Thermalisme en Wallonie : la renaissance

Barbara Witkowska Journaliste

Après une éclipse, le thermalisme à Spa et à Chaudfontaine affiche de nouveau une santé de fer. Paradis de douceur et de tranquillité, les thermes wallons prennent leur revanche et proposent désormais des soins tendance qui concourent à vous faire retrouver bien-être et joie de vivre.

Carnet d’adresses en page 63.

Un £il rivé sur leurs concurrentes maritimes, l’autre sur les thérapies les plus pointues, les deux stations thermales phares wallonnes font peau neuve. On reconstruit, on agrandit, on rénove, on modernise, et souvent en grand. Ainsi, les nouveaux Thermes de Spa, inaugurées en avril 2004, n’ont rien à envier aux spas les plus prestigieux. Le bâtiment ultramoderne, conçu par Claude Strebelle, le grand architecte liégeois, déploie une superficie de 10 000 m2 au sommet de la colline d’Annette et Lubin qui surplombe toute la ville, s’ouvre sur une nature intacte et généreuse et affiche un thermalisme new-look et des cures nouvelle vague, destinées à une clientèle jeune et dynamique.

Rapide retour aux sources. La réputation de l’eau de Spa (carbogazeuse et ferrugineuse, excellente, notamment pour la circulation sanguine), remonte aux xve siècle. A l’époque, on la consommait uniquement par voie interne. Ce sont les xviiie et xixe siècles qui signent l’ère la plus brillante et la plus glorieuse de Spa. L’élégant bâtiment des Thermes ouvre dans le centre-ville en 1868. Les têtes couronnées (l’empereur Joseph II, le roi Charles II d’Angleterre, le tsar Pierre le Grand, le roi Léopold II, notamment), ainsi que les dames et les messieurs de la haute société allaient aux eaux comme nous au club de fitness. Pour entretenir leur santé et se changer les idées. En 1949, avec la création des Heures Claires, on entre dans l’ère du  » thermalisme social « . Mais au fil du temps, avec la suppression des remboursements de cures sociales en 1995, la crise économique et le boom de la thalassothérapie, Spa est boudée. Les responsables n’ont alors qu’une idée en tête : rebondir. On maintient les cures de santé, mais on se tourne surtout vers les cures de remise en forme pour ressourcer les jeunes mamans, les citadins stressés et rajeunir les baby-boomers. La prévention prend le pas sur la réparation. Le hic ? Le bâtiment des thermes, ronronnant dans des structures vieillottes, est devenu obsolète. Il n’y a ni piscine ni terrasse, pourtant incontournables du bien-être et de la forme tels que nous les concevons aujourd’hui.

Le bâtiment est en partie classé et il n’est pas question d’y faire ce qu’on veut. Les autorités de la ville ont alors la bonne idée de valoriser ce superbe terrain, juché au sommet d’une colline de 80 m de hauteur, niché au c£ur des bois, avec une vue imprenable sur les Fagnes. Un funiculaire équipé de deux cabines relie les Thermes à la ville. L’une de ses cabines est réservée aux curistes hébergés à l’hôtel Radisson SAS, nouvellement construit au pied de la colline. Le bâtiment est judicieusement divisé en deux zones d’activités : les cures et le thermoludisme. La durée des cures varie de un à cinq jours. Elles sont conçues autour d’un thème précis : stress, tabac, minceur, cellulite ou maman-bébé et font appel à des soins classiques : douche au jet, hydromassage en baignoire, massage sous affusion d’eau minérale carbogazeuse (le grand best-seller de Spa) et bain de tourbe. A noter, une exclusivité : le bain en baignoire Thalaxion. La séance se déroule dans une baignoire fermée comme une coque et consiste en alternance de jets chauds et froids, inégalables pour traiter les problèmes circulatoires. Les cabines sont simples et agréables. De grandes baies vitrées communiquent avec la nature.

L’aménagement intérieur de la zone soins est des plus réussi. Claude Strebelle a imaginé un décor chaleureux, quasi entièrement tapissé de bois. De grands panneaux aux couleurs vitaminées, rouge, jaune, vert et orange, rythment agréablement l’espace. Le personnel est charmant et attentionné. Entre les soins, on peut faire une halte au hammam ou au sauna, se relaxer dans une pièce sombre, éclairée par la lumière de Wood (néons bleu violet) ou tout simplement rêvasser sur une chaise longue, en contemplant la nature. Le clou du programme ? Un petit séjour dans la piscine thermoludique. Accessible à tous, elle a une architecture pleine de panache et une surface impressionnante de 800 m2 de bassins intérieur et extérieur d’eau minérale, naturelle et chaude de la source Clémentine, à 32 °C. Tout y est : des jets d’eau hydromassants, des bains bouillonnants et des sièges à bulles. On peut même y déjeuner d’un plat- léger.

