadisme absolu, l’homme  » gadgétisé  » à l’extrême se tourne désormais vers le soleil pour poursuivre tout naturellement son chemin. Joli paradoxe.

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur la Première (RTBF radio).

T éléphone et ordinateur portables, Palm, iPod, GPS… L’homo digitalus de l’an 2005 possède désormais toutes les armes technologiques qui font de lui un être résolument mobile et surinformé. Constamment connecté au monde tout en étant libre de ses mouvements, le cybernomade actuel est cependant confronté à un problème majeur qui l’oblige, régulièrement, à se sédentariser : l’énergie. Certes, chacun de ses gadgets hautement performants dispose de piles et/ou de batteries dernier cri, mais leur usage est, par définition, limité dans le temps. Alors, il observe et il réfléchit. Il lève la tête et voit le soleil. Une source d’énergie (quasi) inépuisable, gratuite et écologique. Une évidence que même l’armée américaine s’évertue à dompter aujourd’hui pour l’avenir de ses troupes. Car les soldats, eux aussi, ressemblent de plus en plus à des cyberguerriers munis d’ordinateurs de poche, de système d’orientation et autres appareils de survie hypersophistiqués. Des soldats qu’il faut ravitailler et qui laissent parfois derrière eux des traces perceptibles par l’ennemi. D’où l’idée de changer et d’investir dans l’énergie facile,  » invisible  » et bon marché : le soleil. Ainsi, dans les laboratoires bien gardés de la US Army, on expérimente désormais de nouveaux générateurs d’énergie solaire dont le profil se veut léger, flexible et résistant aux différentes conditions météo. Objectif numéro un : se débarrasser une fois pour toutes de ces satanées batteries et permettre aux cyberguerriers d’être opérationnels beaucoup plus longtemps sur le terrain grâce à des minitentes solaires pliables à souhait et à une nouvelle génération de vêtements qui pourraient parfaitement intégrer ces capteurs solaires à haut rendement. Quel rapport avec Monsieur et Madame Tout-le-monde ? Il est évident. Car toutes les inventions liées au domaine militaire rejaillissent toujours, un jour ou l’autre, sur les trottoirs des villes. Concrètement, il est donc prévisible que l’homo digitalus de l’an 2015, 2020 ou 2025 n’aura plus besoin de piles ou de connexion momentanée pour poursuivre sereinement son aventure nomade. A l’avenir, il lui suffira de porter un blouson  » solaire «  ou d’habiller son ordinateur, son téléphone et son iPod (à moins qu’il ne s’agisse finalement d’un appareil tout en un) d’une espèce de gaine hautement performante qui pourrait se contenter des rayons chaleureux de notre astre du jour. Fantasme farfelu ? Certaines entreprises y croient pourtant dur comme fer et proposent déjà, sur le marché, des produits qui flirtent avec cette tendance émergente. Sur le site de la société américaine Clear Blue Hawaii, on trouve par exemple un sac à dos baptisé Solarpac qui peut déjà produire entre 3 et 12 watts par jour grâce à des capteurs solaires directement inspirés d’une technologie développée par la Nasa ( www.clearbluehawaii.com). De cette façon, les GSM, Palm et autres GPS du cybernomade peuvent être facilement rechargés en chemin. Bien sûr, le Solarpac est encore un petit peu encombrant à ce stade de la recherche, mais les progrès informatiques laissent présager une miniaturisation de plus en plus poussée et donc des produits de plus en plus discrets. Comme des étuis hyperréceptifs au soleil ou des blousons ultralégers truffés de capteurs. Joli clin d’£il du destin : il y a trente ans à peine, l’énergie solaire était l’affaire de quelques utopistes étiquetés barjots ; à l’aube du xxie siècle, le développement durable est à la mode et l’énergie solaire a û si l’on ose dire û le vent en poupe. Même chez les plus débranchés des branchés.

Frédéric Brébant

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