Un bel échantillon de la planète

 » échantillon « , le dernier ouvrage des éditions Phaidon, réunit une sélection des créateurs les plus pointus du moment. De Tokyo à New York en passant par Londres, Berlin et São Paulo, initiation à la mode d’avant-garde.

 » échantillon, 100 créateurs de mode, 10 spécialistes « , Phaidon, 2005.

Tout est parfaitement maîtrisé. La coupe : des pages blanches plissées aux rebords irréguliers. La couleur : un blanc immaculé tout à fait dans l’air du temps. Le détail de l’étiquette, où figure le titre original de l’ouvrage  » Sample « . Tout, jusqu’au nom de l’éditeur, Phaidon, apposé sur une sangle qui vient ceinturer l’ensemble. Devant une telle couverture, digne d’une pièce textile, on serait presque tenté d’enfiler des gants de velours. D’emblée, on se dit qu’on a affaire à un livre d’initiés pour fashion-addicts. Pourtant,  » échantillon  » n’est pas le énième ouvrage sur la mode, mais plutôt un livre à parti pris. Un catalogue d’auteurs en somme, où dix personnalités de la scène fashion (professeurs, costumiers, stylistes, commissaires d’exposition, écrivains, photographes, journalistes…), proposent leur sélection subjective et pointue, nourrie d’une iconographie époustouflante, des créateurs les plus intéressants du moment. L’occasion de laisser tomber ses classiques et de réviser plutôt ses contemporains.

Ils sont allés les chercher à Tokyo parmi les collections qui puisent soit dans le courant du nouveau minimalisme, soit dans l’esprit girlie ; à New York, sur la nouvelle scène mode ; à Londres, parmi la génération montante ; à Paris, en frange des grands couturiers, mais aussi à São Paulo où fleurit ces dernières années une belle palette de créateurs, et même jusqu’en Australie et en Nouvelle-Zélande. Bref, c’est à un vrai tour du monde que nous convient les spécialistes liés à un grand magazine de mode tels que Tim Blanks, Stephen Todd, Harriet Quick et Patricia Carta, les écrivains et enseignants Kyoichi Tsuzuki et Ulrich Lehmann et les créateurs Alexander McQueen, Walter Van Beirendonck, Brana Wolf et Arianne Phillips.

Avec Alexander McQueen, l’enfant terrible de la mode britannique, on découvre l’univers inspiré de Boudicca, on s’arrête sur les robes de vestale signées Sophia Kokosalaki, sur les créations impertinentes d’Eley Kishimoto ou encore sur les collections un brin punk rock de Preen. Le créateur anglais fait aussi une escale sur une autre île, Majorque, où il met en lumière les collections de Sebastián Pons qui mêlent tradition du folklore des Baléares et travail précis de la coupe.

A Londres, pointés par Harriet Quick, rédactrice en chef mode du Vogue britannique, on découvre l’univers graphique de Giles Deacon, le nouveau chouchou des podiums londoniens, mais aussi toute la génération montante, Alice Temperley, Emma Cook, House of Jazz et Jonathan Saunders.

Le créateur belge Walter Van Beirendonck nous convie, quant à lui, à un voyage au c£ur de la mode belge en nous présentant Bruno Pieters, Christian Wijnants et Frieda Degeyter, mais aussi néerlandaise (G+N et Bas Kosters) et suédoise (Patrick Söderstam), nous offrant au passage un bel exemple des extravagances propres à la créativité d’Europe du Nord. L’Anversois ne s’interdit pas non plus un petit détour par le Japon où il souligne le travail ludique de A Bathing Ape et le minimalisme déconstruit de Cosmic Wonder.

Avec Patricia Carta (Vogue Brésil), on découvre les nouveaux noms de la scène mode de São Paulo, telle Isabela Capeto, que l’on avait déjà vue en avant-première chez Colette à Paris, mais aussi Simone Nunes, Karlla Girotto et Emilienne Galende. Le vent de la mode souffle aussi en Argentine où des créateurs comme Pablo Ramirez ou Jessica Trosman sont des noms avec lesquels il faut désormais compter.

L’auteur japonais Kyoichi Tsuzuki nous dévoile toute l’avant-garde de son pays, depuis les silhouettes super kawai de Baby. The Stars Shine Bright jusqu’aux créations de Fötus tout droit sorties du film  » 2046  » de Wong-Kar-Wai, en passant par les nouveaux noms tels Dress Camp, Final Home ou Mutiple Marmelade.

Enseignant l’histoire de la mode à Londres, l’Allemand Urlich Lehmann épingle la création berlinoise, notamment Bless et Kostas Murkudis, mais aussi viennoise avec le duo Wendy et Jim.

La styliste américaine Brana Wolf va dénicher, quant à elle, les talents les plus pointus de la scène new-yorkaise comme Lutz&Patmos, Dean Harris, Miguel Adrover ou encore Proenza Shouler, mais se permet aussi un coup de c£ur plus attendu : Alber Elbaz pour Lanvin.

Sur la côte ouest, c’est Arianne Phillips qui recense les nouveaux créateurs made in Los Angeles : Grey Ant, Jasmin Shokrian et Louis Verdad. Ce qui n’empêche pas la styliste californienne de montrer un penchant pour l’univers romantique d’Olivier Theykens chez Rochas.

La France est enfin représentée par le journaliste Stephen Todd qui a sélectionné la très talentueuse Anne Valerie Hash dont les collections, présentées pendant la semaine de la Haute couture à Paris, sont féminissimes, mais aussi le Belge Haider Ackermann qui s’est fait remarquer pour sa subtile sensualité et son minimalisme parfaitement maîtrisé lors de la semaine de la mode à Paris en octobre dernier. Pour aller un peu plus loin dans notre exploration de la planète mode, l’ouvrage est assorti, en annexe, de cartes de visite de chaque créateur. A retenir sur le bout des doigts si l’on veut faire partie des happy few.

Agnès Trémoulet

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