Pour la nouvelle directrice de Grand-Hornu Images,  » le design, ça se vit « . À Milan, bien sûr, en Hainaut, aussi. À condition de poser les bons jalons. Repérage.

Comme tous les mordus de design, elle n’aurait manqué ce rendez-vous avec la frénésie du Salon du meuble de Milan pour rien au monde, même si le regard qu’elle porte sur la création de mobilier contemporain n’est plus tout à fait le même qu’avant.  » Le rythme est différent et c’est beaucoup plus sain que lorsque j’étais journaliste, confie Marie Pok. Il n’y a plus cette fausse nécessité d’être exhaustif.  » Arrivée en douceur à la tête de Grand-Hornu Images début février dernier – elle a repris le flambeau de Françoise Foulon à la direction de l’association culturelle proposant des expositions de design et d’architecture -, la jeune femme est ici  » en repérage « . Et la liste des coups de c£ur, synonymes de coups de fils  » à donner d’urgence  » dès son retour, ne fait que s’allonger.  » Je n’ai rien vu que je puisse exporter tel quel, mais les expos qui se tiennent en ville pendant le Salon sont une formidable source d’inspiration, justifie-t-elle tout en savourant ses pâtes tomates-mozza. Il n’y a pas mieux pour avoir l’attention attirée sur les designers qui font le buzz.  » Cette année, le nom de Nendo est sur toutes les lèvres. De quoi aiguiser l’esprit de compétition des institutions culturelles qui rêvent d’en faire leur prochaine tête d’affiche.  » Bien sûr, je me mets la pression, admet-elle. Tout changement de boulot est un sacré défi.  » Celui-ci n’est pourtant pas le premier que cette licenciée en philosophie et lettres relève avec brio. C’est à elle et à Jean de Gheldere que l’on doit le lancement du festival Design September qui, depuis 2006, fait vibrer Bruxelles en mode design majeur.  » Pourtant, quand j’ai terminé mes études universitaires, je ne vivais que pour la montagne, se souvient cette passionnée de ski vissée à ses lattes depuis l’âge de 3 ans. Un jour que je retournais en train dans la station de sports d’hiver où je travaillais en boîte de nuit, je me suis retrouvée dans le même compartiment que Lise Coirier, alors critique d’art pour un magazine. J’avais oublié mon bouquin. On a sympathisé. Deux ans plus tard, elle me proposait de la remplacer.  » Nécessité faisant loi, pour vivre de sa plume de journaliste freelance, Marie Pok écrit aussi des papiers sur l’architecture. Puis sur le design. Le timing est parfait : en dix ans, l’intérêt des journaux et de leurs lecteurs pour la matière n’a cessé de s’accélérer. Chez elle, pourtant, pas de meubles griffés. Autour de la grande table en bois, la Bruxelloise aime recevoir ses amis. Cuisiner pour sa famille aussi.  » Mon père ( NDLR : d’origine chinoise) m’a tout appris de l’art du wok. J’aime ce qui se prépare vite, les mélanges. Le sucré-salé, l’orient et l’occident. Je jongle avec les techniques de là-bas et les ingrédients de chez nous.  » Un esprit d’ouverture dont elle entend faire preuve dans sa nouvelle fonction. En haut de sa  » to do list « , il y a bien sûr une réflexion à engager sur l’accessibilité du site, sur son nom  » qui ne dit pas clairement ce qui s’y passe  » et les préparatifs de  » sa  » première expo qui aura pour thème  » design et science-fiction « .  » Je voudrais multiplier les conférences, les workshops, ajoute- t-elle. Le design, cela se vit. Et le Grand-Hornu doit être un lieu d’échanges.  » Entre designers mais aussi avec les habitants du coron voisin qui continueront de recevoir, comme par le passé, des invitations personnalisées à tous les événements majeurs de l’institution.  » Pas question de zapper le traditionnel apéro-charcu « , conclut Marie Pok. Qui rajoutera peut-être quelques nems au menu.

PAR ISABELLE WILLOT

 » BIEN SÛR, JE ME METS LA PRESSION. TOUT CHANGEMENT DE BOULOT EST UN SACRÉ DÉFI. « 

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