L’ARTISTE

Stefan Moses est né en 1928 à Liegnitz, en basse Silésie (aujourd’hui Legnica, au sud-ouest de la Pologne). Passionné par la prise de vue dès l’enfance – il shoote son petit univers avec le boîtier Steinheil de son père – il commence réellement à construire son £uvre personnel à partir de 30 ans. Photoreporter dans les années 60 pour Stern, Magnum, Die Zeit ou encore Der Spiegel, il entame à la même époque sa grande série sur les Allemands et leur mode de vie. Héritier d’August Sander (1876-1964), l’un des premiers photographes avec l’Américain Walker Evans (1903-1975) à réunir pratique artistique et photographie documentaire, Stefan Moses radioscopie son pays et ses habitants en y ajoutant une touche plasticienne mâtinée d’un humour absurde et d’une tendresse bien à lui. Considérant, à la suite de Novalis, que  » chaque individu est une petite société « , il entend révéler un monde à travers les gens qui le façonnent. Une sociologie visuelle où commerçants, artisans, contestataires, ouvriers se partagent son regard avec les plus grands artistes et décideurs de la reconstruction intellectuelle et politique de l’Allemagne de la seconde moitié du XXe siècle.

L’EXPO

Plate-forme de rayonnement de la culture allemande, le Goethe Institut de Bruxelles expose jusqu’au 25 mars prochain une cinquantaine de tirages de Stefan Moses. Confidentielle, mais néanmoins rétrospective, cette sélection serrée donne à voir toutes les facettes de son entreprise de description de la Deutsche Vita. La première partie montre une série de citoyens lambda posant devant le drap blanc d’un studio portatif bricolo que Moses emmène avec lui en rue pour improviser ses mises en scène réalistes (1.). Face à elles, répond la série Grands Anciens dans la Forêt, galerie de portraits d’illustres personnages, qui, de Willy Brandt (2.) à Günter Grass, ont façonné le paysage politique et culturel allemand. Dans la seconde salle, le focus est mis sur deux de ses plus belles séries de portraits de personnalités : Les Reflets, classique mais subtile utilisation du miroir, et plus édifiante encore celle des Masques où Moses croque des plasticiens tels que Otto Dix (3.) ou Günther Uecker, derrière une paire de ciseaux tranchante comme son regard pour le premier, emmitouflé dans une écharpe de clous, piquante comme son £uvre pour le second. Pour l’anecdote, le Goethe Institut a mis en place un photomaton où les visiteurs sont invités à se portraiturer pour, au final, constituer un puzzle forcément improbable de la Belge Vita qui sera exposée en avril prochain.

Stefan Moses : Deutsche Vita. 50 photographies de la société allemande, jusqu’au 25 mars prochain au Goethe Institut, 58, rue Belliard, à 1040 Bruxelles. Tél. : 02 234 57 84.

http://www.goethe.de/ins/be/bru/

Chaque mois, Le Vif Weekend vous propose le décryptage d’une exposition. Parce que l’art contemporain est souvent taxé d’hermétisme, nous vous donnons les clés de lecture pour passer les portes des galeries et apprécier le meilleur de l’art vivant.

BAUDOUIN GALLER

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