Dimanche. Une journée à la campagne. La bonne nouvelle, je ne serais plus la seule à refuser les sacs.

– Non merci, Madame. Pas de sac.

– Non merci, Monsieur. J’ai déjà un sac.

– Pas la peine d’emballer mon journal, inutile de protéger mes salades, d’envelopper mes boîtes. J’ai tout ce qu’il faut.

– Un sac, Madame ? Non, non, merci.

– Ah oui, j’oubliais, vous c’est : pas de sac.

Voilà, c’est dit. Depuis longtemps, je ne fais plus partie des mangeurs de plastique. Je ne ramasse pas les sachets en vrac à la caisse, ne réclame aucune poche, pas le moindre emballage. Quitte à passer pour une excentrique.

Eh oui, à Paris l’éco-citoyen, c’est pas encore ça. Les clients ronchonnent aux caisses des supermarchés qui ont la mauvaise idée de les rationner les sacs.

 » Grmmmhhhh, vous n’avez pas de sac à me donner, ggggrrrr mais comment je vais faire ? ? « 

Je fais même presque pitié en négligeant sciemment les belles pochettes aux coloris acidulés distribuées par Monoprix au profit de leur astucieuse sacoche synthétique réutilisable fourrée en permanence dans ma besace.

Patience. Bientôt, les consommateurs français vont comprendre.

Effrayé par le gâchis, le ministre de l’Ecologie a décidé d’instaurer un impôt sur les produits jetables. Outre les films alimentaires, les sacs et la vaisselle, ce sont les couverts, les briquets, les rasoirs, les adhésifs… qui risquent de s’en prendre plein la figure.

Va-t-on revenir à la ficelle de chanvre pour lier ses achats, au coupe-chou pour se raser le bouc, au silex pour allumer sa cigarette ? Sans mentionner les assiettes et les gobelets en émail rangés dans les paniers en osier avant de partir en goguette sur les aires d’autoroutes.

Bref, il va falloir redevenir normal : utiliser, réutiliser, user, réparer….

Tout ceci pour exprimer ma fierté, car la taxe existe déjà. Un pays donne l’exemple à la France. Lequel ?

La Belgique, pardi.

Bien nommée  » taxe pique-nique « , l’écot est perçu depuis peu sur les produits jetables en plastique.

Quel bonheur pour une fois de remplacer l’évocation des querelles linguistiques par la réussite de cette bataille du plastique.

(*) Chaque semaine, la journaliste et écrivain Isabelle Spaak (Prix Rossel 2004 pour son roman d’inspiration autobiographique Ça ne se fait pas, Editions des Equateurs) nous gratifie de ses coups de c£ur et coups de griffe.

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