Parce que l’heure est plus que jamais au recyclage de matériaux, mais aussi d’idées, nous avons demandé à trois créateurs de nous proposer des objets à faire soi-même. Robert Stadler, les 5.5 Designers et Jean-Marc Gady se sont prêtés à l’exercice avec brio. A vous de jouer.

PAR ALFRED ESCOT et MARION VIGNAL

Le coucher de soleil de Robert Stadler

Entre art et industrie, l’ex-membre du collectif parisien Radi Designers continue son parcours solo dans les galeries en vue. Cette année, c’est la Carpenters Workshop Gallery qui exposera son mobilier conceptuel, à Londres, au printemps prochain. Pour Le Vif Weekend, il a imaginé un décor de coucher de soleil à composer soi-même avec quelques bandes d’adhésif.

En quoi consiste l’objet que vous avez imaginé pour nous ?

Cette création, que j’ai baptisée Permanent Sunset, est un tableau réflecteur de lumière que l’on éclaire avec une lampe. Il suffit de découper et de coller des bandes de ruban adhésif brillant sur un mur. J’ai choisi un dessin volontairement kitsch, qui permet de profiter d’un coucher de soleil à toute heureà Mais chacun peut créer son propre dessin.

Le  » do-it-yourself  » fait-il partie de votre démarche de designer ?

J’aime en effet proposer des solutions qui ne sont pas définitives et des objets en devenir. En 2000, j’avais déjà réalisé Do Cut, un produit qui n’a pas de fonction établie. Vendu avec une scie, il se présente sous la forme d’une colonne en plastique creux que l’on doit découper pour en faire un tabouret, un abat-jour ou tout autre objet.

Quels conseils donneriez-vous aux apprentis designers ?

Trouvez votre propre « terrain  » et ne cherchez pas à suivre les tendances à tout prix. Fiez-vous plutôt à vos propres idées. n

La recette du réflecteur Permanent Sunset

Budget : 20 euros environ.

Temps de réalisation : 2 heures pour les bricoleurs, une après-midi complète pour les autres.

Matériel : 3 rouleaux de ruban adhésif (1 bleu, pour le fond du tableau, de 5 cm de largeur et 28 mètres de longueur; 1 doré et 1 gris (chez Brico notamment – www.brico.be).

Dans votre placard : une règle ou un mètre, un petit niveau, un compas, un cutter et une paire de ciseaux.

Réalisation

Pour dessiner l’horizon, découper une bande de 1,5 mètre de ruban bleu. La coller à 1,5 mètre du sol à l’horizontale, à l’aide de la règle et du niveau pour qu’elle soit bien droite.

Pour dessiner l’eau, à partirde l’horizon, coller des bandes les unes au-dessous des autres, sur une hauteur totale de 85 cm, toujours à l’horizontale. Les bandes bleues doivent mesurer entre 1 et 1,5 mètre de long.

Pour dessiner le soleil, avec un compas, dessiner un disque de 17 cm de rayon dans un morceau de carton,puis le découper au cutter pour en faire un patron. Sur le mur, coller 10 bandes de ruban doré au-dessus de l’horizon.Plaquer le disque par-dessus et découper au cutter le ruban doré qui dépasse.

Pour dessiner les ombres et les reflets, coller sur l’eau des morceaux de ruban gris de tailles variées. Faire la même chose avec du ruban doré pourles reflets. Disposer une lampesur une table ou un lampadairepour éclairer le tableau.

L’astuce du designer

Choisissez une lampe d’aspect plutôt neutre. Quel que soit le dessin que vous avez choisi, préparez une esquisse de votre tableau sur une feuille de papier, en précisant les dimensions approximatives de chaque bande. Cela évite d’avoir à improviser directement sur le mur.

Les tabourets démoulables des 5.5 Designers

Depuis son apparition en 2003 sur la petite planète design, le jeune quatuor français a imposé son style : responsable et décalé. Les 5.5 passent du luxe à la grande distribution, du bricolage à la déco, avec une aisance désarmante. Et la même rigueur de réflexion sur leur rôle à jouer. Pour Le Vif Weekend, Jean-Sébastien Blanc et Claire Renard ont concocté une recette de tabourets, à base de ciment et de tasseaux.

En quoi consiste l’objet que vous avez créé pour nous ?

Nous cuisinons bien plus que nous n’allons au restaurant et, à l’inverse, nous fabriquons très peu d’objets par rapport à ce que nous achetons. Nous proposons donc une cuisine d’objets avec des recettes à s’approprier selon son goût. Cette série de tabourets, faits à partir de différents moules à gâteau ou de plats, en est un exemple.

Que pensez-vous de la tendance  » do-it-yourself « ?

C’est quelque chose qui nous importe beaucoup.Dans notre travail, nous encourageons toujours la création populaire. On parle de design depuis relativement peu de temps, alors que l’homme a toujours créé des objets.

Quels conseils donneriez-vous aux apprentis designers ?

