Temps pourris ?

© KAREL DUERINCKX

Il y a peu, alors que chaque jour nous avions encore le bonheur – pas assez apprécié – de nous retrouver à la rédaction pour bosser à l’unisson sans écrans interposés, le livre Pourri de la journaliste gastronomique Marie-Claire Frédéric, aux éditions d’Argol, atterrissait dans nos mains. Drôle de titre pour un traité culinaire… qui s’avéra être davantage philosophique finalement. C’est que les aliments  » non conformes  » dont parlait ce bouquin en disent beaucoup sur notre rapport au monde. La frontière entre le fermenté et l’avarié est floue et dépendrait moins du goût du produit que de l’idéologie et des valeurs de celui qui le mange.  » Les fromages forts et les poissons faisandés racontent des histoires de résistance contre le colonialisme, d’affirmation d’une culture en perdition ou de fierté d’appartenir à un terroir. Ils racontent la civilisation et l’histoire des hommes « , observe l’auteure. En d’autres termes, lorsqu’on change son point de vue, les choses prennent une signification nouvelle. Et en cette période pourrie, cette approche gourmande pourrait nous aider à avaler notre situation indigeste…  » Le rôle des médias est aussi d’essayer de faire du confinement un choix civique, et non contraint. Même si la réalité reste la même « , nous explique la psychologue Maude Vanderveken dans ces pages, nous invitant à modifier notre perception des événements. Alors oui, nous avons décidé de rester chez nous pour aider ceux qui se battent, et pas juste pour obéir à une injonction. Et tant qu’on y est, oui des jours meilleurs refleuriront et on les savourera à pleines dents. Promis.

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