La province côtière du Fujian, dans le sud-est de la Chine, est encore très méconnue. Et pourtant, ses trésors sont innombrables. Comme l’île aux Musiciens et les terres des Hakka, là où se dressent les  » tulous « , de fascinantes forteresses d’argile… Découvrez ces bijoux précieux et émouvants.

La province du Fujian, aussi surnommée  » le pays montagneux du sud-est « , offre une multitude de paysages, passant de reliefs montagneux recouverts d’une végétation tropicale et exubérante à un littoral foisonnant d’îles et de ports. Sa situation stratégique (Fujian fait face à l’île de Taïwan et est voisine de Macao et de Hongkong), favorisa, il y a deux cents ans, la colonisation occidentale et les premiers comptoirs de commerce. Forte d’une population de trente millions d’habitants, elle aligne aujourd’hui un grand nombre de villes de toutes les tailles, dont les faubourgs ne cessent de s’étendre et de s’entremêler.

Ainsi en est-il de Xiamen, la deuxième plus grande ville du Fujian. Résolument tourné vers la mer, cet ancien repaire de pirates et de contrebandiers est aujourd’hui une cité moderne en pleine expansion. Seules concessions au passé, son front de mer et son c£ur historique qui affichent leur cachet colonial dans les multiples marchés colorés, le port commercialement très actif, les petits restaurants conviviaux et les boutiques accueillantes. Pour l’exotisme et les surprises, il faut prendre un ferry reliant l’île de Xiamen à celle, toute petite, de Gulangyu. Autre ancienne concession étrangère (1,78 km2, 20 000 habitants), cet écrin de douceur recèle de belles demeures coloniales et s’enorgueillit de sa réputation de  » pays natal de la musique « . Dans un calme divin – ici, les voitures sont bannies – seuls filtrent, çà et là, des airs de piano ou de violon.

Escapade en terres Hakka

De la mer… à la montagne, c’est le même ravissement qui submerge le voyageur. Il faut emprunter une route en lacets pour parvenir aux tulous, ces villages-forteresses en terre ocre qui abritent les Hakka. Rondes ou carrées, percées d’une porte unique, ces fabuleuses constructions ne dévoilent leur mystère qu’à ceux qui sauront faire preuve de patience pour les visiter une à une.

Minorité historique et non ethnique de Han (l’ethnie mère), le peuple Hakka (Kejia en mandarin, signifie  » hôte « ) a été pourchassé au fil des siècles par le pouvoir et s’est retranché ici derrière les murs épais des tulous. Natifs de la région du fleuve Jaune, dans la province du Henan, dès le ixe siècle, les Hakka furent déplacés peu à peu par les guerres et les inondations. Migrant vers le sud, au Fujian et à l’est dans la province de Guangdong, et ce jusqu’au début du xxe siècle, ils furent là aussi les victimes de conflits incessants… sans compter les ravages du banditisme et des luttes de clans. Toujours plus pauvres et endossant bien souvent le dur labeur des coolies (porteurs) dans les ports de Shanghai, Canton ou Hongkong, ils furent poussés à émigrer par les guerres de l’Opium (1839-1842). Ils gagnèrent alors l’Amérique, où ils devinrent des ouvriers employés à la construction des chemins de fer.

Une harmonie contagieuse

A une journée de Xiamen, dans le district de Yongding, on peut également admirer d’immenses tulous. Erigés pour la plupart entre 1910 et 1930 au bord d’une rivière ou d’un étang, chacun d’eux couvre pas moins de 2 000 à 6 000 m2 pour héberger huit à dix familles, réunissant trois à quatre générations. Le terrain choisi, comme la division de l’espace, respecte les grands principes de la géomancie chinoise (le feng shui) et le Livre des Mutations (le yi king). La grande forteresse de Zhengchenglou, à Hongkeng, suit ainsi parfaitement le plan octogonal des huit trigrammes (bagua) dictés par l’antique cosmogonie chinoise. Chaque section est occupée par une famille. Les cuisines, installées au rez-de-chaussée, sont surmontées par des entrepôts de céréales et les chambres, bénéficiant, elles, de petites fenêtres à la lisière du toit.

Les tulous sont conçus en parfaite harmonie avec la nature : chauds en hiver et frais en été, ils protègent leurs occupants du vent, du feu comme de toutes les agressions. Quelles que soient leurs dimensions, ils sont invariablement construits autour d’une cour renfermant l’autel des ancêtres du clan. Dans ce lieu convivial par excellence, on y discute et reçoit les hôtes. L’accueil y est toujours bienveillant… autour d’une tasse de thé Oolong.

Guide pratique en page 52.

Chine pratique Renseignements.

