Enfants non admis, le  » Guate  » ? Détrompez-vous : avec sa végétation luxuriante, ses animaux sauvages et ses sites naturels de rêve, la destination est capable de séduire petits et grands aventuriers. Avec bien plus d’authenticité que son voisin le Mexique.

Surtout, ne pas se laisser impressionner par les conseils donnés aux voyageurs par la diplomatie belge, faisant état de l’un des pays les plus dangereux de la région, avec des attaques à main armée. Néanmoins, on jouera la carte de la prudence. Pas de périple roots, avec sac à dos et bus publics – de toute façon, avec des kids en bas âge, cela n’aurait pas été de tout repos -, mais plutôt une camionnette privée avec chauffeur. Parfait pour observer la vie qui s’échappe des maisonnettes en bois ou en parpaings, alignées le long des quelques artères goudronnées. Idéal pour admirer ces paysages d’une beauté sans nom, qui se déclinent progressivement, depuis la région des volcans et des hauts plateaux, situés à l’ouest et au centre du Guatemala, jusqu’à la plaine du Petén, au nord, recouverte de forêts tropicales.

L’aventure débute à Antigua, jolie bourgade tranquille, située à 45 km de Ciudad Guatemala et inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1979. Son nom – traduisez par  » l’ancienne  » – est une référence à l’histoire, du temps où celle qui s’appelait Santiago était encore la capitale d’un immense territoire, s’étendant du Chiapas au Panama. La cité fut complètement ravagée par plusieurs tremblements de terre, au XVIIe siècle, ce qui fit changer d’avis les Espagnols, qui administrèrent alors la région.

Restent aujourd’hui des ruines d’églises et de couvents, traces de ce riche passé colonial. On les découvre au détour d’une de ces rues pavées qui quadrillent l’ensemble. Pas fous, les Guatémaltèques n’ont reconstruit que des habitations basses, aux façades colorées. Un plaisir pour les yeux qui se prolonge dès que l’on pénètre en leurs murs, puisqu’elles abritent généralement un charmant patio, décoré de façon personnalisée…

Au détour d’une balade à pied, on lève la tête pour apercevoir les sommets de trois volcans environnants, l’Agua, le Fuego et l’Acatenango, ce dernier culminant à 3 976 m. On préfère toutefois en escalader un autre, baptisé Pacaya et situé à 1 h 30 de route d’Antigua. C’est l’un des plus célèbres du pays, qui se hisse jusqu’à 2 500 m de hauteur et reste en activité permanente depuis des années – son éruption de 2010 a craché des cendres jusqu’à la capitale, tandis que celle de 2014 a provoqué une dernière coulée de lave sur ses flancs. Sécurité oblige, il faut prendre un guide pour arpenter ce parc national et le grimper, que ce soit partiellement (environ 1 h 30 de marche) ou totalement (une heure de plus). A mesure que l’on monte, la végétation se fait plus rare, jusqu’à offrir un paysage lunaire et noir, avec vue magistrale sur la plaine, à plus de 100 km à la ronde, jusqu’à l’océan Pacifique. Si l’ascension n’est pas réservée aux marcheurs avertis, des chevaux peuvent se louer, pour les petites jambes fatiguées…

Le lendemain, on part se reposer et faire un plongeon aux sources thermales de Fuentes Georginas. Ces bassins d’eau chaude apparaissent en plein coeur d’une végétation exubérante, au bout d’une jolie route à flanc de montagne. Au gré des envies, on alterne les différentes piscines, dont la température la plus haute oscille autour des 45 degrés. Vapeurs garanties !

DORMIR CHEZ L’HABITANT

A deux bonnes heures de là, apparaît l’une des plus belles étendues d’eau du monde, le lac Atitlán. Bordés d’une chaîne de majestueux volcans et situés à 1 550 m d’altitude, ses 130 m2 se transforment en miroir face au ciel bleuté, avant que les nuages ne s’amoncellent doucement, à mesure que la journée défile. Autour, ce sont des villages cakchiquels et tzutuhils, encore plus ou moins préservés du tourisme, qui s’animent dès les premières heures du jour, entre les femmes qui pétrissent les tortillas depuis leur plus jeune âge, les bambins qui piaillent et jouent au foot, la lessive à terminer au bord de l’eau, ces chiens livrés à eux-mêmes qui se battent à même la terre ou ces hommes qui transportent des fagots de bois, en répartissant le poids entre le dos et le front.

Les costumes traditionnels y ont toujours cours. Des étoffes magnifiques, des motifs variés et des couleurs éclatantes. Les dames ne quittent pas leur longue jupe portefeuille, serrée par une ceinture en tissu, tandis que les hommes ne sont pas en reste, avec leur chemise à dominante rouge, bleue ou rose, et ce lainage noué comme une jupe autour de la taille. Histoire d’appréhender d’un peu plus près la vie locale et de vivre un moment d’échange, on ose sans crainte passer une nuit chez l’habitant, que ce soit à Totonicapán ou à San Juan ; plusieurs associations ont d’ailleurs vu le jour pour favoriser les contacts avec les communautés indigènes.

L’occasion de découvrir le quotidien d’une famille (nombreuse) maya et de pénétrer en plein coeur de leur habitation, faite le plus souvent de bric et de broc – comme ces toilettes, dont la frise est constituée de bouteilles de soda, fixées dans le ciment. On en profite pour sortir ses quelques notions d’espagnol pour communiquer, tandis que les kids ne s’embarrassent pas de la barrière de la langue pour lier facilement connaissance et s’embarquer dans de multiples jeux universels. Au passage, on en profite pour visiter une Finca de café, s’initier au tissage traditionnel ou encore à la pêche artisanale en cayuco, des petites barques typiques du pays.

