Surplombant la mer Ionienne, au pied du mont Tauro, Taormina est la station balnéaire la plus réputée de Sicile. Devenue au fil des ans un lieu à la mode, cette petite cité médiévale a aussi su garder une fraîcheur et un naturel qui méritent le détour.

Beaucoup de gens connaissent Taormina sans même le savoir. L’une des premières scènes du  » Grand Bleu  » (1988), le film culte de Luc Besson, s’y déroule. Au sommet d’une falaise abrupte, le plongeur Jacques Maillol admire, à perte de vue, le bleu limpide de la Méditerranée. Placé au même endroit, le voyageur en quête de panoramas hors du commun ne peut qu’être ébloui par un tel paysage. L’écrivain Guy de Maupassant ne s’y est d’ailleurs pas trompé en résumant ses impressions d’une seule phrase :  » Si quelqu’un n’avait qu’un seul jour à passer en Sicile, et ne saurait où aller, je lui répondrais sans hésiter : Taormina « .

Venant de Messine et se dirigeant vers Syracuse, il serait donc bien dommage de ne pas grimper les trois kilomètres de côte qui mènent à Taormina. Construite sur une haute colline, face à la mer, cette petite cité noyée dans les fleurs possède l’un des plus beaux théâtres antiques d’Italie.

Tout au long de son histoire, Taormina a attiré les célébrités. Mais c’est au xixe siècle qu’elle connut son heure de gloire. A cette époque, cet endroit était le lieu de résidence préféré des aristocrates, des industriels et des banquiers. C’était aussi la destination favorite de nombreux artistes. La mode des bains de mer n’existant pas encore, des écrivains tels que Goethe, D.H. Lawrence et Oscar Wilde accouraient pour contempler le panorama grandiose du théâtre grec accroché à sa haute falaise et se détachant sur le bleu de la mer.

A l’époque victorienne, Taormina était aussi un lieu de permissivité prisé par ceux qui voulaient échapper aux pressions sociales de leur temps : les unions libres et l’homosexualité y étaient acceptées. L’Europe libertine s’y donnait alors rendez-vous, notamment sous l’influence du baron Von Gloeden, un Prussien qui adorait prendre en photos des bergers dénudés dans un décor romantique s’inspirant de l’Antiquité. Au début du xxe siècle, ses photos connurent un immense succès.

Promenade en ville

Surplombant la mer à plus de 200 mètres, Taormina domine la presqu’île où, vers le sud, s’étendait autrefois Naxos, la première colonie grecque de Sicile. Et si la ville fut ensuite soumise par Syracuse puis par Rome, son aménagement actuel date du Moyen Age.

Le c£ur de la cité s’étend le long du corso Umberto, bordé aujourd’hui de boutiques, de pâtisseries et de cafés réputés pour leur clientèle huppée. Fermé à ses deux extrémités par la porte de Messine (au nord) et la porte de Catane (au sud), le corso Umberto est fort heureusement interdit à la circulation. En son milieu, les églises de San Agostino et San Giuseppe donnent sur une vaste terrasse panoramique d’où l’on peut admirer d’un seul coup d’£il l’Etna et la Méditerranée.

Au fil d’agréables flâneries, Taormina dévoile ses secrets : de belles façades médiévales cachées dans d’étroites ruelles avec, de temps en temps, un point de vue sur le golfe mais aussi de discrètes piazzetta où il fait bon déguster, à l’abri du soleil, une simple tranche de pastèque ou une glace au lait d’amande. Au bout du corso, le palais des ducs de Santo Stefano datant du xiiie siècle distille un charme étrange. Cet édifice, influencé par des maçons arabes, fut la résidence des De Spuches, princes de Galati qui ont gouverné la ville et la région lorsque la Sicile était sous domination espagnole. Plus loin, la Piazza del Duomo abrite la cathédrale San Nicolò et le Palazzo Comunale, l’hôtel de ville. Une belle fontaine baroque en occupe le milieu.

En été, le corso Umberto devient le haut lieu d’un spectacle à ne manquer sous aucun prétexte : la passaggiata. Après avoir perfectionné leur bronzage sur les plages voisines, les Italiens se parent alors de leurs plus beaux atours pour débuter une parade qui se prolongera jusque tard dans la nuit. Lors de ce concours d’élégance, chacun est à la fois l’acteur et le spectateur d’un rituel frisant parfois le burlesque, où tous les moyens sont bons pour apparaître sous son plus beau jour.

Théâtre grec

Si Taormina n’a jamais joué dans l’histoire de la Sicile et du monde antique un rôle comparable à celui de Syracuse, cette petite ville peut cependant se vanter de posséder un théâtre qui l’emporte sur celui de sa glorieuse voisine. C’est l’un des plus beaux qui soit parvenu jusqu’à nous. Sa construction a sans doute commencé au iiie siècle avant Jésus-Christ. Creusé dans la roche comme une coquille tournée vers la mer, il est admirablement situé face à un paysage grandiose. Au iie siècle, les Romains vont lui adjoindre un mur de scène. Il s’écroula en partie et libéra de nouveau le panorama. Ce théâtre, qui peut aujourd’hui encore accueillir 5 400 spectateurs, bénéficie d’une acoustique exceptionnelle. De fin juillet à septembre s’y déroule un festival international de théâtre, de danse, de musique et de cinéma.

