L’hiver lui va si bien… Ouvre du grand paysagiste Jules Buyssens, ce jardin bruxellois des années 30 est tout simplement magnifié par la neige. Très pittoresque !

Comme des tableaux d’artiste… C’est la douce féerie qui émane de ce petit jardin bruxellois enneigé. La nature a trempé son pinceau dans la blancheur hivernale pour nous offrir ce joli rêve. Tout comme les plantes qui en émergent, la pièce d’eau est gracieusement figée par le gel. Jouant le contraste avec l’uniformité du tapis immaculé, les structures verticales – les arcades qui supportent les rosiers, les grands ifs taillés en ogive et même les massifs d’arbustes décoratifs formant des parallélépipèdes compacts – rehaussent avec une pointe de majesté la valeur esthétique de la mise en scène.

L’un après l’autre, les angles de vue se révèlent comme autant de  » cadrages  » imaginés dans les années 30 par Jules Buyssens (1872-1958). Figure importante du paysagisme belge de la première moitié du XXe siècle, l’homme est multiple. Au niveau officiel, il assume très jeune les fonctions d’inspecteur des Plantations, des Parcs et Promenades à la Ville de Bruxelles. On trouve d’ailleurs sa signature dans plusieurs lieux marquants de la capitale. C’est notamment lui qui assure la rénovation du parc de l’abbaye de la Cambre et qui dessine le parc Astrid à Anderlecht.

Entre 1927 et 1935, il mène à bien une de ses £uvres majeures : le parc d’Osseghem, créé pour l’Exposition universelle de Bruxelles, en 1935. Il partage aussi avec un de ses élèves, René Pechère, la paternité du jardin de la villa-musée Van Buuren, à Uccle. Pechère intervient quarante-cinq ans après son maître, en ajoutant le jardin du c£ur et le labyrinthe, des éléments anecdotiques en comparaison de la roseraie et, surtout, du jardin pittoresque que Buyssens compose en 1924, pour servir d’écrin à l’architecture Art déco de la demeure.

Jules Buyssens est aussi le fondateur, avant la Première Guerre mondiale, d’un mouvement baptisé  » Le Nouveau Jardin Pittoresque  » et qui publie même une revue éponyme. Dans le langage des jardins et de leur architecture, l’adjectif fait référence à des points de vue dits pittoresques, parce qu’ils se réfèrent à la pratique de la peinture, ceux-ci sont aménagés à l’attention des peintres.

Situé à Watermael-Boitsfort, ce jardin immortalisé sous la neige figure dans la période féconde de Jules Buyssens, un paysagiste qui était aussi, à ses heures, musicien et… peintre. La scénographie des lieux – une parcelle de 3 000 m2 – est axée sur un bassin allongé de forme classique, héritage de l’école française. L’emploi des pierres qui le bordent, en revanche, fait penser à certains jardins anglais d’Edwin Lutyens, comme Hestercombe, dans le Somerset.

Jules Buyssens a apporté de la verticalité à l’ensemble grâce à une promenade émaillée d’arcades habillées de rosiers grimpants et en plantant des ifs. Emmitouflé dans son élégant manteau blanc, ce jardin invite à la rêverie. Mais visitez-le aussi en mai et juin, au sommet des floraisons. Au fil des semaines, pivoines, roses, iris, ancolies, campanules, astilbes… lui confèrent alors une allure de cottage anglais. Les peintres peuvent y poser leur chevalet pour s’adonner à leur art en bénéficiant d’une source infinie d’inspiration.

Carnet d’adresses en page 64.

PAR JEAN-PIERRE GABRIEL

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