Pour aménager l’appartement parisien d’un industriel uruguayen, le designer français Christophe Pillet joue la carte de la sobriété subtilement agrémentée de quelques notes exotiques. Le résultat ne manque pas de piment.

L e propriétaire de ce superbe appartement est uruguayen. Industriel installé à Paris, Eduardo Caplan est resté fidèle à ses racines, mais a toujours été sensible, également, à ce qui fait le charme de la capitale française : la lumière et l’élégance. Son  » home « , fruit de ses deux amours, est aussi le résultat d’une étroite collaboration avec le décorateur et designer Christophe Pillet. Chef de file de la nouvelle génération de créateurs français, l’homme compte déjà quelques superbes réalisations dans les plus grandes capitales du monde. A Paris, il a signé la conception du magasin de Jean-Claude Jitrois et la boutique du chausseur Rodolphe Ménudier. Mais Christophe Pillet crée également des meubles édités par les fabricants les plus prestigieux du moment comme Cappellini, Artelano, Domeau & Pérès…

A deux pas de la place des Vosges, une des plus raffinées de Paris, le beau volume que le propriétaire a choisi était compartimenté en de nombreuses petites pièces reliées par un couloir. En accord avec Christophe Pillet, le maître des lieux a pris le parti de supprimer de nombreuses cloisons pour créer la longueur qui faisait défaut. Il y avait ici la hauteur (3,60 mètres), la largeur (l’appartement est éclairé à la fois par la rue et par une vaste cour lumineuse), mais il fallait apporter une unité horizontale : beaucoup d’éléments de la décoration tendent eux aussi à cette fin.

L’appartement, en forme de L, est organisé en enfilade : de part et d’autre de la vaste salle de séjour, on trouve un petit salon et un grand bureau-bibliothèque, puis, au-delà du bureau, la chambre et la salle de bains. L’ensemble, extraordinairement clair, donne une impression de grand dépouillement : cela est dû au choix de Christophe Pillet de supprimer tous les meubles de rangement (de vastes placards, dissimulés dans les murs, les remplacent) et de ne conserver, pour construire le décor, que les tables et les sièges.

L’ameublement a trois origines principales : des créations contemporaines, des pièces de Christophe Pillet et des objets, surtout des £uvres d’art, latino-américains. Le charme des lieux tient à trois éléments auxquels ses concepteurs ont accordé tout leur talent : les matériaux, la lumière, le soin apporté aux détails. Le salon, la bibliothèque et la salle de bains sont placés sous le signe d’un splendide bois brésilien, l' » ouro preto «  (ce qui veut dire l’or noir) ; chaque planche a été choisie minutieusement, pour ne retenir que les plus belles et créer une unité dans tout l’appartement. Les pierres de la salle de bains, elles aussi sélectionnées une à une, viennent d’une carrière de la région parisienne. Les meubles, quant à eux, utilisent des matériaux sobres et raffinés : console en pâte de verre, tables en métal, cuir de poulain pour la chaise longue du bureau…

La lumière, omniprésente, apporte sa pureté à l’ensemble : partout, elle arrive par de hautes fenêtres et, la nuit, ce sont des éclairages indirects qui créent, aux différents endroits, des sortes de bulles d’intimité et de chaleur. Les £uvres d’art (sculptures, masques mexicains…) ont fait l’objet d’une attention particulière : de très délicats rectangles lumineux les mettent en relief.

 » Dieu est dans les détails « , affirme Eduardo Caplan. Avec Christophe Pillet, l’heureux propriétaire a veillé à ce que les plus petits éléments de décoration soient raffinés. Les interrupteurs électriques, par exemple, sont d’une élégance rare. L’organisation générale de la petite cuisine est un modèle de fonctionnalité (rien n’y manque ; tout y a été réfléchi) et de chaleur (les éclairages intelligents viennent souligner la beauté des matériaux : bois, Inox, dallage ancien…).

L’appartement se révèle ainsi un admirable écrin pour les £uvres d’art rapportées des quatre coins de l’Amérique latine : vases, poteries, statuettes, collections de tableaux ont trouvé un cadre d’une admirable sobriété et, à la mesure de leur dépouillement, d’un grand raffinement. Elle doit tout au goût de son propriétaire et au talent de celui qui en a été l’artisan : Christophe Pillet.

Robert Colonna D’Istria

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content