Dans son roman Homo Erectus, trois hommes viennent se raconter. Ils abordent leurs histoires d’amour, sentimentales ou sexuelles. Ces trois récits illustrant chacun la relation difficile existant entre les hommes et les femmes.

L’écrivain est-il  » un sociologue curieux de l’âme humaine  » ?

Oui, puisqu’il est attentif aux gens. L’alchimiste les transforme en histoire. Contrairement au philosophe, l’écrivain n’a pas à fabriquer de sens. Je suis un conteur. Ce roman n’aborde pas la masculinité contemporaine, il crée un univers qui fait la peau aux clichés.

Qui est l’homme de demain ?

Quelqu’un qui serait capable de vivre ce que vivent les femmes actuellement, s’assumer complètement en cumulant carrière et enfants. Ce type de courage et de générosité est admirable.

Vous êtes un homo…

… Narratus ! Le titre du roman est plein de sens. Il fait référence au premier homme qui se tient debout et acquiert la parole. Grâce à elle, mes héros affrontent la réconciliation avec eux-mêmes et avec les femmes. Ils ont tous une part de lâcheté, de vilenie, d’ombre et de générosité. Les hommes sont des êtres avec une douleur et un c£ur.

De quoi êtes-vous prisonnier ?

Je suis un anxieux qui réussit à transformer ses angoisses en fiction. Très jeune, je me suis senti plus à l’aise dans ce monde, m’éveillant à une incroyable palette d’émotions.

Votre rêve d’enfant ?

Dès que j’ai su lire, j’ai écrit, sans être un grand lecteur. Le roman noir m’a donné envie  » de faire ça dans ma vie « . L’important étant de fabriquer des histoires.

Avez-vous  » le don de décrypter les femmes  » ?

Ce serait un rêve, un fantasme romanesque ( rires). Quand je croise une femme, il y a quelque chose qui reste illisible. Elle gardera son mystère, alors que peu d’hommes en proposent.

Si vous étiez un parfum ?

Mitsouko de Guerlain. Quel que soit le coin du globe où je me trouve, je pense à une femme en le sentant, tant sa force olfactive réveille son souvenir.

Aimez-vous arpenter Paris ?

Je l’ai longtemps fait, mais cette ville exige trop d’énergie. Aujourd’hui, je songe à m’installer à Bruxelles car cette métropole cultive le temps et l’amabilité.

 » Le cadeau de votre liberté « 

Mon père était un ouvrier immigré, alors que moi, je vis de ma passion. C’est une chance, même si je la travaille. Je peux vivre n’importe où, parce que je n’ai ni attaches ni horaires.

La plus grande trahison ?

La trahison de soi. Ai-je trahi l’ado que j’étais ? Est-ce trop tard pour devenir celui que je voulais être ? Je m’imagine à 100 ans, mourant le stylo à la main. Entre-temps, je célèbre le vivant en le racontant.

Homo Erectus, par Tonino Benacquista, Gallimard, 270 pages.

KERENN ELKAÏM

Bruxelles cultive le temps et l’amabilité.

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