Catherine Pleeck

Avec l’avènement d’Internet, la mode ne se vit plus seulement sur les podiums. Dans la rue, chacun affiche son identité vestimentaire. Pour le plus grand plaisir des blogueurs de streetstyle.

Terminée, l’époque où la mode était dictée par quelques créateurs, avant de se fondre progressivement dans la masse. A nouveau millénaire, nouvelles pratiques, initiées par Internet et les réseaux sociaux. Désormais, quelques secondes après le show, les nouvelles collections sont commentées et illustrées sur la Toile. Toute fashionista qui le souhaite peut aussi assister virtuellement à la plupart des présentations des griffes de luxe, confortablement installée dans son canapé. Elle a ainsi le sentiment de participer à l’événement, de partager et échanger avec la communauté… Et tant mieux si elle achète dans la foulée, à chaud et en exclusivité, quelques pièces de la future saison, qui lui seront livrées bien avant tout le monde, comme c’est le cas chez Burberry Prorsum, par exemple.

Avec l’explosion de la communication, on note l’apparition d’un nouveau protagoniste, dont le poids ne fait que s’accroître de saison en saison : le blogueur de streetstyle. Scott Schuman, Géraldine Dormoy, Garance Doré, Yvan Rodic, Bryan Boy ou Tommy Ton – pour ne citer que les plus connus -, sont à la fois photographes, intéressés de (très) près ou de loin par la mode, et/ou dotés d’un certain sens du style, de l’observation et de l’écriture.

L’un des premiers à avoir perçu le potentiel du streetstyle est l’Américain Scott Schuman. Depuis 2005, on peut voir sur son site Web, intitulé The Sartorialist, des photos de passants particulièrement bien stylés. Si cet ancien directeur d’un showroom de mode s’est lancé dans cette aventure, c’est alors simplement pour être à nouveau aux prises avec la réalité, avec de vraies personnes, dont les looks sont malheureusement trop souvent éloignés de ce qu’il vend. Bingo : l’homme est considéré par Time Magazine comme l’une des cent personnes les plus influentes en matière de mode. Rien de moins.

Depuis, son exemple a fait école. Ils sont aujourd’hui des milliers à arpenter les rues, à la recherche de  » la  » photo révélatrice d’une tendance, qu’ils postent ensuite sur leur blog. La raison de ce succès ? Trouver une inspiration différente des modèles intouchables, les icônes et les célébrités. Et en cela, Internet démocratise ce besoin, cette envie. Phénomène de niche au départ, le streetstyle touche aujourd’hui aussi bien le grand public que les équipes de style de grandes et petites maisons de mode, toujours en recherche de nouveautés. On y puise une allure, une subjectivité, un ton libre et moderne – même si certains blogueurs, avides de revenus, n’hésitent pas à poster dans le tas des publireportages à peine masqués. La mode, désormais, ne s’envisage plus en total look : plus que jamais, le consommateur actuel s’approprie librement les tendances puisées aux quatre coins du monde, grâce à la magie du Web.

CATHERINE PLEECK

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