C’est au grand paysagiste belge Jacques Wirtz que les propriétaires de ce jardin de ville ont confié l’aménagement de leurs  » salons d’extérieur « . Et au fil des années, ils ont superbement apporté à l’ensemble quelques petites notes personnelles.

Lorsqu’on interroge Jacques Wirtz sur le nombre de jardins qui portent sa signature, il répond volontiers que l’inventaire doit recenser quelque 800 projets : des grands, des très grands… et aussi des petits comme celui-ci. En 1990, quand les propriétaires de cette maison de ville font appel au célèbre paysagiste, ils viennent d’acquérir une parcelle contiguë à leur propriété, large de quelques mètres. Charme non négligeable, elle est déjà plantée et compte quelques pommiers à basse tige.

Outre qu’elle accroît l’espace disponible, l’acquisition de cette languette de terrain permet de recentrer l’axe majeur de la maison, celui qui, partant du salon, mène à une sorte d’orangerie, dont les châssis vitrés situés côté jardin participent à l’harmonie avec la nature ambiante. Wirtz décide de prolonger à l’extérieur cette ligne intérieure et de placer dans son axe un canal étroit, dont la bordure est enchâssée dans le liseré vert d’une haie basse de buis.

 » Une des autres demandes que nous avons formulées, se souviennent les propriétaires, c’est de pouvoir découvrir ces  » salons d’extérieur  » par étapes : ne pas pouvoir tout embrasser du regard en organisant de petites chambres de verdure pour créer la surprise.  » C’est ce qui explique l’aménagement du petit damier aléatoire de parallélépipèdes en Taxus qu’on peut admirer depuis les fenêtres du premier étage. De cet angle de vue, ces structures soigneusement taillées, comme tirées à quatre épingles, sont essentiellement situées sur la partie droite du jardin.

L’autre côté a, en effet, davantage été conçu comme un panorama d’arbustes et de vivaces.  » Comme c’est le cas dans beaucoup de jardins de ville, nous avons trouvé un Magnolia que nous avons souhaité conserver, tout simplement parce qu’il était déjà adulte et que, comme les arbres fruitiers, il apportait du caractère à l’ensemble, souligne la maîtresse de maison. D’autres arbustes ont été plantés, comme Pieris, Enkianthus, Cornus kousa ou Cotinus, dont la floraison me procure toujours un immense plaisir. Mais nous avons dû aussi en supprimer quelques-uns. Jeunes, ils étaient du plus bel effet. Mais en quelques années, leurs mensurations étaient inappropriées à l’espace. Je pense à Hydrangea villosa, Prunus subhirtella ou Catalpa. De nouvelles plantations ont aussi été effectuées, comme un beau bouquet d’Hydrangea ‘Annabelle’.  »

Parmi les vivaces prévues par le plan initial, une espèce s’est remarquablement acclimatée ici : la très populaire Alchemilla mollis. Des pivoines offrent aussi de très bon résultats, essentiellement des hybrides de lactiflora blancs et la très élégante Paeonia ‘Bowl of Beauty’, d’un rose soutenu. De nouvelles vivaces encore ont été intégrées dans les borders, qui sont modifiés au fil des découvertes dans les pépinières ou de visites auprès d’amis jardiniers.

Une modification dans le décor a aussi été apportée, sorte de coquetterie concédée au jardin.  » Au début, le canal se terminait sur un  » mur  » de Taxus, expliquent les propriétaires. Comme ce plan d’eau est dans la continuité de l’axe de la maison et qu’on peut l’admirer assis à la table de la salle à manger, nous avons eu l’idée de placer un miroir entouré d’un mince lattis en trompe-l’£il. Ainsi la parcelle, qui n’est pas très profonde, semble se prolonger de l’autre côté. Qui plus est, ce miroir amène un peu de lumière supplémentaire. En un mot, il y a davantage de vie depuis lors.  »

Carnet d’adresses en page 104.

Texte et photos : Jean-Pierre Gabriel

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