Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, de 9 à 10 heures, dans l’émission de Jean-Pierre Hautier, sur la Première (RTBF radio).

 » Tout le monde peut être célèbre un quart d’heure dans sa vie « . La prophétie d’Andy Warhol n’a jamais sonné aussi juste qu’aujourd’hui. A l’heure de la mondialisation et de la prolifération des e-mails planétaires, il est en effet devenu concevable, pour tout un chacun, d’accéder aisément à la postérité artificielle, l’espace d’un court moment. Comment? Facile : il suffit de participer à une émission de télévision voyeuriste dont nos voisins nordistes ont le secret (genre  » Big Brother « ) ou, plus simplement, de connecter une webcam à son ordinateur personnel avec, en toile de fond, un projet singulier. Comme, par exemple, Josh et Tanya, deux artistes new-yorkais qui ont décidé d’installer 32 caméras, pendant quelques mois, dans leur superbe loft de Soho. Sur leur site gratuit www.weliveinpublic.com, leur vie quotidienne est passée à la moulinette, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, sans pudeur aucune. Edifié comme dans un plan d’attaque militaire, l’emplacement de chaque mouchard électronique est scrupuleusement défini et l’internaute averti a même accès à une mine d’archives croustillantes du style  » l’image de la caméra 2 (celle placée juste au-dessus du lit), samedi dernier, à 23h48 « . Pas de problème, le moteur de recherche exécute vos désirs. Etes-vous sûr de ne pas vouloir admirer plutôt la vue de la caméra 21 fixée sous la lunette des toilettes de la salle de bains? Ce n’est pas une blague. Le couple exhibitionniste a même été jusqu’à ce point de non-retour dans l’expression outrancière de ses fantasmes de popularité immédiate. Et ça marche. Les connexions explosent et les médias en parlent. Dans le labyrinthe Internet, tout devient prétexte à l’installation d’une caméra digitale et le monde se transforme, petit à petit, en un village ouvert au moindre clic de souris. Du meilleur au pire, les sites prolifèrent, dopés par la démocratisation du prix des webcams. Désormais, tout s’observe en permanence, le fond trouble du mystérieux loch Ness comme la litière inodore de chats américains complètement anodins. Aux adresses incontournables www.earthcam.com et www.camcity.com, des milliers de caméras attendent désormais cette génération voyeur qui joue volontiers le premier rôle invisible du mythique  » 1984  » d’un certain George Orwell. Alors toi aussi deviens faussement célèbre. Et branche ta webcam. Ils t’attendent.

Frédéric Brébant

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