Le style du créateur britannique Jasper Morrison n’a jamais été aussi hype. Sa démarche n’a pas changé : créer des meubles généreux. Qui savent se faire oublier.

Le retour à plus d’authenticité ne pourra que plaire à Jasper Morrison. Lui qui a toujours préféré à la surexposition médiatique le calme de son studio.  » Je suis très mauvais sur les plateaux de télévision, nous confiait-il lors du Salon du meuble de Milan, en avril dernier. Je les évite désormais autant que possible. Je ne m’y sens pas du tout à l’aise. Quand j’ai commencé à travailler, les designers n’étaient connus que dans leur petit monde.  » Aujourd’hui, leur réputation surpasse bien souvent celle des marques qui font appel à leurs services, le  » made by  » Morrison, Hayon, Newson et bien d’autres devenant, pour ainsi dire, une garantie de succès.  » Beaucoup de mes confrères vendent leurs prototypes à prix d’or, poursuit Jasper Morrison. Pour moi, ces objets n’ont aucune valeur ! Il s’agit juste d’une étape dans un processus de création. Ratée bien souvent, car s’ils sont restés au stade du proto, c’est qu’il y avait un truc qui ne fonctionnait pas. Les miens, je ne veux même pas qu’on les expose. Certaines sociétés pour lesquelles j’ai travaillé en ont vendu, sans me demander mon avis. Un comportement que je n’autorise plus. « 

Même commercialisés, vendus en quantité industrielle, les meubles de Jasper Morrison font toujours l’objet de l’attention critique de leur créateur.  » Je vis avec eux, précise le Britannique. Ce qui me permet de les tester les premières années. Je les modifie, je les adapte. Si le produit ne fonctionne pas, c’est mon devoir de résoudre le problème. D’apprendre pour faire en sorte que cela ne se reproduise plus lors du projet suivant. « 

Le test ultime ?  » Que votre produit se vende bien, admet le créateur. C’est important pour moi que les gens aiment ce que je crée, c’est le rêve de tout designer, c’est même notre but. Le plus terrible c’est lorsque l’un de vos objets ne plaît pas. Cela m’est bien sûr déjà arrivé. Dans ce cas, je n’hésite pas à présenter mes excuses, car c’est parfois de ma faute s’il y a un défaut de conception.  » S’il lui arrive aussi de se laisser tenter par des productions en série limitée pour la célèbre galerie Kreo, à Paris, –  » Cela me donne un sentiment de liberté « , reconnaît Jasper Morrison – l’inventeur du design dit  » Super Normal  » refuse de se limiter à créer pour la seule élite fortunée.  » Le luxe, d’ailleurs, cela n’a rien à voir avec l’argent, insiste-t-il. Le luxe, c’est une atmosphère. On parle de plus en plus de ces pièces uniques, de ces meubles exceptionnels, surtout lors du Salon du meuble de Milan qui est devenu une sorte de concours de l’événement… dont on parlera le plus. Ce qui compte, ce n’est pas le prix de l’objet. Quand vous le regardez, dites-vous simplement : supposons que j’en ai les moyens, aurais-je envie de l’acheter ?  » Une question de… bon sens, tout simplement, quand on parle de design.  » Tellement Jasper, finalement « , comme aime à le dire, à propos de tout ce qu’il touche, le petit monde de la planète design. Lui, s’il n’en faisait pas partie, il se serait bien vu jardinier ou cuisinier.  » Ou un mélange des deux, conclut-il. J’adore les petits plats mijotés, tout ce qui doit cuire longtemps.  » Dans des casseroles  » made by Morrison « , évidemment.

Isabelle Willot

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