A Verbier, au cour d’un des plus beaux domaines skiables du Valais, la décoratrice belge Coralie Michiels signe l’aménagement d’un chalet, mêlant lignes contemporaines et matériaux anciens.

Dieu, que la montagne est belle ! Lorsque le temps gris s’installe dans la vallée, qu’il étouffe le centre de Verbier, il est rare que les nappes de nuages atteignent le groupe de six chalets que vient d’achever l’architecte suisse Raymond Bruchez. On se trouve en effet à 1 800 mètres d’altitude sur un versant magnifiquement exposé au soleil de midi. Ces superbes constructions s’inscrivent dans une nouvelle tendance de l’urbanisation dans les stations de sports d’hiver : construire à l’échelle humaine et dans le style régional d’autrefois. Raymond Bruchez est passé maître dans cet exercice. Non seulement, il se con-forme à la lettre aux règlements locaux qui interdisent les constructions de plus de trois niveaux. Mais, en plus, il s’impose des normes architecturales strictes en ce qui concerne tout à la fois les volumes du bâtiment, la pente des toits, l’agencement des terrasses et aussi la sélection des matériaux.

La pierre de taille locale est largement utilisée, tant pour les murs de parement, montés ici en pierre sèche, que pour le toit qui s’apparente aux lauzes du sud-ouest de la France. Les boiseries extérieures sont réalisées à partir d’anciennes poutres en bois récupérées lors de la démolition de vieilles granges ou de chalets devenus trop vétustes. L’assemblage est lui aussi opéré dans la tradition : les clous y sont bannis au profit de grosses chevilles. Le système de fermeture des volets rabattants avec de la corde est inspiré des fermes d’antan. Même la manière dont les garde-fous de la terrasse sont disposés, respecte le style local : on utilise de grandes perches en bois horizontales et non des planchettes verticales ouvragées comme c’est souvent le cas.

L’aménagement intérieur, lui, a été pris en charge par l’équipe de décorateurs qui gravite autour de l’architecte suisse. Mais l’un des six chantiers a toutefois été confié à la décoratrice belge Coralie Michiels.  » Raymond Bruchez connaissait nos réalisations à Bruxelles, comme le restaurant Le Chalet de la Forêt ou la boutique de mode Coton, Cachemire et Soie, révèle la jeune femme. Il était aussi intéressé par une collaboration avec une entreprise belge, car notre pays a une excellente réputation dans le domaine de l’aménagement intérieur et des produits de décoration.  »

Passionnée de sports de neige et de grimpe (elle est récemment venue à bout de l’ascension du Kilimandjaro), Coralie Michiels a saisi au vol cette opportunité de pouvoir séjourner à Verbier, le temps nécessaire à la surveillance de ce projet.  » C’est un des plus beaux domaines skiables destinés à des sportifs chevronnés, commente-t-elle. Il suffit de se retrouver sur les pistes pour s’apercevoir du niveau d’entraînement des gens qui fréquentent cette station.  »

Conçu pour une grande famille, le chalet aménagé par Coralie Michiels compte cinq chambres et un vaste rez-de-chaussée comportant à la fois la cuisine, la salle à manger et un salon, sans oublier le hall d’entrée et un grand dressing pour ranger les combinaisons et chaussures de sport. A noter : le propriétaire des lieux a tenu à ce que l’architecte organise, ici et là, de petites différences de niveaux, d’une ou deux marches, comme c’était le cas dans les chalets paysans d’autrefois.

Pour mener à bien son travail, Coralie Michiels se fixe plusieurs objectifs. Tout d’abord, utiliser des matériaux en harmonie avec l’esprit de l’architecture mais en leur donnant toutefois des lignes contemporaines. Ensuite, conférer une  » personnalité  » à chacune des cinq chambres. Enfin, essayer de valoriser au mieux les fabricants belges.  » Je suis de celles qui prétendent qu’il n’est pas nécessaire d’aller à Paris pour trouver du beau linge de maison, par exemple, souligne la jeune femme. Nous avons mieux chez nous. En plus, j’ai chiné en Belgique chez de nombreux antiquaires. J’y ai notamment trouvé les lustres en bois de cerf ou les fauteuils habillés de peau de vache. J’ai fait une seule exception pour les luminaires et le lit en bois flotté du créateur français Bleu Nature.  »

C’est ainsi que sont venus de Belgique non seulement les mo-quettes ou les tissus, mais aussi le bois, celui des planchers comme celui du mobilier de cuisine ou de la bibliothèque.  » Pour ces rangements, enchaîne Coralie Michiels, j’ai voulu interpréter un style Shaker qui met en scène le bois avec des finitions qui ne sont pas toujours parfaites, des systèmes de fermetures artisanaux…  »

La cuisine ouverte privilégie à la fois le bois et l’ardoise noire, utilisée sur les plans de travail et à l’arrière de la cuisinière, une Lacanche digne des ambitions culinaires des plus fins gourmets. Elle peut être isolée grâce à une porte coulissante et aux volets articulés du passe-plat. En prise directe avec la cuisine, via ce passe-plat, la salle à manger se compose d’une grande table entourée de chaises et d’un banc-coffre en coin. Le salon compte deux parties : dotée de deux canapés et de deux fauteuils, l’une entoure le feu ouvert tandis que l’autre s’organise autour d’une table d’appoint destinée aux jours de grande affluence.

Les cinq chambres sont toutes remarquables. L’une d’elles est agrémentée par le superbe lit en bois flotté signé Bleu Nature. Conçue en harmonie, sa salle de bains est habillée d’une mosaïque de galets.  » Le mobilier de l’évier donne un bel exemple de ce que l’on peut faire avec un matériau traditionnel comme le bois de sapin, explique Coralie Michiels. Il suffit d’épurer les lignes pour qu’il prenne des allures contemporaines.  » La simplicité est aussi de mise dans la plus grande des chambres, installée à l’étage supérieur. Le mobilier y est rare, mais le lit trône royalement sur une magnifique moquette en laine naturelle, non teinte. Il suffit d’ouvrir une fenêtre pour en un instant jeter un regard émerveillé sur le fabuleux paysage enneigé.

Texte et photos :

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