UNE VIRÉE EN LANCHA

Après les hauts plateaux, on file lentement vers la mer des Caraïbes. Le Guatemala est décidément un pays qui se mérite. Il faut avoir le dos solide pour endurer de longues routes aussi rectilignes que farcies de bosses et de casse-vitesse – les mauvaises langues diront que certains habitants n’hésitent pas à en installer à la sauvette juste devant chez eux, pour que le passant jette un oeil à leur boutique, achalandée de bananes ou ananas, quand il ne s’agit pas d’une avalanche de mini-paquets de chips. Surtout, ne jamais penser qu’on peut avaler, en une après-midi, le même nombre de kilomètres que dans nos contrées. Mais le périple en vaut la chandelle, assurément !

Direction Livingston, un petit village perdu, à l’ambiance caraïbe. Pour s’y rendre, une seule option : s’offrir un voyage de deux heures en lancha – une barque à moteur – sur le río Dulce. Ce fleuve imposant aux eaux tièdes s’étale paresseusement depuis le lac Izabal, à travers la forêt tropicale, avant de s’écouler dans l’océan Atlantique. L’occasion pour les bambins de s’initier aux joies d’une petite croisière, façon découverte du Nouveau Monde, tout en pointant du doigt des dizaines d’oiseaux, comme des aigrettes, pélicans et cormorans. Une fois arrivés, on y rencontre les Garifunas, ces descendants d’esclaves noirs introduits par les Anglais et les Espagnols dans la région, qui vont et viennent dans la rue principale, très animée, de la bourgade. S’y dégagent des odeurs de poisson grillé et des rythmes de reggae et salsa. Plutôt que d’aller faire un tour à la plage de sable noir (peu engageante, il faut l’avouer), on profite d’un peu de farniente à la piscine de l’hôtel.

Plus au nord, le site naturel de Semuc Champey invite à un plongeon de bassin en bassin. Situé à trois heures de route de la ville de Cobán – cité au taux d’humidité impressionnant, sur laquelle le ciel plombé crache presque constamment -, celui-ci se fait désirer, attendant au bout d’une piste caillouteuse parcourue debout, coincés à l’arrière d’un pick-up collectif, en slalomant à travers les petits hameaux kekchis, les plantations de banane et de cardamome. La récompense : au milieu de la jungle, une cascade de piscines d’eau aux mille et une nuances turquoise. La nature à l’état brut et magnifique. Surtout, évitez d’y aller le week-end par beau temps, car c’est l’attraction de la région. Les plus courageux graviront une longue série de marches boueuses jusqu’au mirador, afin de profiter d’un panorama sur ce petit bout de paradis…

LES PRINCESSES MAYAS

La végétation se fait à nouveau tropicale dans le Petén, au nord du pays. C’est la région la plus touristique du Guatemala, conséquence de sa proximité avec le Mexique, mais surtout de la présence du monumental site maya de Tikal. Celui-ci s’étend dans un immense parc protégé, où les vestiges occupent une surface de 16 km2, c’est dire s’il y a des choses à voir, comptez une petite journée pour faire le tour des lieux, sans se presser. Faute de moyens (ou d’intérêt ?), seuls 40 % de la ville détruite – soit environ 4 000 constructions – ont été dégagés de la végétation depuis 1956. On y dénombre toujours 250 espèces différentes d’arbres, à travers lesquels les plus chanceux peuvent croiser des jaguars, pumas, coatis, dindons sauvages, toucans ou perroquets. Pour les enfants, le plaisir du jour consiste à repérer des singes hurleurs au cri perçant, ou encore à escalader ces pyramides et temples, qu’on n’hésite pas, pour l’occasion, à rebaptiser  » palais de princesses abandonnés « , afin de susciter l’intérêt des demoiselles en culottes courtes. A noter que les plus mordus peuvent prolonger l’expérience, en explorant le site de Yaxhá, non loin de là. On s’y rend tout autant pour les vieilles pierres que pour une balade en pleine forêt, en surplombant le lac alentour.

DÉTOUR PAR LES CARAÏBES

Le Guatemala ne possédant pas vraiment de plages paradisiaques sur la côte est, on termine notre voyage par le Belize, et l’un de ses îlots situés en pleine mer des Caraïbes. Sur la route, parsemée d’anciennes maisons coloniales colorées souvent mal en point, on s’arrête quelques heures au Belize Zoo. Sans surprise, les enfants s’y délectent, entre les crocodiles, toucans, ocelots, rapaces, tapirs et autres singes. Comme l’expliquent de nombreux panneaux éducatifs qui ne manquent pas d’humour, aucune de ces 140 espèces locales n’a été capturée pour intégrer l’endroit – à l’exception des jaguars qui s’attaquent aux troupeaux. S’ils sont ici, c’est parce qu’ils ont été récupérés malades, blessés ou abandonnés par des maîtres irresponsables…

Viennent ensuite les paysages de carte postale, anciens refuges de pirates, que ce soit l’île de Caye Caulker, réputée pour son ambiance relax, ou celle de Tobacco Caye – quelques centaines de mètres carrés seulement ! Au programme : sable blanc, fonds turquoise, barrière de corail et snorkelling parmi les raies. Les passionnés de plongée pourront même faire un tour par le Blue Hole, ce grand cercle bleu saphir de 300 m de diamètre et 130 m de fond, médiatisé par le commandant Cousteau. Bon courage, ensuite, pour se motiver à quitter les lieux…

PAR CATHERINE PLEECK

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