Se moquant royalement des contraintes spatio-temporelles, le podcasting enterre la radio de papa et place l’auditeur au cour d’une nouvelle révolution médiatico-sociologique.

La stratégie était évidemment attendue. Pour appuyer le lancement de sa toute nouvelle 207, Peugeot a en effet trouvé un nouveau moyen de séduire les foules au-delà des traditionnelles campagnes d’affichage, des inévitables spots radio et des incontournables pubs télé. Modernité oblige, la célèbre marque au lion se met désormais au podcasting et propose donc, chaque semaine, un mini-reportage fait maison à télécharger sur son site www.207.fr et à regarder où et quand on veut. Joli buzz marketing. Prévisible, une fois de plus. Car le podcasting est le média du moment. Un média qui fusionne le dieu Internet aux univers tout aussi mythiques de la radio et de la télé réunis, avec l’énorme avantage de placer le consommateur au-dessus de la mêlée. Proclamé auditeur/spectateur roi, ce dernier décide enfin du moment où il choisira d’écouter et/ou de regarder son émission favorite. Sans les contraintes spatio-temporelles jusqu’ici liées aux médias traditionnels. Pour ceux qui auraient raté un épisode et qui se demanderaient toujours à quoi peut bien servir le podcasting, voici un petit résumé didactique de la situation. D’abord, la terminologie : podcasting est un mot-valise anglophone qui vient de la contraction des mots iPod (le célèbre baladeur numérique d’Apple) et broadcasting signifiant diffusion. Ensuite, le principe : le podcasting (ou baladodiffusion pour les défenseurs de la langue française) consiste à télécharger, via des sites Internet, des programmes radio ou vidéo (généralement gratuits) que l’on peut écouter et/ou regarder quand bon nous semble. Sur un ordinateur classique ou sur un lecteur MP3 (il ne faut pas nécessairement un iPod pour podcaster). Enfin, la révolution : avec l’avènement de cette nouvelle technique, c’est la radio-télé de papa que l’on enterre. Car le podcasting offre ce confort ultime de ne plus avoir à se fondre dans une grille horaire immuable. Ni même de devoir se trouver au bon endroit au bon moment. Avec lui, on se moque du temps et l’espace : on télécharge une émission de radio belge en Australie pour l’écouter, si on le souhaite, au Guatemala, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Beaucoup plus qu’un simple gadget à la mode, le podcasting est en réalité un nouveau phénomène médiatico-sociologique comparable à l’éclosion des radios libres à la fin des années 1970. Avec lui, le paysage des ondes est complètement bouleversé et n’importe qui peut même s’improviser producteur et réalisateur d’émissions radio pour une audience mondiale. Avec trois fois rien. En Belgique, les grandes chaînes de radio l’ont évidemment déjà adopté (la RTBF, NRJ et Nostalgie proposent, depuis quelques mois, plusieurs émissions à podcaster) et certains médias dits  » papier  » surfent déjà sur la tendance (comme  » La Dernière Heure  » et  » La Libre Belgique  » qui proposent de petits programmes d’actualité téléchargeables). Les instances gouvernementales offrent même l’opportunité de podcaster désormais les conférences de presse du Premier ministre sur http://premier.fgov.be (à quand le premier podcast d’homme politique belge en campagne électorale ?) Mais le plus fascinant dans tout ce bouleversement technologique reste évidemment l’usage fait désormais par des animateurs de radio  » dissidents  » (comme, par exemple, Jérôme Colin et son précieux http://vox.skynetblogs.be) ou par de simples quidams subitement autoproclamés reporters du Web (comme Philippe et Gabrielle sur http://podcast-gab-phil.org). Nouveaux appendices audiovisuels des blogs, les podcasts placent donc aujourd’hui l’individu au carrefour de nouvelles habitudes de consommation (pour un aperçu des programmes à podcaster chez nous, un petit tour sur www.podcast-belgique.com s’impose). Un carrefour où se pressent des anonymes désireux de se faire entendre autrement, mais aussi des publicitaires avides de nouveaux espaces vierges à conquérir d’urgence. Evidemment.

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur La Première (RTBF radio).

Frédéric Brébant

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