Une fois entré dans l’enceinte du théâtre et après avoir visité la scène – la seule qui soit parvenue jusqu’à nous en bon état de conservation – on gravit les gradins couverts d’herbe pour bien profiter du paysage. D’abord, l’£il s’attarde sur les ruines du théâtre où demeurent encore debout quelques fûts de marbre blanc coiffés de leurs chapiteaux.

Ensuite, à travers les colonnes de l’orchestre et par-dessus les murs, on découvre un panorama incomparable : le bleu azur de la Méditerranée à perte de vue, la rive semée de rochers énormes, bordée de sables dorés et peuplée de villages blancs. Par temps clair, l’£il se perd jusqu’au détroit de Messine et aux lointaines côtes de la Calabre. Enfin à droite, au-dessus de tout, emplissant la moitié du ciel, voici l’Etna majestueux avec son sommet couvert de neige. Les anciens en faisaient l’atelier de Vulcain. Le monstre est loin : peut-être à trente-cinq ou quarante kilomètres. On comprend alors combien il est énorme.

L’Etna est un élément fondamental de la nature et du paysage siciliens. Tour à tour craint et adulé, le plus grand volcan actif d’Europe est un mélange de neige et de feu, de végétation luxuriante et de rochers de lave noire. Au fil des siècles, sa silhouette s’est modifiée. En 1865, le sommet atteignait 3 313 mètres alors qu’il culmine aujourd’hui à 3 350 mètres. Si les éruptions du cratère central sont rares, celles des cheminées latérales sont fréquentes. Certains soirs, depuis les terrasses animées de Taormina, il n’est pas rare d’apercevoir au loin le rouge incandescent du magma en fusion d’où s’échappent des roches sans que le moindre grondement parvienne jusqu’au c£ur de la ville.

Taormina en pratique

n Renseignements.

Office national du tourisme italien (ENIT), 176, avenue Louise, à 1050 Bruxelles. Ouvert de 9 à 17 heures, du lundi au vendredi.

Tél. : 02 647 11 54.

E-mail : enit-info@infonie.be

A Taormina

Office du tourisme (AAST), Piazza Santa Caterina, dans le palazzo Corvaja. Ouvert de 8 à 14 heures et de 16 à 19 heures.

Tél. : + 39 0942 232 43.

E-mail : aast@taormina-ol.it

n Téléphoner.

Depuis la Belgique, composer : + 39 + n° (avec le 0 devant).

n Saison idéale.

La Sicile bénéficie, en moyenne, de 2 200 heures d’ensoleillement par an, soit plus de 6 heures par jour. Les mois propices pour découvrir Taormina sont avril et mai. Juin et octobre sont aussi des périodes très agréables contrairement à juillet et août où il fait beaucoup trop chaud et l’affluence touristique est la plus forte.

n Y aller.

Vol quotidien vers Catane avec Alitalia (via Rome ou Milan). Nouvelles Frontières propose des vols directs vers Catane, le lundi, le mercredi ou le vendredi (selon la saison).

L’aéroport Fontanarossa est situé à 5 kilomètres de Catane et 50 kilomètres de Taormina. Pour se rendre à Taormina, 5 bus directs par jour de la compagnie ETNA desservent l’aéroport. Compter une heure de trajet.

n Se loger.

Terra Rossa Club, 10, via Bongiovanni Pescatore. Appartements pouvant accueillir de 3 à 5 personnes. Grand jardin et belle piscine. Hôtel confortable, calme et accueillant hors du centre-ville. Début mai : chambre pour 3 personnes de 30 m2 à 556 euros pour une semaine.

Tél. : + 39 0942 245 36

Internet : www.sicilyhotels.com

Hôtel Villa Belvedere. Hôtel de charme aménagé avec beaucoup de goût dans une ancienne villa. Les chambres donnent presque toutes sur la mer avec balcon et grande terrasse. Piscine et magnifique jardin en contrebas. Selon la saison, chambre double de 118 à 212 euros.

Tél. : + 39 0942 625 830

Internet : www.villabelvedere.it

n Se restaurer.

Restaurant L’Orologio , via don Bosco. Tél. : + 39 0942 625 572. Fermé le jeudi hors saison. Cadre agréable avec un petit jardin calme, non loin du corso Umberto. Délicieux spaghetti vongole et risotto aux gamberi (crevettes fraîches). A partir de 30 euros.

Restaurant Al Duomo, piazza del Duomo. Tél. : + 39 0942 625 656.

Fermé le mercredi midi. Belle terrasse ombragée. Cuisine raffinée. Délicieux antipasti, spaghetti ai frutti di mare, moules à la tomate. Compter environ 35 euros à la carte.

Internet : www.ristorantealduomo.it

n A lire.

Guide Voir  » Sicile « , Hachette Tourisme, 240 pages ; Le guide du Routard  » Sicile « , 431 pages ;  » Sicile « , Guide Vert (n°576), Michelin, 400 pages.

Stéphane Disière

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