Retrouver sa vitalité à Chaudfontaine

Situées à un jet de pierre (environ 30 km) de Spa, les Thermes de Chaudfontaine n’ont certes jamais connu la notoriété mondiale et mondaine de leur célèbre voisine. Et pourtant, ils méritent largement notre attention, car sous l’impulsion d’une nouvelle direction, ils ont de grandes ambitions. Comme à Spa, les bienfaits de l’eau de Chaudfontaine sont appréciés depuis belle lurette :  » C’est une eau bonne pour tout et même pour l’amour. Il suffit d’en boire et y croire.  » Simon Sauveur, un paysan du hameau fut le premier adepte et, dès 1676, il eut l’idée d’exploiter les sources naturelles. Les premiers amateurs des bains débarquent à Chaudfontaine. Ils arrivent de Liège… en barques. Ces excursions insolites vont inspirer, un peu plus tard, à Jean-Noël Hamal, une pièce de théâtre intitulée  » Li voyèdje di Tchofontinne  » ( » Le Voyage à Chaudfontaine « ), jouée avec beaucoup de succès à l’Hôtel de Ville à Liège. Flairant une bonne source de revenus, les princes-évêques de Liège construisent, en 1725, les premiers thermes. Plus près de nous, le  » bateau  » commence à prendre l’eau, comme à Spa. L’image du thermalisme devient désuète. Les bâtiments sont démolis, les cures sont oubliées. Puis le vent tourne. La thalasso new-look arrive avec de nouvelles thérapies corporelles. Alors, on pense sérieusement à la renaissance des thermes.

Le naufrage définitif n’aura donc pas lieu. En 2001, le Centre thermal flambant neuf s’installe dans un prestigieux château classique du xviiie siècle, entouré d’un vaste parc. Il y a un an, Gilbert Lodomez prend les rênes de l’établissement. Secondé par sa fille Aurélia, il compte bien, dans un avenir proche, hisser Chaudfontaine au top des centres de bien-être en Belgique. L’espace thermal proprement dit a été relooké il y a quelques semaines. La décoration est plus minimaliste et plus japonisante pour mieux s’inscrire dans la tendance. On y trouve un hammam, trois saunas (65 °C, 75 °C et 85 °C) ainsi que tous les soins thermaux classiques, tels que les bains à bulles et les douches au jet. Ils sont effectués avec de l’eau thermale chaude naturellement à 36,6 °C (il s’agit de la seule source chaude dans le Benelux). A signaler : la présence d’une baignoire exclusive û Spajet Dermalife û qui conjugue l’hydrothérapie, la musicothérapie, la chromothérapie et les infrarouges. Mais la vraie originalité des Thermes de Chaudfontaine se situe toutefois au niveau des soins relaxants. C’est le domaine d’Aurélia, responsable du développement des produits soins. A l’affût de toutes les nouveautés, la jeune femme vient d’introduire au programme une panoplie de soins les plus pointus qui ne sont dispensés nulle part ailleurs en Belgique. Impossible de les citer tous ici… Notons toutefois le massage à l’or fin, le soin  » lotus perse  » (il comprend, notamment, un gommage de la plante des pieds avec une pierre de lave et un massage aux huiles perses) ainsi qu’un enveloppement au chocolat. On fond de plaisir !

Cette recherche d’exotisme et d’exclusivités rejoint une vocation de cocooning et de convivialité. Le centre n’accueille que 50 personnes à la fois et pas une de plus, pour préserver l’atmosphère familiale et intimiste. Pour le confort des visiteurs, les écuries du château viennent d’être aménagées en hôtel de charme quatre étoiles. Pour l’instant, il n’y a que sept chambres. Un agrandissement est prévu, mais il est bien entendu que l’hôtel conservera sa dimension  » humaine « . La décoration est raffinée et chaleureuse, l’accueil souriant et plein de gentillesse. Le but est d’envelopper chaque client de bien-être dès qu’il franchit la porte. La clientèle ? Des hommes (40 %) et des femmes (60 %) entre 25 et 90 ans qui souhaitent s’offrir  » une vie de château  » pendant une journée ou un week-end. Les projets ne manquent pas. On peaufine l’idée d’un espace ludique ainsi que d’un parcours réflexologie (un jardin avec différents supports, pelouse, galets, bois, où l’on se promène pieds nus).  » L’objectif est d’avoir plusieurs cordes à notre arc, ne pas se focaliser sur une chose, conclut Gilbert Lodomez. Les gens recherchent un cocon de bien-être, mais ne veulent pas s’ennuyer.  »

Barbara Witkowska

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