En Belgique, la meilleure source d’informations se trouve dans les librairies spécialisées de voyage (Peuples et Continents, Routes de Jade…) et sur Internet : www.travelchinaguide.com/ cityguides/fujian/ ; www.otchine.com/fujian.htm ; www.china.org.cn/french ; http://en.wikipedia.org/wiki/Hakka-architecture.

Sur place, chaque ville possède un bureau du CITS, l’Office de tourisme local. Efficace, polyglotte et précieux.

Formalités.

Passeport valable encore 6 mois après le retour et un visa touristique (1 mois : 35 euros). Consulat de Chine, 400, bd du Souverain, à 1160 Bruxelles. Tél. : 02 779 43 33. Ouvert du lundi au vendredi, de 9 heures à 11 h 30. Internet : www.chinaembassy-org.be

Langues.

Le mandarin et l’anglais (dans les principaux hôtels et commerces).

Monnaie.

Le yuan = 0,10 euro. Les cartes de crédit courantes sont acceptées. Bien que le dollar américain soit préféré, l’euro est changé dans la plupart des banques et peut être utilisé dans les hôtels.

Vaccins.

Aucun n’est obligatoire. Tétanos, diphtérie, typhoïde, hépatite A sont toutefois recommandés. Se munir d’une trousse de secours (avec antibiotiques à large spectre), surtout pour les longs séjours. Concernant le SARS (pneumonie atypique) et les foyers d’épizooties de peste aviaire : théoriquement pas de risque dans le Fujian mais vérifiez toutefois la situation actuelle sur le site de l’OMS : www.who.int/csr/don/fr/index.html

Décalage horaire.

GMT +8 (+7 heures en hiver et +6 en été).

Saison idéale.

Le climat du Fujian est tropical et humide (moussons en avril, mai et juin). Préférez l’automne.

Y aller.

Le prix des vols aller-retour (KLM, Alitalia, Finnair…) sur Shanghai démarre à 635 euros + taxes. Billetterie On Line sur www.nouvelles-frontieres.be ou www.airstop.be

Se déplacer.

En avion : vols Shanghai – Xiamen (China Eastern 5 fois par jour). Il existe aussi de nombreux vols Xiamen – Canton (Guanhzhou/Pékin/Honkong…)

En train : multiples possibilités dont l’express Shanghai-Xiamen (1 395 km).

De Xiamen au district de Yongding (tulou), bus public possible mais il est difficile de circuler ensuite dans la région. Mieux vaut louer une voiture avec chauffeur via le CITS de Xiamen. Tél : +86 592 2126917.

La plupart des villages de tulou demandent un droit d’entrée (2 à 5 euros).

Se loger.

A Xiamen comme dans les principales grandes villes de Chine, vous trouverez une vaste gamme d’hôtels allant de la petite pension au 5-étoiles (liste sur l’excellent site www.sinohotel.com).

A Gulang Yu Island

Gulang Villa Hotel, au sud-ouest de l’île, hôtel chic type bungalow en bord de mer. Chambre double à partir de 30 euros. Tél. : +86 592 206 3280.

Lüzhou Hôtel, plus modeste, mais très correct et excellemment situé au centre, près du port. Chambre double à partir de 18 euros. Tél. : +86 592 206 5390.

Dans la région des tulous

Possibilité de loger chez l’habitant/chambre d’hôtes dans certains tulous pour quelques euros (propre mais spartiate). Si vous voulez plus de confort, il faut retourner à Longyan, la  » grande  » ville la plus proche : Minxi Hotel***, 28, Zhong Shan East Road. Propre, style international, nuitée à partir de 25 euros. Tél. : +86 2323240-3313.

Voyagistes.

Sensations Travel (dans tous les agences) et Continents Insolites (tél. : 02 214 24 84) organisent des circuits  » à la carte  » selon vos désirs. Les agences françaises Orients et Ariane-Tours organisent, au départ de Paris, de beaux circuits incluant les tulous (Internet : www.ariane-tours.com – www.orients.com).

A rapporter.

Du thé Oolong.

A lire.

Guides de voyage :  » Lonely Planet CHINE 2003 « . Précieuses informations pratiques malgré les prix déjà dépassés.

 » Guides bleus, Chine de Pékin à Hong Kong « , Hachette 2003. Excellent complément au Lonely Planet, plus d’informations sur le district de Yongding et les tulous que le Lonely Planet.

A voir.

Le Fujian héberge une foule d’autres merveilles comme les monts Wuyi, inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Ils couvrent une vaste étendue où s’élèvent, couverts de pins, de camphriers, de bambous et d’essences plus exotiques encore, des sommets aux formes torturées. Cascades, gorges et cours d’eau féeriques s’y lovent secrètement et des nuées d’oiseaux escortent les randonneurs.

Reportage : Sophie Dauwe & JJ Serol / Pepite Photography

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