Nous sommes tous créateurs dans l’âme. Il suffit d’oser révéler sa personnalité ! Pour nous, les objets faits à la main ont une fragilité et une imperfection qui nous plaît bien plus que les standards froids de l’industrie. Car ils nous ressemblent… n

La recette du tabouret démoulable

Budget : autour de 10 euros.

Temps de réalisation : 20 min.

Matériel : un plat à tarte ou n’importe quel contenant creux (plat en porcelaine, plat à cake ou soucoupe en terre cuite), entre 20 et 30 cm de diamètre et autour de 3 cm de profondeur. Un tasseau à débiter en trois morceaux de 45 cm chacun ou un manche à balai. Du mortier à prise rapide (un petit sac suffit).

Dans votre placard : un rapporteur, un crayon en bois, un niveau, un cutter, une scie manuelle ou électrique, du papier de verre, un rouleau d’adhésif double face, des tampons à mettre sous les pieds du tabouret, une spatule en bois et une vieille bassine.

Réalisation

Dans la galette choisie (ici, le plat à tarte), tracer au crayon trois lignes à 120 degrés chacune à l’aide du rapporteur. Marquer un point sur chacune à 3 cm du bord pour le positionnement des pieds.

Débiter les tasseaux, poncer leurs extrémités pour qu’elles soient bien planes.

Poser le plat sur une surface bien plane et à un endroit où il pourra rester le temps que le ciment sèche, coller un bout d’adhésif doubleface sur chaque pied et les fixer dans le plat sur le point tracé précédemment.

Préparer le mortier en suivant les instructions inscrites sur le sac, ne pas hésiter à ajouter un peu d’eau pour liquéfier le tout. Bien mélanger sans laisser de grumeaux.

Couler le mélange au fond du plat, le répartir sur la surface et s’arrêterà 2-3 cm du bord.

Attendre que le ciment sèche. Il faut 2 heures pour retourner le tabouret et 24 heures pour s’asseoir dessus. Démouler ou non le plat du tabouret.

L’astuce du designer

Versez le ciment en une seule fois et, quand ce dernier est encore mou, prenez un petit clou et signez l’objet de votre nom.

La suspension Paradise de Jean-Marc Gady

Du vase Amphora en cristal de Baccarat à la tourbillonnante lampe Cancan,nouvellement éditée par Roche Bobois, ce designer français, réputé dans le secteur du luxe, s’est créé son monde à lui, arty et poétique. Ses éditions limitées sont vendues à New York à la galerie R’Pure et, depuis peu, à Paris, chez Forum Diffusion, qui lui consacre actuellement une exposition. Pour Le Vif Weekend, il a conçu une suspension faite de simples boules de polystyrène. D’un chic absolu.

En quoi consiste l’objet que vous avez imaginé pour nous ?

Paradise est un nuage formé avec des boules de polystyrène. Cet objet m’a été inspiré par l’univers du cinéaste Miyazaki. On peut le suspendre au plafond ou le poser sur une table. Il s’illumine grâce à une source de lumière distincte.

Que pensez-vous de cette tendance qui consiste à réaliser soi-même des objets de design ?

Ce qui m’a intéressé dans cet exercice est de proposer de réaliser un objet poétique avec du polystyrène, un matériau cheap. On voit tous le design comme quelque chose d’un peu inaccessible. Le do-it-yourself permet de se l’approprier réellement.

Quels conseils donner à ceux qui veulent devenir designers ?

Se recentrer sur l’essentiel : la fonction et la simplicité d’utilisation. C’est le propos du design. n

La recette de la suspension Paradise

Budget : autour de 50 euros.

Temps de réalisation : 1 h 30 environ.

Matériel : 36 boules en polystyrène (5 de 15 cm de diamètre, 10 de 12 cm, 7 de 10 cm, 6 de 7 cm et 8 de 5 cm – dans les magasins de loisirs créatifs, entre autres Creacorner à Bruxelles : www.creacorner.be),1 spray de peinture à l’eau blanc mat, 1 boîte de cure-dents, 1 tube de colle spéciale polystyrène, 1 rouleau de fil de pêche.

Réalisation

Assembler les boules grâce aux cure-dents.Commencer par les plus grandes et ajouter les autres au fur et à mesure de façon à former un nuage. Rajouter un point de colle autour de chaque cure-dents. Faire des pauses régulières de 10 min le temps que la colle sèche.

Vaporiser une couche de peinture à l’eau sur votre composition pour cacher la colle et les cure-dents. Le blanc renvoie bien la lumière, mais vous pouvez choisir une autre couleur mate. Patienter 10 min.

Pour accrocher la suspension, faire deux trous et planter deux clous ou deux crochets selon la nature du plafond. Faire deux n£uds de chaque côté de la composition avec le fil de pêche et suspendre celle-ci à 70 cm de la source de lumière.L’astuce du designer

Réalisez des nuages de tailles et de couleurs différentes pour décorer une chambre d’enfant par exemple. Il n’est pas nécessaire de tousles éclairer. Pour solidifier l’ensemble, ajoutez des cure-dents là où c’est possible.

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